Édouard Schuré/Opinions

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Librairie E. Sansot & Cie éditeurs (Les Célébrités d’aujourd’hui) (p. 29-32).

OPINIONS


De M. Henry Bérenger :

Dans l’œuvre d’Édouard Schuré, la poésie fut toujours associée à la science, l’érudition à l’imagination, et ces deux puissances de l’esprit, qui d’ordinaire se contredisent et s’étouffent, se sont au contraire, enlacées et fécondées à la flamme d’un foyer unique et perpétuel. Précurseur de la nouvelle génération idéaliste, Édouard Schuré n’a jamais conçu que l’on puisse séparer les forces de l’âme ni les virtualités de l’univers.

…C’est précisément l’esthétique dramatique d’Édouard Schuré. Il prend l’histoire comme cadre mais il invente un drame. Ses héros n’ont pas existé, mais ils en existent que mieux. Ils achèvent la vie en la dépassant. Ils sont la couronne idéale des siècles morts… C’est dans ce sens que le symbolisme historique s’est imposé à la dramaturgie d’Édouard Schuré.

(Revue d’art dramatique. Juin 1900.)


De M. Ludwig Schemann.

Pour tout le monde, les Grands Initiés signifient d’une part un puissant effort de l’esprit humain pour s’arracher à la vieille idée du Dieu judaïque, et de l’autre un grand pas en avant de l’âme humaine, menacée de mort par la science matérialiste, un pas vers le but qui est aujourd’hui le soupir et l’appel de tous, vers la réconciliation de la Science et de la Foi… Plus les choses temporelles nous déçoivent et nous laissent en plan, plus nous devons chercher consolation et renfort dans l’Éternel. Et il n’y a pas beaucoup de livres qui seraient capables comme celui-ci de nous consoler et de nous réconforter dans tous les cas et par-dessus les pires perspectives.

(Bayreuther Blaetter. 1897.)


Du Docteur Rudolf Steiner.

La lumière qui émane de ce livre est capable d’éclairer tous les esprits qui cherchent actuellement la force et la sécurité et veulent prendre racine dans les dessous spirituels de la vie. — Il suffit de comprendre les besoins religieux de l’heure présente pour se rendre compte de tout le bien que pourra faire cette œuvre. On y trouve la preuve historique que l’idée de religion est inséparable de l’idée « d’initiation » ou « d’illumination ». Rien de plus universellement humain que le besoin religieux. Une âme qui croit pouvoir vivre sans religion se trompe lourdement sur elle-même. Mais seuls les messagers du monde spirituel, qui ont gravi les degrés extrêmes au pays des Voyants, peuvent apporter aux âmes la lumière dont elles ont soif. S’il est vrai que les religions sont capables de révéler les plus hautes vérités aux cœurs les plus simples, il n’est pas moins vrai que leur source se trouve au point où l’esprit se dépouille du vêtement des apparences pour devenir l’imagination créatrice en communiquant directement avec l’essence des choses qui est la suprême réalité. Ainsi la recherche de la vérité devient l’inspiration, qui, par delà les êtres multiples et leurs reflets changeants, s’abreuve à la lumière primordiale des Idées.

En représentant les fondateurs des religions comme les plus grands des Initiés, Schuré a fait jaillir le développement religieux de l’humanité de ses racines les plus profondes. Ce livre est un des meilleurs symptômes de la spiritualité renaissante de notre temps. Nous comptons l’auteur de cette ouvrage parmi ceux qui marchent d’un pas intrépide dans l’aurore d’un âge nouveau.

(Préface à la traduction allemande des Grands Initiés.)


De M. Philippe Pagnat.

On ne saurait trop montrer dans le jour de leur destin inéluctable ces aventures sentimentales conçues hors la loi d’harmonie et portant en elles le ver destructeur… Cet amour (complet) qui fut un peu celui des grands spiritualistes et que le « bovarysme » tue dans la déformation romantique, doit répondre à toutes les facultés de l’être : physiques, intellectuelles, spirituelles… Dans la Sœur Gardienne, M. Schuré nous offre une autre manifestation de l’avenir créateur. C’est la forme la plus élevée qui soit : le renoncement à l’amour par amour, l’abnégation des aspirations les plus impérieuses et les plus légitimes, le don de soi jusqu’au sacrifice final de sa vie.

(Gotha Français. Décembre 1904.)


De M. Philippe Gille.

D’un travail ces Grands Initiés qui eût pu être une suite d’élucubration de philosophie civile et dont l’idée tombée en d’autres mains eut été prétexte à un jargon de pédants, l’auteur a su, par l’intensité de sa vision, sa pénétration des textes, faire un livre d’intérêt impérieux, de lecture attrayante ; poète en même temps que philosophe, il nous conduit à travers les plaines infinies de l’espace et du temps, et nous y montre les splendeurs d’une vie éternelle dont nous ne sommes séparés que par le mince et impénétrable obstacle de la matière qui nous enveloppe.

(Le Figaro. 13 septembre 1893.)


De M. Jean Dornis.

L’auteur de La Prétresse d’Isis n’ignore point la répugnance de ses contemporains pour les recherches qui ne tombent pas immédiatement sous les sens. « Dans notre présent état, corporel, dit-il, nous avons peine à concevoir la réalisation de l’impalpable… » Le fait est qu’en composant ce roman de l’Âme, par lequel il veut fermer le cycle actuel de ses recherches, l’auteur s’est constamment souvenu de cette « doctrine orphique » que la Grèce avait empruntée à l’Égypte et dont M. Schuré dit, dans les Sanctuaires d’Orient, qu’elle fut « un essai d’expliquer l’origine et la fin de la vie par l’histoire de l’âme, tour à tour opprimée sous le joug de la matière, ou rendue à la liberté de l’esprit. »

(Le Figaro. 30 septembre 1907.)