Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Creon voyant brusler sa fille miserable »
Apparence
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
XCIII.
Creon voyant brusler sa fille miserable
D'un embrassement dous la voulut secourir
Mais helas ! il se fit avec elle mourir,
Espreuvant à son dam son aide dommageable.
Plustost tu te fondras en plaintes lamentable
Que tu puisse empescher les hommes de courir
Au terme de la vie, & la mort de ferir
Le prince, & le berger d'une flesche semblable
Il n'est rien de si fort que la necessité,
Qui trainant apres soy de toute eternité
Les choses de ce monde, à la mort donne place.
Croy moy, fais, si tu veus vivre tranquillement
Que la necessité volontaire se face
Celui qui vit forcé, vit miserablement.