Une vieille maîtresse/Partie 2/7

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Alphonse Lemerre (tome 2p. 108-122).


VII

LE CRIARD


Monsieur et madame de Marigny remontèrent lentement la côte escarpée. L’impression qu’ils venaient de recevoir de cette vue rapide, mais distincte, leur ferma la bouche pendant quelque temps. Par une délicatesse facile à comprendre, ils ne s’étaient jamais entretenus de la comtesse de Mendoze, mais jamais, non plus, depuis leur mariage, ils n’avaient eu une occasion extérieure d’en parler. C’était la première fois que cette occasion se présentait à eux de manière à ne pouvoir pas, sans affectation, l’éviter.

— « M. de Prosny avait raison, — dit Hermangarde ; — il avait mandé à madame d’Artelles que madame de Mendoze était à son château de la Haie d’Hectot. »

Elle dit cela, simplement pour ne pas se taire ; car se taire, après cette rencontre, eût été plus que de parler. Elle ne voulait point faire croire à son mari qu’elle devinait ses pensées secrètes et qu’elle pouvait en souffrir. Elle craignait d’ajouter, par une réflexion sur l’état affreux de l’agonisante comtesse, à l’espèce de remords qu’elle soupçonnait à Ryno. Elle l’aimait assez et elle était assez bonne pour les partager, ses remords, elle qui n’était pas coupable et qui entendait crier dans son cœur : « Voilà pourtant avec quoi le bonheur dont tu jouis a été fait ! »

Ryno ne répondit pas. Il ne pensait pas à madame de Mendoze. Il pensait à l’autre… à Vellini. Comment se trouvait-elle dans le coupé de la comtesse ? Pourquoi cette femme, quittée volontairement et de son plein gré à elle-même, venait-elle se placer à quelques pas de lui dans la vie ? Dans quel dessein et dans quel but ? Marié, il avait prouvé, par le plus dur silence, qu’il ne l’aimait plus et qu’il n’aimait réellement qu’Hermangarde ; mais alors, pour quoi ce coup de lancette au cœur, quand il avait vu auprès de madame de Mendoze la tête si connue, — laide, obscure et indifférente !

— « Quelle femme était donc avec madame de Mendoze ? — reprit Hermangarde, essayant de distraire l’attention de son mari du spectacle douloureux qu’elle croyait resté dans son esprit. — Nous nous connaissons toutes, à peu près, au faubourg Saint-Germain, mais je n’y connais pas cette figure-là.

— C’est peut-être une femme des châteaux voisins, — dit Marigny, insincère avec Hermangarde pour la première fois de sa vie.

— Elle a l’air étranger, — fit la jeune femme. — La comtesse a été élevée en Italie. Ce sera peut-être une de ses amies d’enfance qui sera venue la voir et la soigner. »

La conversation tomba encore. Le froid qui venait à cause du soir, et aussi à cause de la brise, plus vive à mesure qu’ils se rapprochaient de la mer, leur fit hâter le pas de leurs chevaux. Ces beaux amoureux, qui galopaient, il n’y avait qu’un instant, le cœur léger, les mains nouées, le sourire aux lèvres, dans les landes de la Haie d’Hectot, trottaient maintenant sombres, dans les chemins pierreux, cinglant le cou de leurs montures avec ces mouvements de la main qui trahissent plus l’agitation intérieure que l’impatience d’arriver. Le jour s’évaporait peu à peu dans les airs. Ce fut à la nuit close qu’ils descendirent la rue mal pavée de Barneville. On commençait d’allumer dans les maisons les lampes fumeuses, dont la lueur passait à travers les fenêtres à petits carreaux. Hermangarde souffrait évidemment du silence prolongé de son mari. La vue de madame de Mendoze, pensait-elle, lui avait rappelé trop vivement un passé détruit ; mais est-ce que les remords seraient des regrets ?… La jalousie commençait donc de lui appuyer sur le cœur sa griffe cruelle, comme si elle eût tâté la place où bientôt elle l’enfoncerait. Marigny ne se doutait guères des douleurs qu’il infligeait déjà à cette belle enfant, qui lui avait donné son cœur et sa vie. Il l’aimait avec une passion si sincère que c’était surtout à cause d’elle qu’il repoussait dans sa pensée l’obsédante vision de Vellini. Comme tous les hommes qui secouent une image jetée, comme un joug, sur leur souvenir, il éprouvait la soif du mouvement physique, de ce mouvement stérile qui remue pour rien nos angoisses dans nos poitrines et ne nous lance pas l’âme dont nous souffrons hors du sein ! Au sortir de Barneville, il donna de l’éperon à son cheval, comme s’il avait été seul, ne se rendant pas bien compte de ce qu’il faisait, et il se précipita sur les grèves avec une impétuosité folle. Hermangarde le suivit de la même vitesse. Intrépide, aimant l’émotion du danger et la palpitation qu’il engendre, elle aurait, quelques heures plus tôt, joui de cette course furieuse, imprudente, à perte de vue et d’haleine. Mais alors, elle en souffrit comme de ses pensées. Cette course lui paraissait sinistre. Ryno, qui la devançait, avait l’air de la fuir. Elle le suivait et ses larmes coulaient. La ventilation de la course et l’air salin du rivage les séchaient sur son visage bouleversé. Lui, ne les voyait pas ; il galopait toujours… « Qu’as-tu, Ryno ! Pourquoi vas-tu si vite ?… » Elle le lui cria plus d’une fois. Mais il n’entendit point. Le vent qui leur fouettait la face et qu’ils fendaient de leurs deux têtes, comme les têtes des nageurs coupent l’eau, emportait en arrière le cri déchiré d’Hermangarde. Sa voix lui revenait sans puissance. Son amour allait-il lui revenir aussi ? Ils passèrent le bras de mer qui coulait à l’entrée de Carteret, sous le pont de planches. La mer était montée, l’eau profonde. Les chevaux lancés en eurent jusqu’au poitrail. L’ondoyante amazone, — qui traînait, enflée par la course, comme l’aile d’un cygne noir, — les pieds chaussés de daim, ces pieds de Diane chasseresse, mais délicats comme des pieds de Parisienne, les genoux d’Hermangarde, trempèrent dans cette eau, froide et meurtrière comme l’acier. De ce bras de mer jusqu’au manoir, on aurait pu la suivre à la trace de sa robe et de ses pieds ruisselants. À elle, il semblait que c’était le sang de son cœur qui ruisselait ainsi et tombait dans le sable. Une telle illusion épuisait ses forces. L’imagination des êtres nerveux ajoute tant de dangers à la douleur ! Il était temps qu’elle arrivât : elle ne tenait plus sur sa selle. Elle s’évanouissait. Quand son cheval, devancé toujours par celui de Ryno, arriva devant le perron du manoir et s’arrêta court, Ryno était descendu du sien et alla vers elle. Il la prit à son cou, humide, pâle et froide, comme une naufragée, pour la mettre à terre ; mais il la sentit s’affaisser sur son épaule, comme un lys cassé dans les mains qui le portent, et il monta vite les marches du perron, chargé de son précieux fardeau, réchauffant de toute sa personne ces genoux mouillés qu’il appuyait contre le foyer de sa poitrine et qu’il encerclait de ses bras, comme de deux bandelettes tièdes de vie. Il l’emporta et la déposa dans leur chambre, sur ce lit où ils avaient moins dormi que veillé, en face d’un feu qu’on avait allumé d’avance pour leur retour. La figure de Ryno, arraché à sa préoccupation par l’angoisse de sa femme, cette figure qui rayonnait d’amour et d’anxiété tendre, sa voix émue, son sein soulevé, ramenèrent Hermangarde à la vie, au sourire, au bonheur, et d’un trait effacèrent les impressions qu’elle avait si violemment ressenties. « C’est fini ! ne t’inquiète plus, je suis bien, — dit-elle. — Ah ! je suis bien maintenant ! » reprenait-elle, respirant longuement, délivrée. Elle était assise sur le lit ; son chapeau, à la plume flottante, détaché, ses pieds dans les mains de sa fille de chambre qui lui délaçait ses bottines, et qui, à genoux devant elle et penchée sur ce qu’elle faisait, ne les voyait pas qui se regardaient, comme s’ils avaient été seuls. Hermangarde, redevenue heureuse, ferma les yeux pour leur faire boire, sans qu’on les vît à ses paupières, deux larmes qui y étaient restées, et roula ainsi sa tête sous les lèvres de son mari, qui baisa ces deux longues paupières et y trouva ce qu’elle voulait y cacher.

— « C’est de l’eau de la mer qui m’a sauté dans les yeux, » dit-elle toute rieuse, en les rouvrant, ces yeux divins, saphirs mouillés dont la couleur était moins douce que la tendresse !

Le reste de la soirée vengea bien Hermangarde de la première douleur qui avait traversé son âme. Il s’écoula dans les molles et vives délices d’une intimité sans témoins. On aurait dit que madame de Flers — à travers laquelle ils s’aimaient, tant ils l’aimaient elle-même ! tant elle était une douce interposition entre leurs cœurs ! — les avait rapprochés l’un contre l’autre, en se retirant d’entre eux deux. Et si ce n’était pas vrai pour leur amour, car leurs cœurs pouvaient-ils adhérer davantage ? c’était au moins vrai pour leur vie intime, qui allait se redoubler de solitude. Il n’y a qu’une atmosphère où l’amour n’étouffe pas, c’est la solitude. Comme les aigles auxquels il faut les immensités d’un désert d’azur, l’amour n’a sa largeur et la naïveté puissante de ses mouvements que dans une solitude, immense, profonde, complète ; une empyrée de solitude ! Qui ne le sait pas ? À chaque instant dans les plus douces relations de famille, sous le même toit, ceux qui s’aiment de l’amour le plus légitime et le mieux montré s’aperçoivent qu’ils ne sont pas seuls et c’est une contrainte dont ils souffrent… Sensitives de félicité partagée, ils se crispent sous le regard, même le plus indulgent, et ils retiennent l’épanouissement de leur âme qui tend à s’ouvrir, comme une fleur gonflée que ses parfums vont faire éclater. Les abandons dont on ne saurait se défendre, ces langueurs qui prennent tout à coup, ces irrésistibles envies de laisser tomber son front sur l’épaule aimée, prie-Dieu vivant où les têtes qui aiment s’appuient pour cacher l’extase de l’ivresse ou faire la méditation du souvenir, il faut y résister et les suspendre. Il faut faire avec une faible âme ce que Dieu ne fait pas dans sa magnifique nature, — car Dieu, qui lance le torrent de la cime du mont dans l’abîme, n’en rompt pas à moitié la courbe étincelante, ne fige pas subitement l’écharpe d’écumes, tout à coup déchirée sous les rayons de son soleil. Ces cruels supplices d’abandon réprimé, le départ des deux douairières en avait délivré les Mariés-Amants. Ils allaient enfin jouir pleinement d’eux-mêmes et cacher tous les mouvements de leur vie dans ces deux profondeurs du neuvième ciel de l’amour : la liberté et le mystère. Pour eux, il ne devait plus y avoir de moments impunis, stériles pour le bonheur, défendus à la caresse. Le collier emperlé des heures fortunées ne se romprait plus ! L’amour qui se révèle parce qu’il n’est pas regardé, infusé dans tous les actes de leur existence, les teindrait de sa pourpre, mouchetée d’or, et les tremperait dans le nard de ses essences les plus parfumées. Ils commencèrent, ce soir-là, de l’éprouver. Ils eurent les aises de leur bonheur. Ils n’étaient point ingrats envers leur mère absente… ils n’étaient qu’épris. Moins épris, ils auraient vu le vide de cette maison où ils étaient rentrés seuls. Ils auraient senti, en face de ce fauteuil où n’était plus madame de Flers, la tristesse de sa départie. Marigny s’y assit, et, prenant sa femme sur ses genoux, il ne pensa point à celle dont il tenait la place. Hermangarde avait changé son amazone contre une charmante robe en foulard, d’une forme négligée et coquette. Les manches de cette robe étaient ouvertes jusqu’au coude et montraient, dans leurs fentes tombantes, les beaux bras ondoyants de madame de Marigny, cerclés de leurs bracelets d’opale. Ryno aimait les bracelets aux bras des femmes. Vellini qui couchait avec les siens, Vellini, cette bohémienne aux goûts barbares, la dépravatrice de sa vie, lui avait donné sa passion sauvage pour toutes ces pierres qui lancent la flamme et dont elle se plaisait à tatouer sa peau cuivrée. Hermangarde, simple dans sa mise comme toutes les femmes d’un caractère élevé, s’était bien vite aperçue du goût de son mari pour les bijoux, et elle avait emprisonné ses bras de statue antique, si fiers de leur sévère nudité, dans ces anneaux de pierres précieuses auxquels elle aurait préféré les velours noirs qu’elle portait naguères, roulés et fermés à ses poignets de jeune fille par une simple boucle d’acier. Elle aimait son mari avec une passion si entière qu’elle aimait tout ce qu’il aimait. Quand il s’agissait le plus d’elle, c’était encore de lui qu’il s’agissait. Elle n’existait plus. Sa personnalité anéantie ressuscitait dans Ryno. Si, comme Louis XIV pour mademoiselle de la Vallière, Ryno eût aimé les traces de la petite-vérole sur le visage adoré, elle l’aurait gagnée en s’y exposant avec joie, pour lui paraître plus charmante… seulement pour lui plaire un peu plus.

Ils avaient dîné loin du regard des domestiques, qu’ils avaient renvoyés, la table servie, et ils avaient pu dans ce dîner tête-à-tête, ou pour mieux parler, cœur contre cœur, se rapprocher, mêler leurs mains, mêler leurs pieds, mêler les moiteurs de leurs fronts et se laisser aller à la dérive de tous les caprices des imaginations énamourées. Ah ! quel beau moment dans l’amour, lorsque la pudeur ne voile plus ses troubles et qu’elle sent son plumage de cygne s’embraser ! « Bois dans mon verre, — avait dit Hermangarde à Ryno, avec un sourire ardent et languide, — tu sauras ma pensée. Cette pensée que je ne puis exprimer comme je la sens, — continuait-elle oppressée, — tu sauras si elle est assez à toi ! » Et exprès, elle laissait au bord du verre quelque chose qui n’était pas sa pensée. Cette trace nectaréenne d’une lèvre jeune et liquide, ce haschisch de la bouche qu’on aime, qui donne plus d’ivresses et de rêves que tous les opiums de l’Orient, Ryno l’avait savourée bien des fois avec d’inépuisables sensualités ; mais ces sensualités brûlantes se purifiaient, sans se froidir, dans l’éther des plus saintes tendresses. Il n’y avait là rien des fiévreuses turbulences, des frissons de flammes empoisonnées et morbides que Vellini coulait jusque dans la moelle de ses os. C’étaient des voluptés de plus haute origine, dans lesquelles l’âme tenait encore plus de place que le corps. Avec ses bandeaux qui ressemblaient à un nimbe d’or, son profil céleste, le bleu velouté de ses yeux et ses manches flottantes, Hermangarde eût apparu à un poète comme un bel Archange qui n’était pas tombé, qui ne tomberait jamais, et à qui Dieu avait permis d’entourer Ryno de ses ailes. Elle épurait tous les désirs, en les inspirant. Revenus dans le salon, qu’éclairait une lampe voilée d’une gaze rose, ils s’étaient placés sur le lit de repos qui en occupait le fond, dans l’attitude voluptueuse et mystique que le peintre a donnée au groupe de Francesca de Rimini et de Paolo, quand ils passèrent devant l’œil du Dante, dans une vapeur mélancolique. Il se fit tard. Leur causerie — cette causerie sur des riens qui sont tout dans la vie du cœur — s’était éteinte dans des baisers qui eux-mêmes s’étaient éteints sur leurs lèvres en s’y prolongeant. Ils n’entendaient plus que le battement de leurs artères et la mer, — cette Veilleuse éternelle, comme Dieu, son maître, — qui brisait mollement contre le talus des murs du manoir ses flots assoupis.

Un cri perçant vibra dans le vaste silence.

— « Quel est ce cri ? » dit Hermangarde surprise et troublée. Ryno lui-même avait tressailli en l’entendant.

— « Ah ! mon Dieu ! serait-ce le Criard, — fit-elle, — dont ils nous parlaient, il y a quelques jours, aux Rivières, chez le pêcheur Bas-Hamet ? Écoutons, » ajouta-t-elle, curieuse.

Le Criard est une superstition de ces rivages. Ils racontent que la veille de quelque tempête, — d’un grand malheur inévitable, — un homme dont jamais personne n’a vu le visage, enveloppé dans un manteau brun et monté sur le dos nu d’un cheval noir, à tous crins, parcourt les mielles[1] et les rochers, en les emplissant de cris sinistres. Ni sable mouvant, ni varech glissant, ni fosse d’eau, ni pics de rochers n’arrêtent le vagabondage rapide de cet homme et de son cheval noir, dont les fers, rouges comme s’ils sortaient d’une forge infernale, ne s’éteignent pas dans l’eau qui grésille et qui fume, noircie, longtemps encore après qu’ils l’ont traversée. Hermangarde, à la fibre poétique, surprise de trouver vivantes, sur une côte écartée de la Normandie, de ces légendes semblables à celles que Walter Scott nous a rapportées de l’Écosse ; Hermangarde, qui parlait à tout le monde avec cette bienveillance de châtelaine qui reconquiert, par le charme de sa personne, les vassaux perdus de ses ancêtres, s’était fait plus d’une fois raconter l’histoire du Criard.

Mais le cri recommença, plus perçant et plus net. On eût dit qu’il était poussé du pied des murs de la cour.

— « Non ! ce n’est pas le Criard, — dit Hermangarde ; — c’est une voix humaine, c’est le cri d’une femme, cela ! »

Et tous les deux, la femme et le mari, se levèrent pour tirer le rideau de la fenêtre et regarder qui criait ainsi dans l’obscurité.

L’Océan, monté au plus haut point de son flux, avait un peu de houle, mais rien ne présageait de tempête. Le ciel était noir et constellé, sans aucun nuage ; et quoique la nuit fût profonde, on voyait sur la mer. C’est ce que les marins appellent faire clair d’étoiles. Une petite barque, sous voiles, qui semblait partir du pied du mur de la cour, se dirigeait vers les deux phares allumés du havre, comme si elle avait voulu prendre le large.

— « Leur Criard, — dit Marigny, — ce sont les fraudeurs de la côte, qui profitent de la crédulité de ces gens-ci pour les éloigner par la terreur du point où ils projettent de débarquer leur contrebande. Je parierais que cette embarcation est pleine de fraudeurs.

— Mais ce n’est pas un cri d’homme, que nous avons entendu ! — fit Hermangarde, sur qui le cri avait produit un effet de terreur inexplicable ; car elle était naturellement brave de cœur et forte de nerfs, comme une femme de roi.

— Tu te seras trompée, ma belle vie, » dit Ryno. Et il l’entraîna avec une impétuosité de mouvement qu’elle prit pour la douce furie d’une amour interrompue dans ses plus ineffables jouissances.

Mais il savait bien qu’elle ne s’était pas trompée, et même il savait de quelle poitrine ce cri étrange était sorti.



  1. Nom qu’on donne aux grèves dans le pays.