Vers d’amour (Rodenbach)/03

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Vers d’amourDans les bureaux de La Jeune Belgique (p. 11).
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III

ENVOI DE VERS



VOUS aimez Jocelyn, vous aimez Lamartine
Et vous aimez aussi Musset, tous les beaux vers
Tristes et solennels comme ces jardins verts
Dans lesquels un jet d’eau se lamente en sourdine.

Les vers sont excitants comme l’odeur des foins
Comme l’air de la mer et comme la musique
Et provoquent tout bas à l’extase physique
Des beaux corps de vingt ans qu’un grand amour a joints.

Aimerez-vous ceux-ci ? C’est toute ma jeunesse
Que j’y raconte, afin que chacun me connaisse
Et sache l’abandon douloureux de mon cœur ;

Mon cœur, coupe d’argent aux ciselures fines,
Que la tendresse emplit d’une rouge liqueur
Et qui voudrait s’offrir à des lèvres divines !…