Nouvelles poésies (Van Hasselt)/À Théophile Gautier
À Théophile Gautier
Dans votre frais jardin, où croissent tant de roses,
Tant de charmantes fleurs,
Œillets, jasmins, lilas, verveines et lauroses
De toutes les couleurs ;
En quelque plate-bande, en quelque vert parterre,
Humble et bien à l’écart,
Parfois s’ouvre une fleur sauvage et solitaire
Qu’y planta le hasard,
Violette ou pensée ou pâquerette blanche
Ou bouton d’or vermeil,
Qui ne demande qu’un peu d’ombre à quelque branche,
Et qu’un peu de soleil.
Ce jardin, Théophile, est votre poésie,
Que, dans toute saison,
Les bouquets merveilleux de votre fantaisie
Émaillent à foison.
La mienne est cette fleur sauvage et délaissée
Que le souffle du nord
Jette sur vos gazons pâle et de froid glacée,
Mais comme dans un port.