Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Rameine en ton esprit combien d’affliction »
Apparence
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
LXXIII.
Rameine en ton esprit combien d’affliction,
Combien de folle joye, & de vaine allegresse
Combien d'aigre douleur, & de forte tristesse
Ont divisez tes jours en diverse action :
Combien t'en a oste la conversation,
Combien du peuple sot la hantise, & la presse,
Combien le faus semblant d'une feinte caresse
Cenant d'un potentat espris d'ambition :
En fin du connoistra, avant que tu meurisses
Que tu meurs en verdeur, en mesmes precipices
Tresbuchans, & glissans, nous nous entre-suivons :
Nos jours sont si soudains, notre repos si fresle,
Et nostre aise si court, que la moindre parcelle
De toute nostre vie, est-ce que nous vivons.