À l’aventure en Algérie/Texte entier

À l’aventure en Algérie (avant 1886^[1])

J. Hetzel.

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À L’AVENTURE
EN ALGÉRIE

PARIS. — IMPRIMÉ CHEZ BONAVENTURE ET DUCESSOIS,
55, QUAI DES AUGUSTINS.

À L’AVENTURE

EN

ALGÉRIE

PAR MADAME

LOUISE VALLORY

PARIS
COLLECTION HETZEL
J. HETZEL, LIBRAIRE-ÉDITEUR
18, RUE JACOB

PREMIÈRE PARTIE.

I

ALGER.

VIE EXTÉRIEURE.

Depuis 1830, on a dit tant de choses sur l’Algérie, qu’il semble qu’on ait tout dit, et c’est en vérité une témérité grande que de venir apporter son livre à cette montagne de livres intitulés Souvenirs d’Algérie.

Un peu d’audace sert quelquefois. Si l’on a beaucoup parlé sur ce pays, est-ce une raison pour qu’on le connaisse vraiment ?

On a, l’an passé, fondé une école franco-arabe dans je ne sais plus quelle tribu du cercle de Médéah ; ce poste n’aura été confié sans doute qu’à un homme secondaire, à l’esprit borné, faisant vaille que vaille son métier de magister et qu’on trouvera toujours assez fort et assez savant pour instruire des enfants arabes ; il n’aura aucune influence ni sur les enfants ni sur les parents qui garderont leurs fils chez eux et continueront à leur faire apprendre à lire et à écrire en arabe par le marabout de la tribu, et cet essai n’ayant pas réussi, on en conclura une fois de plus que la race arabe est inéducable.

Pour inoculer l’intelligence, il faut des hommes intelligents ; pour semer des idées dans des natures neuves où il est besoin de créer et non de continuer, il faut des hommes de vocation qui comprennent la mission qui leur est imposée et se sentent à son niveau, qui s’y dévouent corps et âme, qui fassent de l’art et non pas seulement du métier ; car dans l’art, il y a toujours de l’amour. Il faut des hommes qui consentent à vivre de la vie des Arabes, parlent leur langue, s’assimilent leurs coutumes et leurs idées pour les réformer et en faire jaillir la lumière.

Il faut surtout transformer, relever la femme arabe, en faire une femme et non pas la laisser ce qu’elle est : une femelle, avec ses instincts bons et mauvais, et plutôt mauvais que bons.

Un jeune commandant de bureau arabe, que je rencontrai au milieu du Sahara, en passant à Chellala, me disait avec une grande justesse d’appréciation : « J’engage autant que je puis les femmes des tribus à venir m’exposer leurs griefs, à m’adresser elles-mêmes leurs réclamations, pour que les Arabes s’habituent peu à peu à les considérer comme des individualités ayant leur rang dans la hiérarchie sociale. Ce n’est que par les femmes que nous pouvons espérer relever, régénérer, moraliser le peuple arabe, » et il disait vrai. Là où la femme est tombée dans l’abjection, l’homme s’amoindrit. Pourquoi la France est-elle à la tête des nations, à la tête de tout ce qui est initiative ? C’est que c’est encore en France où la femme est plus libre, plus considérée, plus elle-même. Si l’on veut qu’une nation soit grande, qu’on y fasse la femme grande.

Et je pensais tout cela en prenant congé de la famille du bacha-agha, spécimen de la vie seigneuriale sur les marches du désert.

Je regrettai, je l’avoue, de partir sans avoir pu lire tout au long le roman du cœur de la belle fiancée, roman qui s’est terminé bien prosaïquement sans doute. Toute vie de femme a son heure de poétiques enchantements : le plus souvent, hélas ! ce ne sont que fugitifs gazouillements, parfums éphémères qu’emportent les brises d’un soir de mai, et la douce fleur se referme sans avoir fécondé une autre âme.

Mais ces germes d’amour s’épandent dans l’espace, se mêlent à l’air qu’on respire et font vaguement rêver d’autres cours solitaires et incompris ; car rien n’est perdu dans la nature. Elle est une fécondation incessante.

J’avais fini mes pérégrinations dans le Tell ; j’allais, m’enfoncer dans le désert, cette terre du recueillement, de la contemplation muette, des silences écrasants. La pensée se fatigue à essayer de comprendre cette nature grandiose, muette et terrible, comme l’œil à embrasser ses horizons sans fin. On est tout enveloppé d’elle et on la sent toujours loin de soi, et l’on ne songe plus qu’à se prosterner, à confesser son impuissance, à écouter la grande voix du Sina qui vibre sur ses djebels enrayonnés.

En Europe, la nature a un tout autre aspect : elle brise ses lignes, elle rapproche ses horizons, elle affaisse ses ciels pâlis, elle se fait tout humaine pour habiller avec le cœur ; elle chante, elle pleure, elle berce, elle murmure des mots tendres à demi-voix, elle veut le deux à deux, elle invite aux douces confidences.

En Europe, la nature est une amie.

En Afrique, elle reste toujours une divinité.

FIN.

TABLE DES MATIÈRES.

PREMIÈRE PARTIE.

I.

Alger. Vie extérieure

1

II.

Alger. Vie intérieure

24

III.

Alger. Noces et festins.

46

IV.

Blidah.

77

V.

Les goums.

116

DEUXIÈME PARTIE.

I.

Médéah.

157

II.

Boghar.

212

III.

Teniet-el-Head.

286

entreprise. Si le résultat répond à nos efforts, elle sera d’un secours sérieux non-seulement pour les parents qui ont souci de l’éducation de leurs enfants, mais pour les instituteurs et les institutrices qui se vouent à la noble tâche d’instruire et d’élever les générations nouvelles.

J. HETZEL.

EN PRÉPARATION :

OUVRAGES DE M. JEAN MACÉ

Devant paraître successivement

dans le Magasin illustré d’Éducation et de Récréation.

LES SERVITEURS DE L’ESTOMAC, faisant pendant à l’Hitoire d’une Bouchée de pain.

VOYAGE AU PAYS DE LA GRAMMAIRE.

HISTOIRE DE LA TERRE.

HISTOIRE DU CIEL.

HISTOIRE D’UNE GOUTTE D’EAU.

REVUE SCIENTIFIQUE DES JOUJOUX.

PARIS. — IMPRIMERIE DE J. CLAYE, RUE SAINT-BENOÎT. 7.

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↑ Contient un message de J. Hetzel.

[1] Contient un message de J. Hetzel.

[1]

PREMIÈRE PARTIE.

IALGER.

VIE EXTÉRIEURE.

TABLE DES MATIÈRES.

I

ALGER.