À François Coppée (Silvestre)

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À François Coppée (Silvestre)
Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 213-214).

À FRANÇOIS COPPÉE

Frère, merci ! — Ta main vers la mienne tendue
Fleurit, comme un laurier, mon aride chemin,
Et vers ce rameau d’or je tends, avec ma main,
L’espoir désespéré de ma fierté perdue.

Mon âme, avant le temps dans l’ombre descendue,
S’épanouit encor sous un regard humain.
Pleurant encor hier et redoutant demain,
L’étemelle pitié des cœurs amis m’est due.

De la même tristesse ayant subi l’affront,
Nous marchons tous les deux des épines au front,
Mais sachant qu’il est doux de chanter quand on aime ;

Qu’aux chansons seulement le cœur peut s’apaiser,
Que le corps de la femme est l’unique poème
Et que le plus beau vers ne vaut pas un baiser.