Vie de Napoléon/21

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Texte établi par Henri MartineauLe Livre du divan (Napoléon. Tome Ip. 66-67).


CHAPITRE XXI


Les premières mesures du dictateur furent grandes, sages et salutaires. Chacun reconnaissait la nécessité d’un gouvernement fort : on eut un gouvernement fort. Tout le monde se récriait contre la corruption et le manque d’équité des derniers gouvernements : le premier consul empêcha les voleries et prêta la force de son bras à l’administration de la justice. Tout le monde déplorait l’existence des partis qui divisaient et affaiblissaient la France : Napoléon appela à la tête des affaires les hommes à talents de tous les partis. Tout le monde craignait une réaction : Napoléon arrêta d’une main de fer toute tentative de réaction. Son gouvernement protégea également tous ceux qui obéirent aux lois, et punit impitoyablement tous ceux qui voulurent les enfreindre. La persécution avait ranimé les dernières étincelles du catholicisme : Napoléon prit le culte sous sa protection et rendit les prêtres à leurs autels. Les départements de l’Ouest étaient désolés par la guerre civile que la loi des otages avait fait renaître : Napoléon abolit la loi des otages, ferma la liste des émigrés, et, par un mélange judicieux de douceur et de sévérité, rendit à l’Ouest une tranquillité parfaite. Toute la France se réunissait pour souhaiter la paix : Napoléon offrit la paix à ses ennemis. Après que son offre eut été dédaigneusement rejetée par l’Angleterre et par l’Autriche, il soumit cette puissance par l’admirable campagne de Marengo, et ensuite lui pardonna avec une générosité folle. Le cabinet anglais, cette oligarchie vénéneuse, qui emploie au malheur du monde et à river les fers des esclaves les forces et les lumières qu’elle tient de la liberté[1] ; le cabinet anglais, le plus formidable et le plus éclairé des ennemis du premier consul, abandonné par tous ses alliés, fut, à la fin, forcé à faire la paix et à reconnaître la République.



  1. Longueur. Cela ôte la lumière au sujet principal. À mettre ailleurs ainsi que la peur de la liberté, de l’autre côté de la Manche, faite à l’aristocratie anglaise. Les Anglais, après avoir eu peur de nos armes sous Napoléon, ont maintenant peur de notre liberté.