À un poète parisien

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À UN POÈTE PARISIEN


 
Dans l’arbre surplombant la cataracte blanche
Dont les grondements sourds attristent les échos,
Le chantre de l’été parfois le soir se penche
Et mêle sa cantate aux mille bruits des flots.

Ô merveille ! bientôt la limpide avalanche,
Pour entendre monter dans l’air les trémolos
Que le doux rossignol fait pleuvoir de la branche,
Semble insensiblement étouffer ses sanglots.

Comme l’oiseau divin, ô poète sublime !
Tu chantes hardiment au-dessus d’un abîme
D’où montent le blasphème et de fauves rumeurs ;

Et souvent, pour ouïr la mâle symphonie
Que sur l’humanité verse ton fier génie,
Le vieux Paris, ému, fait taire ses clameurs.