À Iwan Gilkin (Albert Giraud)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 123).


À Iwan Gilkin


Mieux que moi tu connais la curiosité
Qui plonge le Poète en d’austères études,
Et le pousse à chercher, au cœur des multitudes,
Les secrets de la vie et de la volupté.

Par l’intime douleur chaque masque est sculpté ;
Un remords pleure au fond des fières attitudes ;
Et tu trouves alors d’âcres béatitudes
À troubler le passant dans son âme ausculté.

Déchiffrant l’avenir des éphèbes novices,
Tu devines en eux les crimes et les vices
Passer comme un troupeau de pâles visiteurs ;

Et quand les débauchés sortent des priapées,
Ils sentent dans leur chair, ainsi que des épées,
S’enfoncer froidement tes yeux inquisiteurs.