À ma femme

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À ma femme
Revue de Montréal1 (p. 41).

À MA FEMME


Hélas ! ma bonne amie, elle fut bien ardue
La route que, sans toi, j’avais à parcourir ;
Et de tout ce qu’on peut endurer sans mourir,
Mon cœur a bien des fois mesuré l’étendue.

Souvent j’ai failli croire, à force de souffrir,
À la fatalité sur mon front suspendue ;
Et si mon âme, enfant, dans l’orage éperdue,
N’a pas senti parfois son courage tarir,

C’est que, lorsque le vent du Nord battait ma voile,
L’espérance était là, resplendissante étoile,
Dont le rayon béni venait sécher mes pleurs ;

Cette étoile aujourd’hui, c’est ton sourire d’ange,
Ô femme ! et pour payer un bonheur sans mélange,
C’est encore bien peu que vingt ans de douleurs !


Louis-H. Fréchette.