Vingt-quatre Sonnets/Au Tombeau

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Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 42-43).


Au Tombeau


du grand peintre Domenico Greco.

Ô passant, ce beau monument, dure voûte de porphyre brillant, dérobe désormais à l’univers le pinceau le plus doux qui ait fait frissonner la vie sur le bois et la toile.

Son nom, digne d’un souffle plus puissant que celui qui remplit le clairon de la Renommée, s’étend et brille sur ce champ de marbre lourd. Révère-le, et passe.

Ici gît le Greco. Si l’étude lui livra les secrets de l’art, l’art lui révéla ceux de la nature. Iris lui légua ses couleurs, Phébus sa lumière, sinon Morphée ses ombres.

Que cette urne, écorce funèbre de l’arbre sabéen, boive nos larmes et que, malgré sa dureté, elle en exsude autant d’aromates.