Éléonore d’Yvrée/Dédicace

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Estienne Foulque & Louis Van Dole.

À MADAME
LA
DAUPHINE

Madame,

Vous avez eû la bonté de me permettre de vous dedier cette petite Nouvelle, mais je tremble quand il s’agit de vous la preſenter, & la delicateſſe de vôtre goût me donne autant de crainte, que vôtre auguſte Perſonne m’inſpire de reſpect. Quoy qu’il ſemble que ce ne ſoit pas une grande loüange pour une Princeſſe de vôtre rang, que celle d’avoir du diſcernement pour les Ouvrages de cette eſpece, il eſt cependant vray que c’eſt une ſuperiorité d’eſprit, qu’il eſt agreable d’avoir, quand on eſt deja au deſſus des autres par toutes ſortes d’endroits, & ce merite n’a jamais été negligé que de celles qui n’y pouvoient pretendre. Il eſt bien juſte, Madame, que ceux qui ſe meſlent d’écrire, vous conſacrent leurs Ouvrages, puis que vous leur faites l’honneur de vous y amuſer quelquefois ; & pour moy, ſi la crainte de ne pas meriter la gloire de vôtre Approbation m’a arreſtée, elle cede enfin à l’empreſſement de vous marquer mon zele, & de vous aſſurer que je ſuis avec le plus profond reſpect,

MADAME,
Vôtre tres-humble & tres-obeïſſante Servante.
E. BERNARD.