« C’est fait, mon cœur, quittons la liberté. »

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Vingt et neuf sonnets (1595)
(1p. 75v).
III.

       C’eſt faict mon cœur, quitons la liberté.
       Dequoy meshuy ſerviroit la deffence,
       Que d’agrandir & la peine & l’offence ?
       Plus ne ſuis fort, ainſi que i’ay eſté.

La raiſon fuſt un temps de mon coſté,
       Or revoltée elle veut que ie penſe
       Qu’il faut ſervir, & prendre en recompence
       Qu’oncq d’vn tel neud nul ne fuſt arreſté.

S’il ſe faut rendre, alors il eſt ſaiſon,
       Quand on n’a plus devers ſoy la raiſon.
Je voy qu’amour, ſans que ie le deſerve,
       Sans aucun droict, ſe vient ſaiſir de moy ?
       Et voy qu’encor il faut à ce grand Roy
       Quand il a tort, que la raiſon luy ſerve.