À l’assaut du Pôle Sud/5

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À l’assaut du Pôle Sud

Voyages et aventures
dans les régions antarctiques
1599 — 1906
(pp. 57-84)
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III

LE VOYAGE DE LA « BELGICA »

Une expédition belge. — En 1897. — Troisième période de recherches. — La première expédition moderne. — Un voyage d’études vers le Pôle Sud. — Le lieutenant Adrien de Gerlache. — 360,000 francs. — La Patria. — La Belgica. — Les membres de l’expédition. — Un docteur américain. — Les obstacles. — À la Société de géographie. — Un bon navire. — Le mois de janvier antarctique. — Au cœur de l’été. — Une forte charpente. — La machine. — Visite à Nansen. — En Norvège. — Un apprentissage nécessaire. — Les skis. — La plus obscure partie du globe. — « Soufflage en green beart ». — Hélice. — La force motrice. — Équipée. — Pour draguer. — Un laboratoire. — Pour ne pas perdre de place. — Une bibliothèque. — Le départ sur l’Océan. — Le Pampero. — Terrible tempête. — Sur les côtes de la Patagonie. — Le Cap des Vierges. — Fernao de Magalhaes. — Le pays des hommes aux grands pieds. — Le canal de Todos Santos. — À Punta Arenas. — Le jour de Noël. — Le pavillon tricolore ! — « J’ai fait hisser les couleurs ! » — À la mer. — Pauvre matelot. — En route.

L’expédition belge du navire la Belgica, en 1897, devait marquer le commencement d’une troisième campagne d’explorations antarctiques.

Disons toutefois, que cette troisième période de recherches sur les régions antarctiques est toute consacrée aux intérêts de la science.

Ce fut réellement la première expédition moderne celle de la Belgica, si intéressante, et dont nous parlerons assez longuement, car elle fut organisée surtout comme un voyage d’étude vers le Pôle Sud avec l’aide, d’ailleurs, de savants spécialistes.

Elle put être faite et aboutir, grâce à la volonté inébranlable, à l’énergie déployée, soutenue malgré tout du lieutenant A. de Gerlache.

De Gerlache sollicita avec ténacité des souscriptions privées, et, aidé un peu par le gouvernement belge, il parvint à trouver les 360,000 francs nécessaires pour organiser sérieusement l’entreprise.

Le navire choisi fut un baleinier norvégien, le Patrici, qu’on rebaptisa du nom de Belgica.

Ce navire devait se montrer d’une endurance extraordinaire, résister d’une manière surprenante aux chocs entre les rochers et les glaçons, et surtout résister à la pression si dangereuse des glaces.

Les membres de l’expédition belge étaient, d’ailleurs, de nationalités diverses.

En voici la liste :

Adrien de Gerlache, capitaine, commandant de la Belgica, lieutenant de la marine de l’État belge.


État-major et personnel scientifique :

Georges Lecointe, commandant en second, officier de navigation et hydrographe. — Belge.
Roald Amundsen, premier officier. — Norvégien.
Jules Melaerts, second officier. — Belge.
Frédéric A. Cook, médecin de l’expédition. — Américain.
Émile Danco, chargé du magnétisme et de la physique du globe ; lieutenant d’artillerie. — Belge.
Émile Racovitza, naturaliste, docteur ès sciences naturelles. — Roumain.
Henryk Arctowski, géologue, océanographe et météorologiste de l’expédition. — Polonais.
Antoine Dobrowolski, météorologiste, adjoint et attaché au service de l’astronomie. — Polonais.

Mécaniciens :

Henri Somers, chef mécanicien, de la marine belge. — Belge.
Max Van Rysselberghe, second mécanicien. — Belge.

Matelots :

Jan Van Mirlo. — Belge.
Gustave Dufour. — Belge.
Louis Michotte. — Belge.
Adam Tollefsen. — Norvégien.
Hjalmar Johansen. — Norvégien.
Johan Koren. — Norvégien.
Engelbret Knudsen. — Norvégien.
Karl A. Wiencke. — Norvégien.

L’expédition devait être assez difficile à organiser. Le lieutenant de Gerlache devait se heurter à bien des obstacles ennuyeux : l’indifférence des uns, la parcimonie des autres.

C’était une vieille histoire, de savoir comment lui était venue l’idée d’une exploration scientifique dans les régions antarctiques.

« Les explorations, en général, disait-il à l’un de nos amis, celles qui ont pour but le Pôle Sud en particulier, ont toujours exercé un puissant attrait sur moi. Quand le professeur Nordenskjöld fit connaître son projet de voyage dans les glaces australes en 1892, je m’offris spontanément ; mais, comme tant d’autres projets d’exploration de l’antarctique, celui-ci ne se réalisa point.

» Le désappointement, toutefois, ne fit qu’exciter mon désir, et il en fut de même à chacune des nombreuses causes de découragement que je dus rencontrer plus tard. »

En 1894, le lieutenant de Gerlache devait présenter son premier projet à la Société royale de géographie de Bruxelles.

La Société approuva le projet, et le lieutenant de Gerlache obtint un congé qui devait lui permettre de s’occuper des intérêts naissants de la future expédition.

En janvier 1895, il partit pour la Norvège et accompagna les pêcheurs de phoques norvégiens dans les eaux de Jan Mayen et du Groënland oriental.

Au cours de ce voyage, le lieutenant put observer les pêcheurs à l’œuvre, reconnaître leurs méthodes de pêche et étudier les éléments de la navigation dans les eaux glaciales. Cela lui avait servi d’apprentissage pour ainsi dire.

À son retour, il envoya son projet au roi Léopold, qui l’approuva.

Dès le mois de juin 1896, le lieutenant de Gerlache s’occupa des préparatifs de l’expédition.

Il se rendit en Norvège, où il acheta au capitaine Pedersen la Patria, que, patriotiquement, il rebaptisa du nom de la Belgica.

Tout paraissait assez bien marcher ; mais il avait fallu beaucoup de temps pour cette organisation, et, malgré son désir d’aller vite, le lieutenant ajourna le départ (on était alors en septembre).

En effet, il fallait ajourner, car, pour bien organiser la marche d’une telle expédition, il faut être au mois de janvier dans l’antarctique, c’est-à-dire au cœur de l’été.

Pendant qu’ici c’est l’hiver, là-bas c’est l’été.

Or, la distance est énorme entre la Belgique et l’Antarctique[1], et demande un temps considérable pour être franchie.

On sait que les navires destinés à de semblables aventures ne marchent pas vite.

En effet, ces navires, pour pouvoir bien résister à la pression des glaces, doivent avoir une forte et lourde charpente, et leur avant doit être encore renforcé pour leur permettre de s’y frayer un chemin.

De même, leur carène[2] doit aussi avoir une forme spéciale, peu propre à la vitesse, mais conçue de telle manière, que le bâtiment, au lieu d’être écrasé par les pressions, se soulève et pèse sur les glaces.

Enfin, la machine doit brûler le moins de combustible possible, car il est important, en prévision d’un hivernage, de ménager le charbon.

De Gerlache alla voir le commandant Wandel de Copenhague, chef de l’expédition du Groënland oriental danois, qui lui donna des renseignements précieux au sujet de la manière de voyager dans les régions glaciales.

Il rendit ensuite visite au docteur Nansen, et, pour savoir mieux encore se préparer, s’entraîner pour ainsi dire, à son lointain et dangereux voyage, il partit en compagnie du lieutenant Danco pour aller s’établir en Norvège, pendant les premiers mois de l’hiver. Tous deux y apprirent à parcourir de grands espaces sur la glace au moyen des skis ou des traîneaux, à dresser un campement, à s’habituer aux vêtements d’hiver.

Après avoir fait une inspection de la Belgica, on résolut de préparer le départ, qui fut annoncé pour le 16 août, à Anvers.

Au dernier moment, arrivèrent de toutes parts, quantité de télégrammes, de lettres, pleins des meilleurs vœux et souhaits.

L’un des membres de la fameuse expédition de la Vega, le capitaine Horguard, de la marine hollandaise, télégraphia pour exprimer ses souhaits de bonne chance.

Le docteur Nemnayer de Hambourg, qui a soutenu, il y a une trentaine d’années, l’idée qu’il était nécessaire de faire des explorations antarctiques, envoya une dépêche avec ces mots : « Mes vœux les plus sincères vous suivront au Pôle Sud. »

Fridtjof Nansen, dont la renommée était alors à son apogée, envoya aussi une dépêche où il disait : « Que succès et bonheur vous accompagnent, vous et la Belgica. Puisse le voyage donner les résultats scientifiques que promettent ses minutieux préparatifs et puissent ces résultats projeter une clarté nouvelle sur la plus obscure partie du globe ! »

La Belgica était un gracieux trois-mâts, barque à vapeur, qui avait été construit, en 1884, à Svelig (non loin de Dammen) en Norvège, sous la direction de Christian Jacobsen, célèbre maître-chantier[sic].

Son pont avait 110 pieds de long sur 26 de large.

Elle possédait une machine à double expansion, actionnant une hélice en acier de Suède.

La coque, qui était en bois de Norvège d’une certaine résistance, avait été renforcée par un soufflage en green heart, qui s’étendait sur toute la longueur du navire.

L’hélice présentait cette particularité qu’on pouvait la « désembrayer » de son arbre et la remonter jusque près du pont.

L’avant de la Belgica était incliné comme celui d’un yacht, ce qui mettait le navire en état de se relever sur la surface de la glace et de la faire céder sous son poids plutôt que par l’action de la force motrice.

Au nombre des particularités de la Belgica, il faut en citer une curieuse : c’est le sud de Corbeau, un énorme barillet qui avait été établi au sommet du grand mât, et d’où la vue pouvait s’étendre sur un horizon plus large.

« Si, a écrit un des officiers de la Belgica, comme nous en courons la chance, les glaces australes mettent trop d’empressement à nous enserrer, nous sommes bien préparés pour résister à leurs importunes étreintes. Notre Belgica n’est pas construite seulement pour lutter de toute la force de ses machines et de son poitrail armé ; dans ses entrailles même nous avons enfermé quelque cinq cents kilos de tonite, un explosif que l’on dit supérieur à la dynamite pour la destruction de la glace. »

« Bien que nous ne nous proposions pas de faire la chasse aux phoques ou aux baleines, écrivait encore un des explorateurs, notre expédition est équipée pour la capture de toute espèce animale utile au travail scientifique. Nous sommes armés de canons à perches et à harpons, de fusils, d’une petite mitrailleuse, de pistolets, de couteaux et de munitions. Un vrai navire de pirates ! Nous avons plusieurs milliers de litres d’alcool et une grande quantité de produits chimiques pour la conservation des spécimens d’animaux, ainsi que du coton pour les oiseaux à empailler. Nos appareils photographiques sont de toutes variétés. »

L’équipement du navire comprenait encore d’autres choses utiles, comme quatre grandes dragues, quinze filets et trois barres à fauberts manœuvrables à la vapeur.

Cela devait permettre de draguer le lit des eaux, de faire, pour la première fois, l’étude systématique de la vie sous-marine dans les profondeurs souvent incommensurables de l’Océan austral.

On avait établi aussi un laboratoire pour les savants. Ce laboratoire consistait en une petite construction spéciale derrière le mât de misaine. Il n’avait guère que quinze pieds de long, sur douze pieds de large ; mais il contenait une quantité phénoménale d’instruments de réserve, et il convenait admirablement bien pour le travail.

Il fallait faire grande attention en y pénétrant, car chaque objet représentait un frêle travail de verre : thermomètres, baromètres, flacons, éprouvettes, etc., fixés partout sur des rayons, sur des parois, même au plafond pour ne pas perdre de place !

On croyait, au début, que tout cela ne servirait pas longtemps, et, qu’à un trop brusque mouvement du navire, tout serait mis en pièces comme de vulgaires morceaux de verres. Il n’en fut rien, cependant, grâce à la soigneuse disposition des instruments, et il n’y eut dans le laboratoire que des dégâts insignifiants.

Il y avait aussi à bord une bibliothèque assez complète en diverses langues. Il y avait des livres anglais, français, polonais, allemands, norvégiens, roumains, des publications hebdomadaires pour les divertissements.

Le 16 août, une foule énorme se pressait sur les quais d’Anvers, pour assister au départ de la Belgica.

Il y avait là les délégués de nombreuses sociétés scientifiques françaises, venus pour souhaiter bonne chance et grand succès aux voyageurs.

Les yachts de l’Antwerp yacht club, dont la Belgica battait pavillon, envoyaient leurs saluts au navire, et c’est au milieu d’une ovation magnifique, d’une tempête d’acclamations parties de la foule massée sur les quais, au milieu du bruit des sirènes, des coups de canon que la Belgica leva l’ancre.

Enfin, le navire n’allait pas tarder à naviguer sur l’Océan.

Un officier du bord écrivait alors sur son carnet de notes journalières : « … La vie à bord est ordonnée comme celle d’une famille ; chacun a ses occupations propres, mais prêtera aussi, à l’occasion, une aide fraternelle à son compagnon.

» Souvent, pendant les belles soirées, on monte la boîte à musique sur le pont, et, au son d’airs familiers s’élevant dans l’atmosphère étrangement claire, les uns chantent, d’autres dansent.

» La scène, après réflexion, est plutôt mélancolique. Nous nous éloignons de plus en plus de nos foyers pour aller vers la partie la plus désolée du monde. Le retour est problématique, l’avenir obscur, mais nous sommes allés de l’avant en connaissance de cause. Et, notre devoir, à présent, est de contribuer au maintien de la gaieté au milieu de notre communauté familiale.

» Au reste, à part la question du succès ou de l’insuccès, les besoins de notre vie domestique étant assurés, nous laissent tranquilles. Aussi, quand nous nous trouvons, après le dîner, de la sorte réunis sur le pont, autour de notre boîte à musique, est-ce un air de joie, généreux et unanime, qui s’élève avec la rosée du couchant dans l’Océan Atlantique méridional. »

La Belgica traversa l’Atlantique, et se rendit à Montevideo, d’où elle partit le dimanche 14 novembre 1897, après avoir embarqué à son bord le docteur F. A. Cook, médecin de l’expédition, qui était venu l’attendre en cet endroit.

Le navire ne devait pas tarder à subir le choc d’un ouragan spécial à ces parages, le Pampero[3].

Le ciel, qui était d’un azur charmant, ne devait pas tarder à se nuancer en un bleu sombre.

À deux heures de l’après-midi, rien à l’horizon n’indiquait le moindre phénomène météorologique. Mais l’atmosphère ne devait pas tarder à devenir humide et la température accablante, au point de rendre la respiration difficile.

Deux heures plus tard, un trait sombre, pareil à une barre de fer parfaitement droite, apparaissait à l’horizon austral. Il monta dans le ciel avec une rapidité étonnante, et on vit une légère volute de vapeur s’en échapper.

Des déchirures de nuages blancs ou gris d’acier, partaient des éclairs. Cela donnait à ce trait mystérieux un caractère impressionnant. Les officiers se mirent en garde et firent carguer les voiles hautes.

La mer ne devait pas tarder à grossir et à entrer en ébullition. Cela commença par l’ondulation de petites vagues, puis le vent qui survint les étendit. Puis encore les vagues devinrent très hautes, très puissantes.

Les flots tumultueux se mirent à assaillir la Belgica de leurs énormes et terrifiants bouillonnements d’écumes. Le navire plongeait et roulait : c’était effrayant. Soudain, le trait étrange, en forme de barre, apparut au-dessus du beaupré, et un léger souffle d’air passa sur le pont.

En grande hâte, les matelots avaient quitté leur travail et étaient descendus des agrès. Tout à coup, la Belgica reçut un choc et s’arrêta comme si elle avait été jetée contre un bloc de pierre.

Un hurlement se fit entendre pendant que le vent passait dans les vagues et les cordages.

Le navire eut son avant violemment soulevé, pendant que son arrière s’enfonçait dans l’Océan ; puis il se redressa.

Le vent souffla quelquefois encore, mais avec moins de violence, et sa puissance s’atténua aussi vite qu’elle s’était abattue sur le navire.

Tout cela avait duré une vingtaine de minutes.

Cet ouragan laissa sur l’esprit de ceux qui en ont été les témoins une impression réellement profonde.

L’accalmie ayant succédé à ce violent ouragan, on en profita en voguant le long des côtes de la Patagonie[4] pour réparer, nettoyer, astiquer, pour ainsi dire, convenablement la Belgica.

La carène fut repeinte, vernie et polie avec soins.

Les machines auxiliaires et les instruments exposés sur le pont, furent recouverts de toiles complètement imperméabilisées.

Les hamacs furent remisés, et on mit dans des caisses le matériel à débarquer sur la Terre de Victoria, dans laquelle on comptait faire un hivernage.

Le 26 novembre, une nouvelle tempête, réellement épouvantable, devait venir encore interrompre les travaux ; la mer se démonta de terrible façon, et cela dura deux jours.

Heureusement, la Belgica résista aux assauts répétés des vagues furieuses et immenses !

« Cette tempête, lit-on sur le journal du bord, eut pour principale conséquence de susciter l’émerveillement des hommes devant la belle résistance de leur navire. De ce jour-là, la solidité et la stabilité de la Belgica leur inspirèrent confiance… »

Une quinzaine de jours devait encore s’écouler le long des côtes de la Patagonie.

Le 29 novembre, au matin, les explorateurs virent apparaître, dans la direction du sud-ouest, semblable à une immense poutre de bois, une ligne droite, séparant le ciel gris du bleu des eaux.

C’était le Cap des Vierges, le cap nord de l’entrée Est du célèbre détroit de Magellan.

Il est formé d’une falaise d’aspect jaunâtre, très caractéristique, très longue et haute de trente-cinq pieds environ, descendant perpendiculairement dans l’Océan.

Ce cap constitue l’extrémité plongeante dans la mer d’une longue suite de basses collines, s’étendant à travers toute la Patagonie.

L’endroit où se trouve situé ce cap est le plus important peut-être de la côte de l’Atlantique, et sa découverte a marqué le début d’une des périodes les plus intéressantes de l’histoire de la navigation.

Rappelons ici, d’après les récits de l’histoire, quelques-uns des incidents les plus curieux qui ont accompagné la découverte de ce cap et celle de l’étroit passage, aujourd’hui célèbre, de laquelle date la première circumnavigation.

Il faut dire que si l’honneur en revient à l’Espagne, parce que la couronne en accepta le patronage, l’initiative du voyage de reconnaissance est bien due au Portugais Fernao de Magalhaes, plus connu dans la suite sous le nom populaire de Magellan[5].

C’est en 1520, que Fernao de Magalhaes avait réuni sa flotte à San Julian, sur la côte de Patagonie, le soir de Pâques, et y passa les quelques mois que dura l’hiver méridional, du mois d’avril au mois d’octobre.

Pendant ce temps, il fut le premier à voir, et ses compagnons furent les premiers à dépeindre, les Indiens de la Pampa.

Ils leur donnèrent la dénomination impropre de Pata-Gorrès, c’est-à-dire hommes aux grands pieds ou Patus.

Et, de cette appellation donnée ainsi à ces Indiens, tout le pays, depuis la Plata jusqu’au détroit, devait recevoir le nom de Patagonie.

Patagonie signifie donc exactement le pays des hommes aux grands pieds ! Et, chose bien curieuse, réellement amusante, les Indiens de la Patagonie ont les pieds plus petits que ceux des Européens !

Ce fut le 21 octobre 1520, que Magalhaes pénétra dans le détroit qu’il cherchait. Il appela le canal du nom de Canal de Todos los Santos (Canal de tous les Saints).

Au cap qui s’avançait à son tribord, il donna le nom de Cap des onze mille Vierges, en souvenir du jour de sa découverte qui était le jour de la Sainte-Ursule.

Les générations suivantes ont changé ces noms : le détroit de Magalhaes est devenu le détroit de Magellan[6] ; les géographes, ayant trouvé que l’appellation des « Onze mille Vierges » était trop forte pour un simple banc de sable du cap Horn, l’ont remplacée sur la carte par le nom de Cap des Vierges[7].

Vers le sud se trouve le rocher du Cap Esperito Santo[8] qui est, comme le Cap des Vierges, le point terminus d’une longue rangée de collines de la Patagonie.

Après avoir longé la côte, la Belgica devait se rendre à Punta Arenas, la ville la plus méridionale du monde.

La ville de Punta Arenas (appelée souvent aussi Sandy-Point) est unique par ses avantages commerciaux.

Au nord-ouest et à l’ouest, s’élèvent en gradins des montagnes couvertes de forêts, qui se terminent par des pics neigeux les plus élevés de la Cordillère.

À l’est et au nord-est, se voient les vastes plaines de la Patagonie.

Au sud, est le détroit de Magellan ; au-delà s’élèvent les montagnes blanchâtres des plaines du nord de la Terre de Feu.

Cette position privilégiée a fait de Punta Arenas le centre du commerce de vastes régions. On y élève le mouton et on y trouve l’or, sources de grandes richesses.

La ville est devenue, par suite, le centre d’une population de riches colons, possesseurs de terres fertiles et de riches troupeaux de beaux moutons.

Le travail dans les mines d’or occupe spécialement la population pauvre.

L’or, en ce pays, n’est pas rare et, d’ailleurs, ce genre de travail n’exige qu’un bien mince capital et il est productif de suite.

Il n’est pas besoin de grandes connaissances spéciales pour gagner journellement 5 dollars, soit 25 francs : un récipient et une pelle suffisent.

L’or ne s’y rencontre pas en riches placers[9], mais il est très disséminé ; on en trouve même dans la boue des rues de Punta Arenas. Il en est de même à la Terre de Feu.

Il y a à peine une trentaine d’années que les moutons ont été introduits dans la région[10].

Il n’y a pas là, ainsi que dans la Terre de Feu, un espace de terre ayant quelque valeur qui n’en soit peuplé. Celui qui possède une dizaine de mille de moutons n’est, là-bas, qu’un tout petit fermier ; celui qui en possède une cinquantaine de mille passe pour un propriétaire ordinaire, et assez nombreux sont ceux qui en élèvent une centaine de mille.

Au cap Horn, c’est par le chiffre de ses moutons qu’on désigne un millionnaire, et non par le nombre de ses dollars.

La Belgica resta une quinzaine de jours à Punta Arenas, qu’elle quitta le 14 décembre pour se rendre à Ushuaïa, dépôt de charbon argentin, pour y remplir ses soutes[11] et embarquer le plus possible de charbon, même dans l’entrepont, si faire se pouvait.

Comme les hommes étaient peu nombreux, les officiers, le commandant lui-même, prirent part à l’opération du chargement, de l’embarquement du charbon.

Le 25 décembre, jour de la Noël, fut passé à Lapataia.

On résolut de surprendre les matelots et de décorer le poste sans qu’ils pussent s’apercevoir de la petite fête qu’on leur préparait.

Le feu ayant pris dans une forêt, par la faute d’Indiens qui avaient oublié d’éteindre le feu de leur cuisine en plein vent, les matelots accoururent à son extinction, et, pendant ce temps, on décora complètement le poste et le carré.

Chacun trouva à son retour les présents, les gourmandises que des amis de l’expédition avaient embarqués au départ d’Anvers dans des caisses sur lesquelles on avait écrit : « À ouvrir le jour de Noël. »

Ce fut une joie pour tous que cette petite fête de famille.

La Belgica se dirigea ensuite vers Haberton.

On voulut tenter, de nuit, l’entrée du port ; ce fut une idée qui aurait pu facilement devenir funeste.

Comme on s’approchait, assez prudemment d’ailleurs, de la côte, un homme à l’avant du navire manœuvrait la sonde.

Brusquement, la sonde ayant diminué, on chercha à regagner le large, car, en même temps, on avait aperçu un banc de goëmon[12], qui indiquait la présence de roches.

Mais, il était déjà trop tard : le courant drossait[13] le navire sur les roches.

Vainement fit-on des efforts multipliés pour dégager le navire ; le lendemain, il s’inclinait, puis se couchait sur tribord à la marée descendante.

Un fermier, qui de loin avait vu l’accident, vint à bord avec des Indiens. On embarqua dans un des chalands, qu’ils avaient amenés, une certaine quantité de charbon, et la provision d’eau fut jetée à la mer. On pensait que le navire, ainsi allégé, se remettrait à flots. Il n’en fut rien. La tempête s’était élevée, les voiles furent hissées ; mais tout fut inutile, le navire ne bougea pas !

Le commandant de Gerlache convoqua dans sa cabine les officiers Amundsen et Lecointe. Il leur déclara qu’il croyait que le navire était en perdition et demanda s’il n’y aurait pas lieu de jeter la cargaison à la mer.

Mais aucun des officiers ne voulut se résoudre à cette extrémité.

Cependant, la tempête continuait à faire rage, et la Belgica, soulevée par de brusques secousses, retombait sur les roches et menaçait de se briser.

Tout le monde croyait bien que tout espoir était perdu pour le cher navire.

Le commandant en second, Georges Lecointe, dit alors à Arctowski d’aller chercher les couleurs[14], pour les hisser et dire l’adieu à la patrie lointaine.

Pendant que l’officier, à la hâte, descendait dans l’entrepont chercher le pavillon, le commandant fit tenter un dernier effort. Les voiles furent de nouveau hissées, la machine mise sous haute pression, et, comme l’officier remontait avec le pavillon belge à la main, la Belgica faisait un bond énorme, plus violent que les autres et était complètement dégagée.

C’était le salut pour le navire !

De Gerlache, en apercevant les couleurs nationales belges aux mains de l’officier, fut profondément ému ; en effet, la Belgica perdue, c’était l’expédition finie, les espérances anéanties.

Mais le pavillon belge fut hissé tout de même, cette fois, non comme un signe d’adieu suprême, mais comme un signe de délivrance, et, l’officier s’adressant à de Gerlache, lui dit, en montrant le pavillon tricolore : « Commandant, c’est dimanche, j’ai fait hisser les couleurs ! »

La Belgica, dégagée, alla chercher refuge dans Porto-Toro, sur la côte est de l’île Navarin[15], puis se dirigea vers la Terre de Feu.

Les habitants de la Terre de Feu sont presque aussi inconnus pour nous, aujourd’hui, qu’en 1520, époque à laquelle Magellan découvrit le pays.

La Belgica s’y rendant, les explorateurs en profitèrent pour étudier les mœurs des indigènes de cette contrée si retirée, si éloignée et si peu visitée.

Les indigènes de la Terre de Feu forment trois races bien distinctes ayant un physique, un langage, des mœurs tout différents les uns des autres.

Les îles des environs du cap Horn[16] et celles du nord du canal de Beagle sont habitées par les Indiens Yaligens, qui vivent sur les canaux et se nourrissent des produits de la mer.

Les Alacaloufs, petits de taille, habitent dans les passages du Chili occidental. Ils vivent dans des canots et des pirogues construits en écorce de hêtre, se nourrissent de poissons, de mouches, d’escargots, de crabes.

L’autre tribu est, au contraire, composée de géants véritables, qui ont reçu le nom d’Onas, que leur ont donné leurs voisins. Ce sont de véritables sauvages, défiants à l’égard des blancs, n’accueillant aucune tentative du monde civilisé. Ils habitent le sud et l’est de la Terre de Feu.

Les Onas sont de grands et agiles chasseurs, dont les seuls engins de destruction sont l’arc et la flèche.

Leur arc est en bois de hêtre, qu’ils grattent et travaillent à l’aide de coquilles lesquelles en nombre considérable, couvrent la plage. La corde est faite au moyen de nerfs de guanaque tressés. Le travail de l’Ona se limite strictement à la chasse ; il porte constamment avec lui son arc et son carquois, l’œil toujours en quête de gibier.

Leur grand but, c’est surtout la chasse du guanaque.

La Belgica ne devait pas tarder à quitter Harberton et à faire voile vers l’est, dans la direction de l’Île des États, surtout bien connue à cause des tempêtes si fréquentes qui sévissent sur ses côtes. Là, on fit la dernière provision d’eau. En quittant l’Île des États, le 14 janvier 1898, l’expédition partait pour un autre monde loin de toute civilisation.

Après avoir quitté l’Île des États, l’expédition s’occupa de tracer une ligne de sondages reliant le cap Horn aux Shetland du Sud, de faire des observations océanographiques, recueillir des échantillons de sédiment sous-marin, et rechercher quelle devait être la température, la densité, la composition de l’eau de l’Océan à différentes profondeurs.

On trouva en vue des Îles Shetland du Sud une profondeur de plus de 4,000 mètres, alors que non loin de là on n’avait trouvé que 1,564 mètres.

Le 19 juin[sic], les explorateurs virent apparaître le premier Iceberg[17].

Dès ce jour, on rencontra de nombreux albatros à bec blanc et à bec noir, de blanches diomades exulans, des pigeons du cap, des sternes[18] ; tout ce monde volait autour de la Belgica en poussant de singuliers cris, pendant que, dans l’Océan, des mégaptères et des baleinoptères venaient respirer et souffler bruyamment à la surface des eaux.

Le 20 janvier, les voyageurs apercevaient, dans le sud, la côte septentrionale des Îles Shetland.

Le surlendemain, au matin, devait survenir une violente tempête. Le vent, au début, n’était pas très fort et n’avait pas de direction fixe ; mais la mer qui roulait sous tribord à l’arrière de la Belgica l’enlevait sur ses flots comme un jouet. Par instant, les flots, se brisant au milieu du navire, inondaient le laboratoire et l’arrière.

Cela devait être la triste cause d’une pénible catastrophe.

En effet, une partie du charbon qu’on avait dû entasser sur le pont était entraînée par la mer dans les dalots[19], empêchant l’eau de s’échapper.

L’un des jeunes matelots, Wiencke, qui était de quart, se trouvait occupé à vider les dalots. Au cours de l’après-midi, la tempête s’aggrava, devenant de minute en minute plus violente.

De gros paquets de mer venaient s’abattre sur la Belgica avec une force grandissante, pendant que le vent démontait tout avec fracas.

Tout ce qui n’était pas attaché solidement sur le pont passait prestement par-dessus le bord.

Vers les trois heures de l’après-midi, le premier officier Roald Amundsen et le docteur Cook, qui se tenaient sur le pont, essayaient de reconnaître un mystérieux objet noir qui s’apercevait en droite ligne sur la route que suivait le navire, quand ils perçurent, avec effroi, un cri qui n’avait rien d’humain, un cri dont la force et l’expression de douleur les fit frissonner.

Ils retournèrent sur leurs pas, mais ils ne virent rien qui put leur indiquer d’où la voix était partie.

L’officier Amundsen croyant qu’il s’était produit un accident dans la chambre de chauffe, courut de ce côté, pendant que le docteur Cook se dirigeait à l’arrière, au point de quart.

Là, le docteur eut l’explication du cri terrible qu’il avait entendu.

Dans les vagues furieuses et immenses, un homme se débattait : c’était le pauvre matelot Wiencke.



Pendant qu’il était occupé à dégager les dalots, il avait perdu l’équilibre et était tombé dans la mer démontée, et c’était sa voix qui, au milieu de la tempête, avait glacé d’effroi l’officier et le docteur.

Avec une grande présence d’esprit, le jeune matelot avait, en tombant à l’eau, attrapé la ligne de loch[20], le docteur en saisit vite l’autre extrémité et se mit en devoir de l’attirer lentement ; mais le matelot glissa jusqu’à ce que sa main s’arrêtât contre le loch, auquel il se maintint d’une étreinte mortelle. Avant que le docteur eut amené toute la longueur de la ligne, tout le monde était sur le pont. Mais il n’y avait pas grand-chose à faire : le navire bondissait impétueusement, et la force du vent ne permettait pas de mettre un canot à l’eau.

Pendant que le docteur amenait Wiencke près de l’arrière, le commandant en second, Georges Lecointe, avec une admirable bravoure, s’offrit à descendre dans l’eau glaciale pour aller passer une corde autour du pauvre compagnon. Il demanda vivement une corde qu’on lui attacha à la ceinture, et deux matelots le descendirent dans la mer.

Il tint un instant Wiencke dans ses bras ; on fit des efforts désespérés pour les hisser tous deux à bord, mais, entraîné par une grosse vague, sous le navire, le commandant Lecointe laissa échapper, malgré lui, son précieux fardeau.

Tous se mirent en devoir de haler le pauvre Wiencke sur le flanc de la Belgica, où ils espéraient le prendre.

Pendant ce temps, le géologue Henryk Arctowski, qui tenait seul la corde où s’était amarré le commandant Lecointe, menaçait d’être entraîné lui-même à la mer ; mais il luttait pour ne pas lâcher prise sous l’effet des chocs des plus violents, qu’il recevait dans les bras à chaque coup de tangage.

Le commandant fut enfin hissé à bord, pendant que tous persistaient dans leurs efforts pour saisir Wiencke. Mais, tout à coup, la ligne que le malheureux matelot tenait convulsivement rompit et Wiencke s’enfonça lentement dans le gouffre.

Le jeune matelot n’avait que des amis, et tout le monde ressentit vivement sa perte.

Plusieurs pleurèrent.

Enfin, vers le soir, la tempête s’apaisa.

Disons quelques mots de l’historique des îles Shetland où l’expédition venait d’arriver : cette histoire, d’ailleurs, est brève. Il y a une trentaine d’années, les îles des environs du cap Horn et les îles Shetland du sud étaient assiégées par les Américains, chasseurs de phoques.

Ils opérèrent si bien, que cinq années furent suffisantes pour que ces amphibies eussent disparu presque complètement. Un de ces chasseurs de phoques, le capitaine Nathaniel Palmer, parti vers le Sud, dans une simple petite chaloupe de cinq tonnes, à la recherche de nouvelles terres favorables à la chasse, découvrit une contrée très vaste recouverte de glaces et bien peuplée de phoques.

Quelques années plus tard, le capitaine anglais Biscoe, un chasseur d’éléphants de mer, rencontra à une distance un peu plus éloignée vers le sud-ouest une portion de la même contrée.

Plus tard encore, un autre chasseur de phoques, un Allemand, le capitaine Dallmann, visita une partie de la même côte septentrionale.

Mais, c’est réellement à Palmer que revient l’honneur de la découverte de cette vaste contrée, et il y a lieu de regretter que l’on ait omis de donner son nom à cette terre oubliée.

Vers le soir, l’expédition s’avança vers l’île Auguste, une île de peu d’étendue où l’on ne put atterrir qu’à dix heures ; une barque fut mise à la mer, et tous se hâtèrent d’y descendre, avides de recueillir les premières constatations relatives à la flore et à la faune antarctiques.

C’était, d’ailleurs, une nuit étrange, où toute chose paraissait aux explorateurs comme d’un autre monde. Le paysage, la vie, les nuages, l’atmosphère, l’eau, tout avait un air de mystère.

Rien ne ressemblait ici à ce qui, aux antipodes, était familier aux voyageurs. Et, apparemment, le Groënland et les paysages antarctiques doivent former un contraste aussi énorme que la distance qui les sépare.

Tandis que les explorateurs ramaient, une clarté grise s’épandait sur les eaux. Elle eût permis, même à minuit, de lire les caractères ordinaires d’un journal.

Cette clarté, qui s’étendait sur les régions à l’est et à l’ouest, en découpait si nettement les contours, qu’il était possible de prendre des photographies au milieu même de la nuit.

La mer était unie comme un miroir, la terre lointaine, toute calme. Mais il régnait une animation extrême. D’étranges cris, parfois effrayants, traversaient l’espace : c’étaient l’appel singulier des cormorans[21], la voix si pénétrante des sternes, le guttural cri des manchots, les jets soudains de vapeur d’eau produits par les baleinoptères, les éclaboussements d’eau autour des phoques et des manchots.

Après des pérégrinations assez mouvementées, la Belgica se trouva, le 16 février, en présence d’une terre assez vaste sur laquelle s’élevaient deux hautes chaînes de montagnes dont les sommets étaient couverts de neige.

C’était la Terre Alexandre Ier, découverte, il y a près de quatre-vingts ans, par l’explorateur russe Bellinghausen. Il ne l’avait aperçue que d’une grande distance, et, depuis lors, nul regard humain ne l’avait vue. Cette terre se trouve à 67° 58’ de latitude sud et à 69° 53’ de longitude est de Greenwich.


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Notes :
  1. 110° à 120° de latitude.
  2. L’avant du navire est la partie antérieure du bâtiment en terme de marine ; la carène (du latin carina) est la partie inférieure du navire, la quille ainsi que les flancs jusqu’à fleur d’eau.
  3. Les marins craignent et redoutent le Pampero, qui marche avec une rapidité effrayante.
  4. Patagonie, vaste contrée à l’extrémité méridionale de l’Amérique du Sud, bornée au nord par le Chili et la Plata, au sud, par le détroit de Magellan, qui la sépare de la Terre de Feu ; à l’est, par l’Océan Atlantique ; à l’ouest, par l’Océan Pacifique.
    Ses montagnes se composent d’une série de plateaux adossés à la chaîne des Andes. La côte ouest offre beaucoup de baies et d’îles.
    Les animaux les plus répandus y sont : les tatous, les guanacos, les cerfs, les chevreuils, les casoars, les condors, les aigles. Les chevaux sont assez nombreux dans la région andine de la Patagonie.
    On y trouve un assez grand nombre de rivières et de lacs.
  5. 1470-1521.
  6. Le détroit de Magellan est donc le bras de mer qui se trouve entre l’extrémité sud de l’Amérique et la Terre de Feu.
  7. Il y a aussi un groupe d’îles qui portent le même nom, les Vierges ; elles sont au nord des Petites Antilles et appartiennent aux Danois, aux Anglais et aux Espagnols.
  8. Le même nom a été donné à une province de la République du Brésil ; elle a 136,000 habitants et pour chef-lieu la ville de Nossa-Senhorra-de-Vittoria.
  9. De l’espagnol placel, qui veut dire banc de sable. On donne ce nom de placer au lit des cours d’eau d’où l’on extrait l’or.
  10. Ils venaient des îles Falkland. Ces îles, appelées aussi îles Malouines, sont situées dans l’Atlantique. Elles appartiennent à l’Angleterre.
  11. On donne ce nom de soute au réduit pratiqué dans la cale d’un navire pour recevoir toutes sortes de provisions et de munitions. C’est ainsi qu’il y a la soute aux poudres, la soute au charbon, la soute au biscuit, etc.
  12. C’est le nom donné au Varech dans certains pays. On sait qu’on appelle ainsi du nom de varech ou varec une plante marine de la famille des algues.
  13. Drosser, terme de marine, qui veut dire dresser.
  14. C’est-à-dire le drapeau, le pavillon — terme de marine.
  15. On sait qu’il y a une ville du Péloponnèse portant le même nom, et qui a un port sur la mer Ionienne.
  16. Cap Horn, c’est un cap de l’Amérique du Sud, découvert, en 1578, par l’anglais Francis Drake. Sa pointe la plus méridionale se trouve par 55° 58’ 40’’ de latitude sud, et 69° 34’ 30’’ de longitude ouest.
  17. L’Iceberg (de l’anglais Ice, et de l’allemand Berg, montagne) est une montagne de glace provenant de la rupture du front des glaciers polaires, au contact de l’eau de la mer. Les blocs énormes ainsi formés deviennent flottants à l’instant même où ils se détachent du glacier ; leur portion immergée, quand ils sont de forme irrégulière, équivaut à quatorze ou seize fois la hauteur de la partie émergeante.
  18. Genre de palmipèdes Iongipennes maris.
  19. Le dalot est un trou fait dans la muraille d’un navire, à la hauteur d’un pont, pour faire écouler les eaux.
  20. Le loch (de l’anglais log) est un instrument servant à mesurer la vitesse d’un navire.
  21. Le cormoran est un oiseau palmipède à plumage noirâtre. Il vit de poissons, et dans l’empire chinois on s’en sert pour pêcher.