« Je le connais, Destins, vous avez arrêté »
Apparence
Œuvres poétiques de Malherbe, Texte établi par Prosper Blanchemain, E. Flammarion (Librairie des Bibliophiles), (p. 218).
III
AU ROY HENRY LE GRAND
1607
Je le cognois, Destins, vous avez arresté
Qu’aux deux fils de mon Roy se partage la terre,
Et qu’aprés le trépas ce miracle de guerre
Soit encor effroyable en sa posterité.
Leur courage, aussi grand que leur prosperité,
Tous les forts orgueilleux brisera comme verre ;
Et qui de leurs combats attendra le tonnerre
Aura le chastiment de sa temerité.
Le cercle imaginé qui de mesme intervalle
Du nord et du midy les distances égale,
De pareille grandeur bornera leur pouvoir :
Mais estant fils d’un pere où tant de gloire abonde,
Pardonnez-moy, Destins, quoy qu’ils puissent avoir,
Vous ne leur donnez rien, s’ils n’ont chacun un monde.