Une leçon de morale/I/Horloge des subtiles noces

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HORLOGE DES SUBTILES NOCES

Au mal :

Pourquoi faut-il que toujours je m’endorme
Pourquoi faut-il que la nuit me dévore

Je ne sais pas me passer d’auréole
Réel je souffre d’être sans couronne

Mais quand je dors de molles cloches sonnent
Mon indolence est pendue à leur corde

Je rêve au sein de ma jeunesse morte.



Alors le temps enfante un nouvel ordre
Ordre d’automne au feuillage difforme

Je nais je meurs j’ouvre et ferme la porte
Je suis au cœur de ce qui meurt d’éclore

Je ne sais pas repartir d’où j’aborde
Ni rien prévoir de mon avenir morne

J’orne mes draps d’une grimace atroce.

Au bien :

Sur le ciel fin des nuages énormes
Rompaient le cours des rêves monotones

Et quand l’orage au feu faisait les cornes
Je respirais sombre je prenais forme

Je figurais la terre que j’adore
J’étais semblable à tout ce que je nomme

Je fortifiais la terre qui pardonne.



Mille chansons de raisins et de pommes
Donnaient leur fruit à toutes les paroles

Mille voyages d’animaux et d’hommes
Cherchaient le jour sur la terre sans bornes

La nuit baisait les lèvres de l’aurore
Les fleurs s’ouvraient sous la lumière folle

Je rayonnais j’étais faiblesse et force.