Wikisource:Extraits/2021/12

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Paul Demeny, Ce que dit la Statue dans Le Monument de Marceline Desbordes-Valmore

1896




Ce que dit la Statue


Le jour tombe, et dans les vitraux de « Notre-Dame »
Jette avec un frisson une dernière flamme.
Tout est calme : l’Hospice où rentrent les bons vieux,
Et le square Jemmape, au nom si glorieux,
Et la porte ogivale, avec ses tours massives,
Et la très vieille église, asile ancien et sûr
Où la Vierge sourit près des cires votives,
Où des étoiles d’or brillent sur fond d’azur.

Une humble mère, avec une fillette blonde,
Vient s’asseoir à l’écart comme fuyant le monde.
L’enfant demande :

L’enfant demande : Quelle est donc, chère maman,
Cette dame avec sa longue robe argentée
Et son ruban moiré qui flotte gentiment ?
Elle étire ses bras, comme désenchantée,
Elle fait de la peine à voir !

Elle fait de la peine à voir ! La mère dit :
— C’est une dame qui, d’après ce que l’on rapporte,
Fit de belles chansons ; maintenant qu’elle est morte,
On a mis son image ici, depuis lundi.
Ses chants sont trop savants pour nous autres, ma fille,
Viens, rentrons ; car je crois qu’on va fermer la grille.


— Oh ! mère, dit l’enfant, la Dame ouvre les yeux
Et les lèvres ; vois donc comme c’est merveilleux !
Elle va nous parler, restons, je t’y convie :
On dirait qu’elle va revenir à la vie !

La statue, en effet, fit un grand geste lent,
Puis