Nouvelles poésies (Van Hasselt)/À Théophile Gautier

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Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 138-139).


À Théophile Gautier

EN LUI ENVOYANT MES POÉSIES.





Left blooming alone.
Th. Moore.





Dans votre frais jardin, où croissent tant de roses,
Tant de charmantes fleurs,
Œillets, jasmins, lilas, verveines et lauroses
De toutes les couleurs ;

En quelque plate-bande, en quelque vert parterre,
Humble et bien à l’écart,

Parfois s’ouvre une fleur sauvage et solitaire
Qu’y planta le hasard,

Violette ou pensée ou pâquerette blanche
Ou bouton d’or vermeil,
Qui ne demande qu’un peu d’ombre à quelque branche,
Et qu’un peu de soleil.

Ce jardin, Théophile, est votre poésie,
Que, dans toute saison,
Les bouquets merveilleux de votre fantaisie
Émaillent à foison.

La mienne est cette fleur sauvage et délaissée
Que le souffle du nord
Jette sur vos gazons pâle et de froid glacée,
Mais comme dans un port.



Janvier 1855.