Sonnets (Fuster)/La Neige

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Librairie Nouvelle ; Librairie Universelle (Anthologie Contemporaine. vol. 38) (p. 4).


LA NEIGE



La neige tombe, errant sur les plaines glacées,
Couvrant les bois séchés de son doux linceul blanc,
Arrêtant les ruisseaux qui pleurent, et voilant
Les arbres abattus et les feuilles froissées.

Dans ce cœur, qui souffrait des souffrances passées
Et qui croyait mourir de son mal sûr et lent,
L’oubli tombe déjà, paisible, consolant,
Et fait taire l’angoisse atroce des pensées.

Pauvre arbre déjà froid, pauvre arbre morne et seul,
La neige t’a couvert de ton dernier linceul,
Cachant tes rameaux morts et ta tête courbée.

Triste cœur que l’amour froissait, voici l’oubli :
Sur tout ce qui resta d’un rêve enseveli
La neige indifférente et muette est tombée.