À Caroline (1)

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Traduction par Benjamin Laroche.
Œuvres complètesVictor LecouPremière série : Poésies diverses — Childe-Harold (p. 10-11).
À CAROLINE.

Crois-tu donc que j’aie vu sans m’émouvoir tes beaux yeux baignés de larmes me supplier de rester ; que j’aie été sourd à tes soupirs qui en disaient plus que des paroles n’auraient pu en dire ?

Quelque vive que fût l’affliction qui faisait couler tes larmes, en voyant ainsi se briser nos espérances et notre amour, crois-moi, fille adorée, ce cœur saignait d’une blessure non moins profonde que la tienne.

Mais quand la douleur enflammait nos joues, quand tes lèvres charmantes pressaient les miennes, les pleurs qui coulaient de mes yeux étaient absorbés dans ceux que répandaient les tiens.

Tu ne pouvais sentir ma joue brûlante. Le torrent de tes larmes en avait éteint la flamme ; et lorsque ta langue essayait de parler, ce n’était que par des soupirs qu’elle articulait mon nom.

Et cependant, jeune fille, c’est en vain que nous pleurons, en vain que nous exhalons nos plaintes par des soupirs ; les souvenirs seuls doivent nous rester, et ils ne feront que redoubler nos pleurs.

Adieu encore, ô ma plus aimée ! Ah ! si tu le peux, étouffe tes regrets ; que ta pensée ne s’arrête pas sur nos joies passées. Tout notre espoir est dans l’oubli.