Une leçon de morale/I/Volonté d’y voir clair

La bibliothèque libre.

VOLONTÉ D’Y VOIR CLAIR

Au mal :

Mon discours est obscur parce que je suis seul
Il fait jour
Terriblement
Peut-être pour toujours

Pourtant la porte se referme
Sur un rêve de clarté
Sur le soleil et sur l’herbe
Sur un visage heureux d’être compris
D’être accepté

Pourtant la porte se referme
Sur le bonheur que j’ai voulu que j’ai créé
Et je parle de nuit malgré le jour bruyant
J’oublie le jour rêvé je me couvre de terre

Mon nom est rien
Et tu as pris mon nom en t’unissant à moi
Nuit je parle de mort je ne crois qu’à la terre
Oui tout existera le pire et le meilleur

Mais je n’aurai pas été là.

Au bien :

La totalité du jour pèse dans la vallée
Comme l’éclat de trop de fruits dans une corbeille

Flamme pour flamme jour pour jour
Ici l’on se pense en lumière
Et le ciel sur la terre
C’est la volonté d’y voir clair

Nous ne perdons pas un brin d’herbe de l’espoir
Nous refusons d’être sans rêves tout l’hiver

Pour nous le soleil brille
Nous croyons au printemps il n’est jamais si loin
Que nous ne puissions pas l’atteindre d’un coup d’œil
Il n’y a pas d’aveugles

Rives d’amour pour nous sont rives de justice
Et l’objet de nos mains

Notre rivière à son chemin
Elle est le cœur la gorge et la langue et la voix
Elle va de l’avant sans cesse portant sens
Portant notre désir de lendemains immenses

Par le corps amoureux du bonheur immédiat.