CHAPITRE V
THÉORIE DE LA RÉFLEXION. — RÉFLEXION VITREUSE
51. Pour étudier le cas où les rayons interférents font un
angle de degrés, il nous faut dire d’abord quelques mots
sur la théorie de la réflexion et de la réfraction dans l’hypothèse
de Maxwell :
Reprenons les équations de Maxwell sous la forme que leur
a donnée Hertz.
(I)
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(II)
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Supposons que nous ayons deux milieux, possédant des
pouvoirs inducteurs spécifiques différents et séparés par
une surface, que nous supposerons réduite au plan des
Comme il est très peu probable que le passage d’un milieu
à l’autre se fasse brusquement et qu’ils soient séparés par une
surface purement géométrique, nous admettrons qu’il existe
une couche de passage où varie très rapidement, mais cependant
d’une manière continue.
52. Toutes les quantités — seront finies
ainsi que leurs dérivées prises par rapport à et mais
nous ne pouvons dire qu’il en est de même de leurs dérivées
par rapport à Voyons, par exemple, ce qui arrive
pour Puisque varie très rapidement dans la couche de
passage, il faut que prenne des valeurs très grandes, du
même ordre de grandeur que l’inverse de l’épaisseur de cette
couche de passage. Ces dérivées par rapport à peuvent donc
devenir infinies.
53. Différencions les équations (II) respectivement par rapport
à et ajoutons-les, il vient :
Nous avons le droit de supposer qu’à l’origine du temps
Alors l’équation ci-dessus se traduit par
(1)
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En opérant de même sur le système (I) nous trouvons :
et en supposant qu’à l’origine du temps :
ceci entraîne :
(2)
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54. Considérons maintenant la première équation du
système (I) ; et
sont des quantités finies ; il ne pourrait
y avoir doute que pour Mais d’après l’équation elle-même,
doit être nécessairement fini, puisqu’il est égal à
Par conséquent est continu dans la couche de passage.
La deuxième équation nous montre que est aussi continu
et enfin l’équation (1) que est continu. Nous démontrons
ainsi que les trois composantes de la force magnétique sont
continues.
La première des équations (II) montre que est fini et par
suite que est continu, la seconde que est fini et
continu, donc les composantes tangentielles de la force électrique
sont continues.
Mais nous ne pouvons en dire autant de la composante
normale Car l’équation (2), dans laquelle les deux termes
du premier membre sont finis nous apprend seulement que
est fini, soit que est continu. Mais puisque
est discontinu, l’est aussi.
55. Réflexion d’une onde plane. — Ces préliminaires
posés, considérons une onde plane qui se réfléchisse et se
réfracte sur le plan des et supposons que le plan d’incidence
soit celui des Deux cas peuvent se présenter :
1o La force électrique est perpendiculaire au plan d’incidence ;
2o La force magnétique est perpendiculaire au plan d’incidence,
la force électrique étant parallèle à ce plan.
56. Premier cas. — La force électrique est parallèle à
donc :
pour le rayon incident.
Le plan de l’onde réfléchie est aussi perpendiculaire au
plan d’incidence et doit faire le même angle avec la normale,
mais du côté opposé. On aura pour le rayon réfléchi
est le plan de l’onde réfléchie.
Enfin pour le rayon réfracté :
Nous avons vu que devait être continu ; d’ailleurs par conséquent
se réduit à qui doit être
continu. De même se réduit à qui doit être aussi
continu. Enfin
Désignons par la valeur de dans le premier milieu,
prise sur la surface de séparation, par cette valeur dans
le second milieu.
Puisque est continu, tout le long de la surface
de séparation. On peut donc différencier par rapport
à et à et écrire
et puisque doit être continu,
Égalons les valeurs de pour de chaque côté du
plan de séparation, il vient :
soit pour en supprimant le facteur commun
Comme cette relation doit avoir lieu identiquement, quel que
soit il faut que :
De même en égalant les valeurs de pour et
supprimant le facteur exponentiel, commun aux deux membres,
il vient :
Introduisons l’angle d’incidence ou l’angle que fait le plan
de l’onde incidente avec le plan des (la surface de séparation).
Le plan de l’onde incidente a pour équation :
Les cosinus directeurs de la normale sont :
Par conséquent :
Pour l’onde réfractée, il suffit de changer en et en
désignant par l’angle de réfraction que fait le plan de l’onde
incidente avec le plan de l’onde réfractée.
D'où :
57. 2o Supposons maintenant que la force magnétique
soit perpendiculaire au plan d’incidence, et la force électrique
située dans ce plan.
Dans ces conditions on a :
Pour l’onde incidente :
Pour l’onde réfléchie :
Et pour l’onde réfractée :
en posant :
Par conséquent, dans le premier milieu :
et dans le second :
doit être continu ; de même
Donc pour deux points infiniment voisins l’un de l’autre,
mais situés de part et d’autre de la surface de séparation, doit avoir même valeur, et il en est de même de
Comme
et qu’ici :
il faut que :
soit continu.
Soit le pouvoir inducteur spécifique du premier milieu,
celui du second ; on sait que :
Dans le premier milieu :
Dans le second :
Sur la surface de séparation et
En écrivant que a la même valeur dans les deux milieux
pour et supprimant l’exponentielle qui est facteur
commun, nous obtenons la condition
En écrivant de même que est continu, il vient :
De ces deux relations, nous déduirons :
En effet : des deux égalités
il résulte
Lorsque devient infini et
devient nul.
Le rayon réfracté est alors perpendiculaire au rayon réfléchi ;
la valeur correspondante de l’angle d’incidence s’appelle
angle de polarisation complète ou angle de Brewster.
58. Réflexion totale. — Si le deuxième milieu est plus
réfringent ou bien s’il est moins réfringent que le premier,
mais que l’angle de réflexion totale ne soit pas atteint, est
réel ; est aussi réel, et la différence de phase entre la
vibration incidente et la vibration réfléchie est égale à ou à
Si l’angle limite est dépassé, devient une imaginaire
pure ; et sont imaginaires conjugués, leur rapport
a un module égal à l’unité.
La lumière réfléchie a même intensité que la lumière incidente ;
seulement, comme le rapport est imaginaire, il y a
une différence de phase entre les deux vibrations.
Cette différence n’a pas la même valeur suivant que la
force électrique est perpendiculaire ou parallèle au plan
d’incidence. Aussi, quand le plan de polarisation n’est pas perpendiculaire
au plan d’incidence, le rayon réfléchi est polarisé
elliptiquement.
L’onde réfractée devient imaginaire. En posant
on a :
et pour cette onde réfractée
soit, en supposant
réel,
Comme est en général très grand, le facteur devient
très petit dès qu’on s’écarte un peu de la surface ; aussi
n’observe-t-on pas de lumière réfractée dans ces conditions.
59. Vérifications expérimentales. — Nous sommes
arrivés à cette conclusion que :
1o Quand la force électrique est perpendiculaire au plan
d’incidence, le rapport de l’intensité de la lumière réfléchie à
l’intensité de la lumière incidente est égal à
2o Quand la force électrique est située dans le plan d’incidence,
ce rapport est égal à
Ces conclusions sont susceptibles de deux genres de vérifications :
les unes empruntées à l’observation des phénomènes
optiques, les autres à l’observation des oscillations
hertziennes.
Si nos conclusions sont exactes, les valeurs de l’intensité
de la lumière réfléchie trouvées par l’expérience doivent
coïncider avec les valeurs déduites de l’une ou de l’autre des
formules ci-dessus, suivant que la lumière incidente est
polarisée perpendiculairement ou parallèlement au plan
d’incidence : c’est ce qui a lieu.
60. L’expérience prouve que le rapport de la lumière réfléchie
à la lumière incidente est égal à
si la lumière est polarisée dans le plan d’incidence ; et à
si le plan de polarisation est perpendiculaire au plan d’incidence.
Il en résulte que la force électrique doit être perpendiculaire
au plan de polarisation.
Mais, si nous ne possédions que cette vérification, la valeur
de cette conclusion serait subordonnée à celle des hypothèses
que nous avons faites.
61. L’étude des oscillations hertziennes fournit une confirmation
plus rigoureuse. — Dans ces oscillations on connaît
a priori la direction des vibrations magnétiques. On peut
donc réaliser les expériences dans des conditions déterminées :
produire la réflexion des ondes sur la surface d’un diélectrique,
en plaçant la force électrique d’abord perpendiculaire,
puis parallèle au plan d’incidence, et faire varier l’incidence.
Dans le second cas, on doit observer une certaine valeur de
l’incidence pour laquelle il n’y aura plus réflexion, ce qui ne
doit pas arriver dans le premier cas.
62. Les expériences faites sur un mur de mètre d’épaisseur
et sur un bloc de soufre ont réussi mieux même qu’on
n’aurait pu s’y attendre. Il semble à première vue qu’il aurait
dû se produire une réflexion sur la seconde face du mur : ce
mur de mètre est en effet une lame mince vis-à-vis des
oscillations électriques, puisque son épaisseur n’est que de
quelques longueurs d’onde.
Mais il est facile de voir que, si un rayon tombe sur la première
face de la lame, de façon à ce qu’il n’y ait pas réflexion,
il ne s’en produira pas davantage sur la seconde face.
Il suffit en effet de faire la figure, et on s’aperçoit immédiatement
que le rayon réfléchi sur la seconde face serait aussi perpendiculaire au rayon réfracté correspondant, et que par suite la réflexion n’a pas lieu (fig. 7).
63. Cette extinction du rayon réfléchi est très nette : mais
Fig. 7.
la vérification des formules
de rapport est moins
satisfaisante. Il semble
qu’il devrait y avoir des
minima pour certaines
épaisseurs de la lame
mince ; on n’a rien observé
de tel : probablement
à cause de l’amortissement
considérable que présentaient les excitateurs et les résonateurs,
d’où il résultait une perte d’intensité qui ne permettait
plus aux ondes d’interférer complètement.
64. Application aux expériences de Wiener. — Revenons
maintenant aux expériences de Wiener, dans lesquelles le
rayon incident et le rayon réfléchi sont normaux au miroir.
Comme le plan d’incidence est indéterminé, nous pouvons le
supposer perpendiculaire à la force électrique et appliquer
notre première formule. Comme les angles tendent vers nous
substituerons leur rapport à celui de leurs sinus :
Donc en supposant est négatif.
Pour la force magnétique :
En remplaçant le rapport des tangentes par celui des arcs,
est positif.
Par conséquent, la force électrique a dans le rayon réfléchi
le sens contraire à celui qu’elle a dans le rayon incident. La
force magnétique a le même sens dans les deux.
Les deux rayons interfèrent, et la photographie indique un
minimum sur la surface même de réflexion. Or les deux forces
électriques incidente et réfléchie se retranchent, puisqu’elles
sont de sens contraire ; tandis que les deux forces magnétiques
sont de même sens et s’ajoutent.
L’intensité photographique est donc minimum en même
temps que la force électrique. Par conséquent, elle dépend,
non de la force magnétique, mais de la force électrique, non
de l’énergie électro-magnétique, mais de l’énergie électrostatique.
65. Si nous adoptons la théorie de Fresnel, l’intensité est
mesurée par l’énergie cinétique moyenne ; si nous adoptons
l’hypothèse de Neumann, l’intensité est mesurée par l’énergie
potentielle moyenne.
Nous avons vu en effet au no 17 que dans l’hypothèse de
Fresnel l’énergie électrostatique est proportionnelle à l’énergie
cinétique, et dans l’hypothèse de Neumann à l’énergie potentielle.
Ces deuxièmes expériences de Wiener confirment donc
pleinement les premières, sans d’ailleurs rien leur ajouter.
66. Anneaux colorés. — Considérons une lame mince comprise
entre deux plans parallèles. Un rayon tombe sur la
première surface, il se divise en un rayon réfléchi et un rayon
réfracté.
Ce rayon réfracté arrive à la seconde surface, subit une division
analogue, et ainsi de suite. Dans chacun des deux milieux
on a une série de rayons parallèles ; dans le milieu supérieur
ils proviennent d’un nombre impair de réflexions et de deux
réfractions ; dans le milieu inférieur, ils proviennent d’un nombre
pair de réflexions et de deux réfractions (fig. 8).
Fig. 8.
Généralement on calcule l’intensité de ces rayons et leur
différence de phase, puis on les compose en profitant de ce
qu’ils forment une progression géométrique.
Il est plus court de procéder de la manière suivante :
Supposons que la lumière soit polarisée dans le plan d’incidence,
et que la force électrique soit perpendiculaire à ce plan.
Nous aurons dans le premier milieu :
Le terme se rapporte au rayon incident, le second
à l’ensemble des rayons réfléchis
Dans la lame mince
Le premier terme se rapporte au rayon non réfléchi et
à ceux qui lui sont parallèles.
Le second, au rayon une fois réfléchi dans la lame et
à ceux qui lui sont parallèles.
Enfin dans le troisième milieu
pour l’ensemble des rayons qui ont traverse la lame.
Dans chacun des milieux, on a respectivement
1er milieu
|
|
2e »
|
|
3e »
|
|
et doivent être continus sur les deux surfaces.
Or sur la première surface
et
En supprimant l’exponentielle en facteur, il vient
(1)
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|
(2)
|
|
|
Sur la seconde surface
Si est l’épaisseur de la lame, il faut faire dans ces
relations, et il vient, après simplification
(3)
|
|
|
(4)
|
.
|
|
Les équations (1), (2), (3), (4) permettent de calculer
lorsqu’on connaît
L’intensité de la lumière réfléchie est proportionnelle au
carré du module de la phase est égale à l’argument de
Dans les cas où la lumière serait polarisée perpendiculairement
au plan d’incidence, il faudrait remplacer dans les
formules par et par
67. Supposons que le milieu intermédiaire soit moins
réfringent que les deux autres, et que l’angle limite soit
dépassé. Alors est une imaginaire pure et est réel.
Si la lame est suffisamment mince, ne sera pas nul,
aura un module différent de
et le rayon réfracté pourra devenir observable.
68. Pour réaliser ces conditions, on accole par leurs bases deux prismes à réflexion totale de manière à laisser entre eux
une lame d’air très mince (fig. 9). La lumière réfléchie n’a
plus une intensité égale à celle de la lumière incidente, et on
Fig. 9.
observe des anneaux.
Ces anneaux n’ont pas
de colorations aussi vives
que les anneaux ordinaires,
dans lesquels certaines
couleurs sont complètement
détruites par
interférence. Cela ne peut pas arriver dans le cas de la réflexion totale.
Supposons en effet que dans l’expérience soit nul. Les
relations deviennent
d’où :
et enfin :
ce qui exigerait :
Ceci ne peut avoir lieu que si est réel et égal à
69. Réflexion métallique. — L’expérience montre que
les métaux exercent sur les courants alternatifs une action
réfléchissante de caractère variable avec la durée des alternances.
S’il s’agit de courants alternatifs à période très longue
à de seconde
les divers métaux se comportent
de façons fort différentes et leur conductibilité spécifique
joue un grand rôle dans le phénomène de la réflexion. Il en
est de même pour les oscillations extrêmement rapides
comme les vibrations lumineuses, dont la période est voisine
de , ou seconde.
Au contraire, pour des oscillations ayant une durée de
période intermédiaire, comme c’est le cas des oscillations
hertziennes ( à seconde), tous les métaux
se comportent de la même manière, comme s’ils étaient tous
des conducteurs parfaits.
70. Comment rendre compte de ces particularités par la
théorie ?
Voici comment Maxwell et Hertz se représentent la manière
dont l’électricité se comporte dans les métaux.
Conservons les équations qui ont trait aux diélectriques.
est le courant total résultant du courant de déplacement et du courant de conduction :
étant les composantes du déplacement, la
conductibilité,
les composantes de la force électrique.
Nous poserons en outre :
sera le pouvoir inducteur spécifique du métal, par
définition. Cette quantité peut être nulle, et en tout cas elle serait
très difficile à mesurer ; mais, pour plus de généralité, nous
l’introduirons dans le calcul. Les formules deviennent alors :
et deux autres obtenues par symétrie. Ces équations sont de
la même forme que les équations
relatives aux diélectriques. Seulement elles renferment en
plus un terme dépendant de
71. Supposons qu’une onde incidente tombe sur le métal.
seront de la forme :
Or, nous avons vu que nous pouvions effectuer tous les calculs sur l’expression complète, et à la fin prendre seulement
les parties réelles : nous profiterons encore ici de cette simplification.
Il vient alors
ou :
Remplaçons par cette valeur :
Sous cette forme, nous retrouvons l’équation relative aux
diélectriques à cela près que le coefficient réel de cette dernière
est remplacé par un coefficient imaginaire
Nous n’avons donc qu’à reprendre tous les calculs faits dans le
cas de la réflexion vitreuse.
devront être continus ainsi que leurs dérivés
par rapport à mais sera discontinu.
Pour l’onde incidente
Pour l’onde réfléchie
désignant l’angle d’incidence, le pouvoir inducteur
spécifique du milieu supérieur. On devra avoir :
et
d’après les équations du mouvement.
Dans le métal
Par analogie avec ce que nous avons fait dans le cas de la
réflexion vitreuse, nous poserons :
Mais dans le cas actuel l’angle est imaginaire puisque
est imaginaire. Nous aurons aussi
Et si nous posons
72. Il résulte de la présence du facteur exponentiel
où est très grand, que devient très petit dès que atteint
une valeur un peu notable. Il n’y aura donc plus de lumière
sensible à une distance très faible du plan de séparation.
Le pouvoir inducteur des diélectriques est proportionnel au
carré de leur indice de réfraction : nous conviendrons de dire par analogie que le rapport
représente le carré de l’indice de réfraction du métal
indice qui est forcement imaginaire. Alors
Le reste du calcul s’achève comme pour la réflexion
vitreuse.
73. Supposons d’abord que la force électrique soit perpendiculaire
au plan d’incidence, c’est-à-dire que le plan de polarisation
coïncide avec le plan d’incidence
Puisque est imaginaire, le rapport l’est aussi.
Le carré du module de ce rapport donne le pouvoir réflecteur du métal.
Son argument donne la perte de phase.
Si la force magnétique est perpendiculaire au plan d’incidence,
c’est-à-dire si le plan de polarisation est perpendiculaire
au plan d’incidence, on trouvera
Le rapport est encore imaginaire : le carré de son module et son argument ont la même signification physique que précédemment.
74. Ces formules ont été vérifiées par l’expérience d’une
façon assez satisfaisante.
Cette vérification suppose, bien entendu, que pour chaque
rayon homogène de couleur déterminée on donne aux constantes
et des valeurs convenables qu’il faut changer
quand la couleur change.
La manière dont nous venons de présenter les phénomènes
de la réflexion métallique influe seulement sur la réflexion
des vibrations très lente ou très rapide, mais reste indifférente
quand il s’agit des oscillations hertziennes, dont la durée
est intermédiaire.
C’est de cette circonstance que nous allons essayer de
rendre compte maintenant.
75. Nous avons trouvé que la force électrique en un
point du métal était proportionnelle à un certain facteur
exponentiel étant en général très grand, la
vibration ne pénètre qu’à une profondeur très faible dans le
métal ; cette profondeur est du même ordre de grandeur que
d’autant plus petit par conséquent que est plus grand.
Divisons membre à membre les deux relations
et
nous obtenons
La partie réelle du second membre est en général finie.
En ce qui concerne la partie imaginaire :
CGS
[1]
(pour le cuivre)
Le coefficient de est donc voisin de :
pour les oscillations les plus rapides ; pour des oscillations
plus lentes, cette valeur serait plus grande.
Le coefficient a donc toujours une valeur très grande, il
faut donc que et aient tous les deux une très grande
valeur par rapport à et à D’autre part, puisque la partie
réelle est finie, il faut que soit du même ordre que
sera très voisin de et on pourra prendre approximativement :
ou :
en remarquant que est donc proportionnel à et par conséquent la profondeur à laquelle pénètre
la vibration, qui est inversement proportionnelle à est
proportionnelle à comme est en raison inverse de la
longueur d’onde, la profondeur limite est en définitive proportionnelle
à la racine carrée de la longueur d’onde.
Pour les oscillations très lentes, le courant pénètre à une
profondeur finie, comparable aux dimensions du conducteur.
La conductibilité du métal aura une influence.
Pour les oscillations hertziennes, la profondeur est très
petite en valeur absolue, et très petite par rapport à la longueur
d’onde : la nature du métal n’intervient plus.
Pour les oscillations très rapides, la profondeur devient
comparable à la longueur d’onde, et la nature du métal
reprend une influence.
76. Cette théorie due à M. Brillouin (Bulletin des Sciences mathématiques,
1891) n’est pas suffisante pour rendre complètement
compte des faits.
En effet, les expériences faites sur les métaux peuvent donner
les valeurs de et de Pour les rayons violets tombant
sur l’argent, on a trouvé ;
Puisque nous avons pour l’argent (et d’ailleurs pour la
plupart des métaux), doit être négatif : c’est là une très
grande difficulté.
est déterminé par l’équation
Les quantités du second membre sont connues expérimentalement.
Pour les rayons violets et l’argent par exemple :
Ou environ Cette valeur est environ
trois cents fois plus faible que celle donnée par les mesures
ordinaires de résistance, qui est voisine de
Les formules que nous avons adoptées ne représentent
donc pas les faits. À la vérité, nous le savions déjà puisque
dans le cas même des diélectriques transparents, si la formule
était exacte, il n’y aurait pas de dispersion. De plus, la valeur
de mesurée électrostatiquement diffère souvent beaucoup
du carré de l’indice de réfraction optique. Est-ce là encore
un résultat de la dispersion ? Bien des personnes inclinent
aujourd’hui à le penser ; en tout cas, il serait curieux de vérifier
si, pour les corps qui présentent le plus grand écart, le
terme de Briot est plus grand que pour les autres.
Mais, si nos formules sont incomplètes, comment se fait-il
qu’elles rendent compte des lois de la réflexion quand on se
borne à une lumière homogène et à la condition de changer
les constantes quand on passe à une lumière homogène de
couleur différente ?
Il est aisé de s’en rendre compte. Supposons qu’au lieu des formules :
ou
nous ayons adopté les suivantes
En remarquant que
nous aurions pu écrire :
avec
Nous retomberions alors sur nos formules primitives avec
cette différence que le coefficient de dépendrait de
De même dans le cas de la réflexion métallique nous aurions
pu adopter les formules :
d’où nous aurions déduit :
équation de même forme, mais avec des coefficients imaginaires.
Les calculs seraient les mêmes qu’avec les formules primitives,
car, si l’on opère sur une lumière homogène, est une
constante donnée, et le coefficient de est constant.
Il est probable toutefois que la théorie définitive de la
dispersion est notablement plus compliquée.
77. Cas particulier. Oscillations hertziennes. — Dans
le cas particulier des oscillations hertziennes le terme
est très grand, il est égal approximativement à :
En admettant que sera donc très
grand en valeur absolue, et comme
sera très petit en valeur absolue.
78. Supposons la force électrique perpendiculaire au plan
d’incidence.
est sensiblement nul ; alors
La force électrique réfléchie a même amplitude que la force
électrique incidente ; mais elles ont une différence de phase
d’une demi-période ; sur le plan de réflexion elles sont égales
et de signes contraires : leur résultante est nulle.
79. Supposons la force magnétique perpendiculaire au
plan d’incidence.
La force magnétique incidente et la force magnétique réfléchie
ont même amplitude et même phase ; sur le plan de
réflexion elles s’ajoutent.
Fig. 10.
Les forces électriques réfléchie et incidente ont aussi même
amplitude et même phase, puisque dans le cas d’une onde
plane la force électrique est proportionnelle à la racine carrée
de l’intensité et, par conséquent, à la force magnétique, et
qu’il y a entre ces deux forces une différence de phase d’un
quart de période. Mais les forces électriques n’ont pas la
même direction : elles font des angles égaux avec la normale
au plan de réflexion (fig. 10).
Si nous les projetons sur cette normale, les projections
s’ajouteront, mais leurs projections sur le plan de réflexion se
détruisent. Par conséquent la composante tangentielle de la
force électrique est nulle, et cette force est normale au plan.
À la surface d’un conducteur la force électrique est donc
normale, comme cela aurait lieu pour un conducteur parfait.