Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage de Joseph-Philippe Landry, brigadier général

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Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage de Joseph-Philippe Landry, brigadier général
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Témoignage de Joseph-Philippe Landry, brigadier général[1]


Séance du 9 avril, 1918.



JOSEPH PHILIPPE LANDRY, Brigadier Général, Commandant le cinquième District Militaire, étant dûment assermenté sur les Saints Évangiles dépose ainsi qu’il suit :

INTERROGÉ par le Coroner.


Q. En rapport avec vos devoirs militaires vous avez eu connaissance de ce qui s’est passé à propos des émeutes à Québec la semaine dernière n’est-ce-pas ?


R. Jusqu’à un certain point.


Q. Avez-vous eu des correspondances avec le Gouvernement ou avec les autorités civiles et à quel propos ?


R. J’ai eu des correspondances avec le Gouvernement ce sont des rapports officiels qu’on était obligé d’envoyer non pas au Gouvernement mais au Département Militaire. Avec les autorités civiles je n’ai pas eu de communications. ― je n’ai eu que des communications plus ou moins privées avec le Maire, pas d’autres.


Q. Pouvez-vous produire ces documents là ?


R. Non.


Q. Voulez-vous dire pour quelle raison ?


R. Je n’ai pas… Les lettres privées que j’ai pu recevoir du Maire concernaient simplement des détails au sujet de cette affaire et que j’ai envoyées, que j’ai remises au Général Lessard.


Q. Quand les avez-vous remises au Général Lessard ?


R. Je crois que j’en ai eu deux de M. le Maire qui ont été envoyées. C’était simplement des rapports au sujet de personnes qui auraient pu être engagées dans ces affaires là, alors j’ai passé ça au Général Lessard.


Q. Avez-vous eu connaissance cependant que hier le Général Lessard a dit que tous les documents se rapportant à ça, les différentes correspondances étaient entre vos mains ?


R. C’étaient des copies de lettres adressées à moi, lettres qu’on m’a fait parvenir pour faire faire enquête dans ces cas là. Ce n’est rien, cela n’a aucune importance sur cette affaire-ci je ne crois pas. À tout hasard le Général Lessard les a si vous voulez les avoir.


Q. Nous voudrions les avoir pour les produire aux Jurés. ?


R. Si vous voulez les demander au Général Lessard.


Le Major Barclay. — Ce sont des lettres privées adressées au Maire par des citoyens et que j’ai transmises au Général Lessard. ― dont le Maire m’avait transmises des copies et je les ai envoyées au Général Lessard.


Q. Je parle de lettres aux autorités, entre le Gouvernement ?


R. Les rapports que j’ai envoyés, j’ai les documents.


Q. Je voudrais avoir une copie de ces rapports ?


R. Tous les documents que j’ai reçus sont des correspondances confidentielles et secrètes et à moins d’être avisé par le représentant légal je ne crois pas devoir les produire.


Q. Ce n’est pas lui qui décidera si vous devez les produire ou non ?


R. Qu’est-ce-que vous voulez ce sont des rapports confidentiels et secrets sur la situation.


Q. C’est vous qui avez fait ces rapports ?


R. J’en ai fait.


Q. Et vous en avez reçu ?


R. J’ai reçu des instructions.


Q. Avez-vous copie de ces instructions là ?


R. J’ai l’original.


Q. C’est ça qu’on vous demande de produire à l’enquête M. le Général ?


R. C’est secret et confidentiel.


Q. Et vous refusez de les produire ?


R. Comme tel c’est mon devoir de ne pas les dévoiler.


Le Major Barclay. C’est la loi civile de la Province de Québec dans le Code Civil.


Mtre. Lavergne : — Non.


Le Major Barclay. — C’est aussi dans la Loi Militaire, la Loi de la Milice du Canada.


R. Si j’ai la permission de mes supérieurs je les produirai. Je n’ai rien à cacher. Il me faut la permission de mes supérieurs immédiats pour les produire.


Q. Nous allons laisser ça pour un moment et vous allez me dire M. Landry quelles sont les premières informations que vous avez eues relativement à l’émeute ?


R. La première information reçue relativement aux troubles qui ont eu lieu récemment a été jeudi soir entre neuf heures et demi et dix heures moins quart, par l’entremise du Capitaine Desrochers, l’Inspecteur local de la Police Fédérale. Cet officier m’a téléphoné du bureau, du Poste de Police No 3 à St. Roch pour me dire qu’il était dans le Poste de Police avec plusieurs de ces hommes et qu’il y avait un attroupement qu’il estimait à deux ou trois mille personnes, qui offraient régulièrement le siège du poste de police. Il m’a dit alors que le poste était… on dirait des pierres et des glaçons, des briques et toutes sortes de choses sur le poste ― les vitres étaient cassées dans le temps et il m’a demandé d’envoyer cent hommes pour le délivrer ainsi que ses hommes à cet endroit là. Sur ce rapport j’ai fait vérifier les fait en autant qu’il m’était possible. J’ai téléphoné au chef de police pour obtenir les renseignements qu’il pouvait avoir. Le chef de police était au même endroit dans le moment. Il m’a confirmé la situation telle qu’elle m’avait été rapportée. Comme le maintien de l’ordre appartient aux autorités civiles et que l’autorité militaire ne peut intervenir ― ne pouvait intervenir que sur requête faite suivant la loi par le Maire et deux Juges de Paix ou par un Juge j’ai téléphoné immédiatement au Maire de Québec demandant s’il savait ce qui avait lieu à St. Roch et sur sa réponse négative je lui ai appris ce qui m’avait été rapporté par le Capitaine Desrochers et le chef de Police. Une conversation s’en est suivie sur le téléphone avec le Maire, à la suite de laquelle il m’apprit qu’il allait descendre immédiatement à St. Roch pour voir ce qui se passait et tâcher de rétablir l’ordre, et que si à tout hasard il avait besoin de troupes pour le rétablir il communiquerait subséquemment avec moi, mais à tout évènement il m’a demandé de tenir les troupes prêtes à donner main forte au besoin. Ceci se passait je présume quelques minutes après dix heures. J’ai dit au Maire que je descendais immédiatement à mon bureau et que tout téléphone subséquent me rejoindrait là. Après je suis immédiatement descendu à mon bureau et j’ai attendu les nouvelles de M. le Maire, donnant dans l’interval des ordres aux troupes à la Citadelle de se tenir prêtes à descendre immédiatement pour donner main forte aux autorités civiles. Le temps s’est passé et je n’ai pas eu de téléphone de Monsieur le Maire avant minuit moins xxxxquart. À minuit moins quart il m’apprit qu’il était descendu et qu’il avait harangué la foule. Il était descendu avec un échevin je crois et il avait harangué la foule qui était dispersée en grande partie qui ne restait plus que quelques personnes, que les troubles semblaient être finis et qu’il n’avait pas besoin de troupes du tout. Sur ces instructions du Maire j’ai donné instructions aux troupes, ― j’ai donné instructions de renvoyer les troupes à leur sommeil. Je n’ai pas entendu rien de plus ce soir là. Je suis rentré chez moi vers minuit et demi. Les troubles cependant n’étaient pas finis d’après les rapports que j’ai eus le lendemain. L’émeute a duré encore une heure après le téléphone du Maire et durant ce temps là deux ou trois hommes de la police fédérale ont été blessés. Le lendemain je me suis xxxx rendu de bonne heure à mon bureau et je me suis enquis de toutes les circonstances.


Q. Auprès de qui ?


R. Auprès de mon état-major, de mon service secret, enfin de plusieurs qui pouvaient me donner des renseignements sur la situation.

INTERROGÉ par M. Lepage.


Q. Je voudrais vous poser une question. Est-il à la connaissance des autorités militaires que les deux qui ont été blessés l’ont été après qu’ils ont eu laissé la Poste de Police ?


R. C’est sur le rapport qui m’a été fait directement par le chef, le capitaine Desrochers, c’est dit qu’ils ont été blessés après.


Q. Après qu’ils ont laissé la police de Québec ?


R. Après que le Maire eut téléphoné que tout était fini. Ces hommes là ont été blessés le jeudi soir, le premier soir, les troupes ne sont pas intervenues du tout ce soir là.


Q. Je voudrait savoir s’ils ont été blessés en compagnie de la police ou s’ils l’ont été avec la police ?


R. Il y en a un qui avait laissé le Poste de Police, je crois, je n’en connais rien personnellement. J’ai compris que l’un d’eux avait été blessé dans un char ― un autre a été blessé au Poste de Police ― le capitaine Desrochers a été blessé au Poste de Police.


Q. Les autorités militaires ont eu l’air de prétendre qu’il y avait deux blessés qui étaient sortis de la xxx station de police pour être battus ? xxxx


R. Je ne connais personnellement à ce sujet là. Tout ce que je sais c’est que le trouble a duré à peu près une heure après le temps que M. le Maire a dit que les troupes ne seraient pas requises. C’est tout ce que je sais. Pour en revenir à vendredi, je me suis informé de tous les bords pour tâcher de juger la situation. Les plaintes sont arrivés de différents endroits que les émeutiers xxxxxx menaçaient dans l’après-midi et le soir d’attaquer l’Auditorium, qu’ils menaçaient d’attaquer les bâtisses gouvernementales, le Manège, l’Hôpital Militaire, le Bureau de Poste, enfin il y avait plusieurs bâtisses de menacées de plusieurs façons. Après avoir collecté tout ce que j’ai pu je me suis mis en communication avec le Maire.


Q. Axxxx Aviez-vous à ce moment là conféré avec les autorités militaires à Ottawa ?


R. J’avais envoyé un rapport de ce qui se passait la veille aux autorités militaires.


Q. Avez-vous une copie de ce rapport, général ?


R. J’en ai conservé une copie.


xxxxQ. Voulez-vous le produire maintenant ?


R. C’est sujet à la même objection que tout à l’heure.


Q. De sorte que vous refusez totalement de produire aucune de ces correspondances là ?


R. Je refuse de produire les rapports qui sont secrets et confidentiels.


Q. Sous prétexte que ce sont des documents secrets et confidentiels ?


R. Il n’y a rien dans ces rapports là qui xxxx soient autres que ce que je vous ai raconté.


Q. Vous comprenez que les Jurés sont très anxieux de savoir de quelle manière ces rapports là sont faits. Si vous refusez formellement de les produire……


R. Du moment que j’aurai l’ordre de mes supérieurs de les produire je n’ai aucune objection personnellement. Je les produirai. Je ne peux pas produire des documents secrets et confidentiels pour mon Département sans obtenir leur assentiment.


Q. Consentez-vous à demander la permission et à les produire ? si vous êtes autorisé à les produire ?


R. Je vas demander la chose.


Q. Et vous les produirez si vous avez la permission de les produire ?


R. Oui.


Q. Si on vous refuse vous nous en ferez rapport également ?


R. Oui.


Q. Continuez.


R. J’ai eu une conversation avec M. le Maire vers onze heures vendredi matin à l’effet de voir la situation avec lui et d’attirer son attention sur certaines choses qu’il devrait faire, entre autre, le Régistraire m’avait envoyé un officier pour me dire que l’Auditorium devait être attaqué l’après-midi ou le soir et demander au Maire de prendre des mesures spéciales pour défendre cet endroit là. Je lui ai même donné quelque peu en détail ce qu’il pourrait faire pour empêcher la foule de briser et de causer des dommages à cet édifice. Je lui ai dit aussi que s’il avait besoin ― je lui avais dit la veille, ― que s’il avait besoin de l’assistance des troupes qu’il pouvait compter sur moi, que les troupes étaient sous mon commandement. Je lui ai dit ce matin là que s’il avait besoin de l’assistance des troupes dans la journée que j’étais prêt à lui donner, seulement qu’il y avait des formalités à remplir et je lui ai dit qu’il serait bon de remplir ces formalités là immédiatement. La Loi exige une requête par écrit du Maire signée par deux Juges de Paix. Je l’ai avisé de se mettre en communication avec l’avocat de la Cité pour faire faire les procédures immédiatement afin que ça ne puisse pas être une cause de retard plus tard. J’ai conversé avec d’autres aussi mais ce sont les deux principaux points de ma conversation avec lui. Les rapports qui me sont arrivés pendant la journée c’est qu’il n’y a eu aucun trouble dans l’après-midi. Le soir, à huit heures et quarante cinq ― j’ai pris l’heure exactement ― le chef de Police m’appelle chez moi, le chef Trudel et il me dit que le Maire aurait probablement besoin de la troupe et me demande de prendre l’action nécessaire pour l’aider. Il me donne l’information que les gens montaient de St. Roch, qu’ils étaient attroupés sur la place Jacques Cartier et qu’ils montaient à St. Roch. Je lui ai demandé où il était. Il m’a dit qu’il était chez le Maire. Je lui ai demandé si le Maire était avec lui. Il m’a dit que oui. Je lui ai demandé de descendre immédiatement à mon bureau et je suis descendu immédiatement à mon bureau et je suis arrivé à mon bureau quelques minutes avant neuf heures. Le Maire m’a rejoint deux ou trois minutes plus tard. Il m’a présenté une requête pour avoir l’assistance militaire. Cette requête était informe, elle n’était pas faite suivant les exigences de la loi. Je lui ai dit qu’il manquait la signature de deux Juges de Paix telle que l’exigeait la loi.


Q. Avez-vous cette requête là ?


R. Je l’ai ici oui.


Q. Voulez-vous produire une copie certifiée ?


R. Voici ― les deux signatures des Juges de Paix manquaient dans ce temps là. Comme je l’avais averti le matin de prendre les mesures nécessaires pour compléter ce document requis d’une façon légale, je lui ai exprimé ma surprise que ce document me fut présenté sans être dans la forme requise et je lui ai demandé de bien vouloir le compléter immédiatement par la signature de deux Juges de Paix.xxxxxx


Mtre. Lavergne. Voulez-vous être assez bon de donner lecture de cette requête ?


R. Oui. (Le témoin donne lecture de la requête). La signature des deux Juges de Paix n’était pas sur cette requête ni l’heure à laquelle elle xxxxxx a été présentée, lorsqu’elle me fut donnée la première fois. La première fois qu’elle me fut présentée était à neuf. J’ai demandé alors à M. le Maire de la faire compléter immédiatement. Je lui ai même offert d’envoyer mes officiers d’état major pour trouver deux Juges de Paix dans les environs afin de compléter cette procédure le plus vite possible. Je concevais l’importance, la nécessité de l’avoir toute prête aussi vite que possible. xxxxxx N’ayant pu trouver de Juges de Paix dans les environs, M. le Maire est parti avec le Chef de Police pour faire signer cette requête. Dans l’interval, j’ai donné instructions aux troupes de se tenir prêtes à partir à un instant d’avis. Les troupes d’ailleurs avaient été casernées depuis le midi pour pouvoir être en mesures d’assister l’autorité civile à maintenir la paix du moment que la demande serait faite. M. le Maire est revenu à neuf heures et cinquante sept, (9.57), tel que marqué sur la requête. La requête m’a été présentée à neuf heures cinquante sept. Instructions ont été données immédiatement aux troupes de la Citadelle de descendre rencontrer M. le Maire au pied de la Côte de la Citadellexxx. Le Maire est parti immédiatement avec le chef de police et c’est là que j’ai donné une copie de la proclamation sous l’acte des Émeutes. Je l’ai averti qu’il devait lire cette chose avant de donner des instructions aux troupes de tirer. J’ai dit : Les troupes ne tireront pas sans que vous leur donniez xxxx l’ordre. C’est vous qui êtes en commandement de ce détachement. Je le mets sous vos ordres et c’est vous qui donnerez les instructions requises. Il a paru me comprendre et il est parti. M. le Maire, d’après le rapport que j’ai reçu subséquemment, et le bataillon du Colonel Beaubien qui avait été mis sous ses ordres sont arrivées sur la place de l’Auditorium à dix heures et quinze (10.15).


Q. Quel est le bataillon qui est descendu ce soir là ?


R. C’est le Composite ― le bataillon composé du huitième et du neuvième.


Q. Sous les ordres du Colonel Beaubien ?


R. Sous les ordres du Colonel Beaubien. La présence des troupes a immédiatement ramené les émeutiers à l’ordre et il n’y a eu aucune difficulté tant qu’elles ont été là.


Q. C’est le rapport qu’on vous a fait ?


R. Oui c’est le rapport qu’on m’a fait.


Q. Vous n’étiez pas là ? xx


R. Non.


Q. Vous ne savez pas si à l’arrivée des troupes la tranquillité s’était rétablie ?


R. Non, je n’y étais pas. Évidemment l’Auditorium était en feu et cela a permis aux pompiers de voir à leur ouvrage sans interruption de la part des émeutiers.


Q. Savez-vous s’ils étaient déjà intervenus pour éteindre le feu avant l’arrivée des troupes ?


R. Je n’y étais pas personnellement, je ne peux pas donner de détails. J’ai eu des rapports que les pompiers ont pu travailler librement après l’arrivée des troupes.


Q. Après ou avant ?


R. Le feu a été contrôlé à dix heures et trente cinq (10.35).


Q. On ne vous dit pas dans le rapport si le feu était sous contrôle lorsque les troupes sont arrivées ou non ?


R. Non le feu n’était pas sous contrôle lorsque les troupes sont arrivées.


Q. Mais les pompiers travaillaient ?


R. Je ne peux pas dire exactement ces détails là, je n’étais pas là.


Q. D’après ce qu’on nous a dit ― on n’est pas certain Général si vous devez produire ces rapports là. On voudrait savoir si le rapport vous dit qu’on a réussi à calmer les émeutiers précisément pour permettre aux pompiers de travailler ou si ce rapport dit que l’émeute était déjà sous contrôle, que la population était tranquille, lorsque les soldats sont arrivés, ― si ce sont les soldats qui l’ont arrêtée ou si elle s’était arrêtée d’elle-même ?


R. À neuf heures et quarante rapport est reçu que la populace était à briser le bureau du Régistraire à l’Auditorium, et qu’on attendait M. le Maire avec les troupes. En même temps que j’envoyais les troupes à l’Auditorium j’en envoyais à d’autres points pour protéger quelques uns des endroits qui avaient été menacés.


Q. Les troupes sont restées là n’est-ce-pas ?


R. Le feu est devenu sous contrôle à l’Auditorium, d’après le rapport à dix heures et trente cinq. Les troupes étaient arrivées là à dix heures et quinze. Elles sont restées là ce soir là jusqu’à minuit et demi… xxxxnon, attendez une minute… minuit et quinze ― c’est ça.


Q. Ensuite elles sont retournées aux baraques ?


R. à minuit et quinze elles sont remontées aux casernes.


Q. Maintenant, les dommages qui ont eu lieu au Chronicle avaient eu lieu auparavant, avant que toute requête ait été faite ?


R. Je suis passé moi-même quelque minutes avant de me rendre à mon bureau, quelques minutes avant neuf heures et il restait encore un peu de foule au Chronicle qui ruait des pierres et des glaçons, mais les dommages semblaient avoir été faits dans le temps. C’est tout ce que je connais de cette journée là.


Q. Avez-vous fait un nouveau rapport au Département Militaire ce jour là ?


R. Un court rapport a dû être envoyé des évènements de la journée ce soir là. Je ne le trouve pas mais un court rapport a dû être envoyé des autorités militaires des évènements de ce jour là.


Q. Avez-vous demandé des instructions nouvelles dans ce rapport là ?


R. Je ne crois pas. J’avais reçu instructions…


Q. Vous étiez déjà en charge ? en fait ?


R. J’étais en charge des troupes.


Q. Je xx suppose Général que c’est aux mêmes conditions que vous avez émises tout à l’heure que ce rapport s’il y en a un sera produit à l’enquête ?


R. Oui.


Q. Voulez-vous nous parler du samedi maintenant ?


R. Samedi l’affaire a continué, ― les émeutiers ont continué. Il y a eu du trouble le soir. Les troupes sont sorties. J’avais distribué aux endroits les plus menacés une garde que je considérais suffisante pour défendre ces points là, et le principal endroit où la populace s’est portée a été le Manège. On a attaqué le Manège ; on a jeté des pierres et des glaçons aux soldats, on les a insultés pendant une partie de la soirée. Les soldats, les troupes ont fait de leur mieux possible pour les disperser, sans avoir à tirer en aucune façon. La soirée s’est passée comme ça. Plusieurs soldats ont été blessés.


Q. Gravement ?


R. Non, il xxx n’y a pas eu de blessures graves mais plusieurs ont été blessés et ont été envoyés à l’hôpital où leurs blessures ont été pansées. Après cette attaque sur le Manège, la populace s’est retirée sur la rue St.-Jean où j’avais des troupes, un cordon de troupes devant l’Auditorium. Il y a eu des démonstrations sur la rue St Jean ― la foule s’est tenue là jusque assez tard.


Q. Des démonstrations menaçantes ?


R. Oui des démonstrations menaçantes. J’ai eu occasion ce soir là de passer dans cette foule là et j’ai reçu des glaçons, des briques, des pierres, et j’ai vu deux ou trois hommes de polices qui regardaient faire cela sans s’inquiéter trop.


Q. Ils n’en jetaient pas eux-autres ?


R. Non ils n’en n’ont pas jeté. La populace a brisé mon automobile.


Q. Il ne s’est pas tiré un coup de feu ce soir là ?


R. Il ne s’en est pas tiré à ma connaissance.


Q. C’est la même chose à peu près pour le dimanche dans l’après-midi ?


R. Je ne suis pas sûr si c’est le samedi après-midi ou dimanche, un détail a été envoyé pour enlever des munitions chez un marchand de fer à St. Roch. Ce détachement a été attaqué. Trois coups de feu ont eu lieu.


Q. Qui est-ce qui vous a fait ce rapport ?


R. J’ai eu le rapport dans le moment que trois coups de feu avait été tirés.


Q. De qui avez-vous eu ce rapport ?


R. De mon service secret.


Q. Pouvez-vous produire un témoin qui viendra dire la chose ici ?


R. C’est difficile.


Le Major Barclay. — Je vais en produire plusieurs M. le Coroner pour lundi soir.


Q. C’est pour dimanche que je parle.


Le Major Barclay. — Le dimanche je n’en sais rien.


R. (continuée) J’ai dit que trois coups de feu ont été tirés, le dimanche ou le samedi après-midi, je ne me rappelle pas au juste. La journée du dimanche s’est passée à peu près la même chose que la journée du samedi. J’avais des rapports de tous côtés sur les points menacés. Le soir ― enfin la populace dont il a été question, les émeutiers dont il est question n’ont pas agi toujours. On prenait la journée pour agir. Il m’a fallu faire la distribution nécessaire pour protéger autant que possible la vie et la propriété des citoyens. Ce soir là les émeutiers ont attaqué le magasin de Martineau je crois à St. Roch. Le Maire a dit lorsqu’il a été entendu qu’il avait demandé que du secours soit envoyé et qu’il n’était pas arrivé. Eh bien du secours il a été impossible de faire face à toutes les demandes privées de secours avec les troupes que j’avais. Il était impossible de faire face à toutes demandes privées pour secours.


Q. Combien aviez-vous de troupes ?


R. Les demandes privées nous arrivaient d’un bord et de l’autre. M. Untel voulait protéger sa propriété M. Unautre voulait protéger la sienne. Il a fallu prendre des mesures pour protéger ce qui était le plus important.


Q. Combien aviez-vous de troupes ?


R. Si vous voulez bien me laisser finir ma phrase. Il y avait à la Basse-Ville une quantité de marchands de fer. Il y avait des armes des munitions dans leurs magasins, qu’il était important de protéger ce soir là, vu qu’ils étaient menacés comme M. Martineau parce qu’ils avaient ce qui était dangereux. S’ils avaient été mis entre les mains de la populace, ils avaient des munitions et des armes ― on les a mis en lieu sûr ― mais à cette date là, ce soir là la foule ce soir là est partie de St. Roch d’après nos rapports, elle a brulé ou elle a mis le feu à l’établissement Martineau et elle s’est dirigé vers la Basse-Ville. J’avais pris des mesures pour encercler l’émeute, mesures qui n’ont pas eu d’effet sur retrait des émeutiers, au moment où M. Lavergne, m’a-t-on dit, leur adressait la parole, la troupe arrivait pour les encercler. La troupe a continué à St. Roch à clairer les rues, les a fait circuler et les a fait disperser, les émeutiers, autant qu’elle a pu et il n’y a rien eu, il n’y a pas eu de rencontre avec les émeutiers ce soir là.


Q. Et maintenant M. je vas vous poser la question de nouveau. Combien aviez-vous de troupes ce jour là à votre disposition ?


R. Ce jour là j’avais la garnison ordinaire de Québec, augmentée de deux cents. (200).


Q. Quel est le nombre de la garnison de Québec ?


R. Sept à huit cents hommes capables de prendre part à ces choses là.


Q. Est-ce que je comprends que c’est tout ce que vous aviez de troupes ? à Québec dimanche soir ?


R. Non j’en avais d’autres qui n’ont pas pris part à cela.


Q. Je vous demande combien il y avait de troupes à votre disposition ?


R. Je ne sais pas si je peux aller beaucoup dans les détails du nombre de troupes que j’avais. Nous sommes en guerre, et les renseignements que je pourrais donner sur le nombre de troupes que je peux avoir dans un lieu déterminé, il me semble qu’il peut y avoir objection à cela de la part des autorités militaires.


Q. Je crois que Messieurs les Jurés ont le droit de le savoir, ils ont droit de savoir jusqu’à quel point vous étiez organisés pour réprimer l’émeute à Québec ?


R. J’avais une forte colonne portée au coin de la rue et St. Paul et de la rue St. Pierre.


Q. Je crois que le Général Lessard a dit que vous deviez avoir huit cents à deux mille hommes de troupes. Aviez-vous ce nombre là ?


R. Il y en a qui sont arrivés dimanche et qui n’étaient pas en état de prendre part à ça et d’autres sont arrivés lundi. J’étais en mesures de protéger ― de faire tout ce que j’ai pu faire pour la protection de la ville, de la propriété de la ville. Le fait est que ce soir là on n’a pas attaqué les magasins de fer tel que nos rapports nous le disaient.


Q. Vers huit heures du soir ç’a été tranquille


R. Plus tard que ça.


Q. Maintenant ce jour là le Général Lessard est arrivé et il a pris le commandement des armes ?


R. Après l’arrivée du Général Lessard c’est lui qui a eu charge de tout, de tout ce qui se faisait pour réprimer l’émeute. C’est lui qui en est responsable.


Q. Vous avez agi sous ses ordres, en ce que vous avez fait ?


R. Oui.


Q. Lundi soir avez-vous eu des avis, des informations tendant à faire croire xxxx qu’il y aurait du trouble le soir ?


R. Nous en avons eu tous les jours, tout le temps, tout le temps.


Q. Pas plus lundi que les autres jours ?


R. Nous recevions des rapport continuellement d’un endroit ou l’autre de la ville, nous donnant un état de la situation.


Q. Vous comprenez ce que nous voulions savoir. C’est si vous avez reçu plus de rapports ou des rapports plus alarmants lundi que les autres jours ?


R. Je ne peux pas dire ― je ne saurais répondre à une question de ce genre là. Je ne me rappelle pas. Nous en recevions toute la journée.


Q. Avez-vous ordonné une surveillance plus forte ce jour là, avez-vous mis plus d’hommes ?


R. À mesure que ça durait, à mesure que le temps xx s’écoulait ― ça faisait quatre jours que ça durait ― nos forces augmentaient et notre service secret augmentait aussi. Nous prenions toutes les mesures pour rétablir la paix et l’ordre.


Q. Et dans la soirée, dans l’après-midi, qu’est-ce qui s’est passé ?


R. Dans l’après-midi de lundi, je ne crois pas qu’il se soit passé…… que des incidents se soient passés dans l’après-midi avec les agitateurs. J’ai raconté tout à l’heure qu’un détachement a été attaqué en montant des munitions de St. Roch. Je ne sais pas si ça eu lieu dimanche ou samedi. Je ne me rappelle pas d’autres incidents. Les attaques, les dégâts, les dommages à la propriété ont toujours eu lieu en général le soir.


Q. Vous saviez par vos rapports, Général, que vous aviez reçus dans la journée de lundi qu’il devait y avoir une assemblée le soir tenue par M. Armand Lavergne ?


R. C’était annoncé.


Q. N’avez-vous pas eu une entrevue dans la journée avec M. Lavergne ?


R. Non.


Q. Vous n’avez pas eu aucune entrevue quelconque avec lui ?


R. Pas le lundi, je ne pense pas. J’ai vu M. Lavergne dimanche. Il est venu me voir à la suite de ce qui s’est passé.


Q. xx A-t-il été question de l’émeute ?


R. S’il a été question de l’émeute… M. Lavergne m’a raconté en partie la conversation qu’il avait eu avec M. Machin et c’est tout ce qu’il m’a dit. Il m’a demandé même un homme pour l’accompagner. Il voulait axdresser la parole aux gens de St. Roch, aux émeutiers sur la rue St. Paul.


Q. Est-ce que vous le lui avez accordé ?


R. Non.


Q. Le lundi soir vous avez organisé, en vue de cette assemblée, les moyens d’empêcher cette assemblée ?


R. J’ai reçu instructions d’empêcher les gens de se x réunir. C’est le Général Lessard qui était en charge des opérations alors. J’ai reçu instructions de lui d’empêcher toute assemblée ce soir là et de disperser la foule. Il n’y a pas eu d’assemblée et la foule a été dispersée.


Q. Voulez-vous dire aux Jurés combien d’hommes vous avez engagés ce soir là dans St. Roch et dans St. Sauveur ?


R. J’avais sept cent trente hommes opérant à St. Roch.


Q. C’était les mêmes qui opéraient à St. Roch et à St. Sauveur, c’étaient eux qui faisaient la patrouille ?


R. Oui pendant la soirée on met des hommes d’un coin à l’autre, ça dépend des rapports qu’on reçoit.


Q. Sept cent trente hommes n’est-ce-pas que vous m’avez dit ?


R. Sept cent trente, oui.


Q. x En avez-vous envoyé d’autres subséquemment dans la soirée, avez-vous envoyé des renforts ?


R. Il y en avait d’autres qui étaient en renforts de ceux-là. J’avais une réserve pour eux. Je ne sais pas ― je ne crois pas qu’ils ont agi avec eux. Ils se sont peut-être rapprochés.


Q. Quel était le commandant de ces sept cent trente hommes là ?


R. C’était le Major Rogers.


Q. Vous n’avez pas eu connaissance de ce qui s’était passé ce soir là au boulevard Langelier au coin de la rue St. Valier et de la rue St. Joseph ? excepté sur les rapports qu’on vous a faits ― vous n’étiez pas là ?


R. Non j’étais à mes quartiers généraux.


Q. Leur aviez vous fait donner des instructions particulières ?


R. Oui.


Q. Quant au moment opportun où ils devaient se servir d’armes à feu et devaient tirer ?


R. Les instructions qu’ils ont reçues quant à l’emploi des armes étaient à peu près ceci. Tous devaient avoir vingt rondes d’ammunition et les fusils ne devaient pas être chargés excepté sur un ordre direct d’un officier. ― et tous les officiers devaient être très prudents et ils devaient faire tous leurs efforts pour empêcher une effusion de sang, xxxxxx d’empêcher une rencontre avec la foule, avec la populace ; que toute arrestation, si les arrestations étaient nécessaires, ils devaient les faire, s’ils jugeaient qu’un individu commandait une avance quelconque, ils devaient l’arrêter. ― et toute arrestation devait être faite sous l’autorité d’un officier. — maintenant qu’aucun feu ne devait avoir lieu à moins que la proclamation ou le Riot Act ne soit lus auparavant ― et que toutes les troupes ne devaient tirer ― qu’aucune troupe ne devait tirer à moins de recevoir un ordre d’un officier.


Q. D’un officier ou de l’officier commandant ?


R. D’un officier.


Mtre. A. Lavergne. — Est-ce que chaque détachement était accompagné d’un magistrat civil sous les ordres duquel il était ?


R. Non.


Mtre. A. Lavergne. — C’est la loi ?


R. La loi a été changée par les instructions reçues.


Mtre. A. Lavergne. — Mais la loi ordinaire était celle-là ?


R. La loi est quelquefois bien difficile à appliquer en cas d’émeute.


Q. De combien se compose une ronde de cartouches ― vous dites vingt rondes ?


R. Vingt cartouches. Chaque homme avait vingt cartouches. J’ai moi-même vu des officiers de détachement auparavant et je leur ai parlé moi-même pour leur dire qu’il fallait à tout prix si c’était possible d’éviter l’effusion de sang ― et qu’en même temps ils devaient suivre leurs ordres. xxx L’idée était de rétablir la paix et l’ordre le plus vite possible. On n’était pas ici comme le Général Lessard l’a dit pour tuer les gens ― notre secours a été demandé pour rétablir l’ordre et la paix.


Q. Et c’était votre intention à vous ?


R. Absolument.


Q. Croyez-vous avoir autre chose à ajouter à votre déposition ?


R. Je n’ai personnellement rien à dire.


Q. Pour vous personnellement ? xx


R. Rien du tout.

INTERROGÉ par M. Ed. Picher.


Q. M. le Général si j’ai bien compris vous avez dit que vendredi dernier les troupes se sont rendues à la demande de M. le Maire à l’Auditorium et que ces troupes là étaient sous le commandement du Maire ?


R. Sous le commandement du Maire.


Q. Il y avait cent hommes ?


R. Il y avait plus que ça.


Q. Et la paix s’est rétablie vers minuit ?


R. À minuit et quinze.


Q. Il y avait dans les environs une foule de deux à trois mille personnes ?


R. Je ne peux pas dire.


Q. Il y avait un grand nombre d’émeutiers ?


R. Évidemment puisqu’ils ont mis le feu à l’Auditorium.


Q. Et la paix s’est rétablie par l’autorité de M. le Maire ? sans qu’il fut nécessaire de faire feu ?


R. Je ne peux pas dire ça Monsieur.


Q. Vous n’y êtes pas allé n’est-ce-pas ?


R. Lorsqu’un régiment tout entier arrive avec baïonnettes au canon pour s’aligner devant une foule en émeute ça produit plus d’effets que les paroles d’un individu qui peut vouloir adresser la parole.


Q. La paix s’est faite sans qu’il y ait eu de coups de feu ?


R. Il n’y a rien eu, la foule s’est tenue tranquille dès qu’elle a vu paraître les troupes. C’est le rapport que j’ai eu.


Q. Maintenant vous avez parlé tout à l’heure que sur la rue St. Joseph, aux alentours du Boulevard Langelier, il y a la rue de la Couronne, vous aviez environ sept cent trente homes (730) que chaque homme avait vingt cartouches, vingt coups. Je ne crois pas avoir entendu parler de mitrailleuse. Est-ce qu’il y avait une mitrailleuse et était-elle chargée ?


R. Je crois qu’il y avait une mitrailleuse ― on a mis une mitrailleuse ce soir là mais on a tiré sur un mur.


Q. Voulez-vous dire combien il y avait de cartouches dans cette mitrailleuse ?


R. Bien je ne peux pas vous dire pour le moment.


Q. Pouvez-vous dire que dans un cas xxx d’émeute ordinaire il est nécessaire de mettre devant quelques centaines d’émeutiers une mitrailleuse ? ou si cela se met généralement devant un front allemand ?


R. Ah ― il faut que les troupes qui vont agir contre n’importe quelle foule d’émeutiers, soient armées de façon suffisante pour vaincre et si les émeutiers étaient armés comme plusieurs d’eux étaient, comme plusieurs ont tiré d’après les rapports que j’ai eus ― ils étaient beaucoup plus nombreux que les troupes.


Q. Vous dites d’après les rapports que vous avez eus ces émeutiers étaient armés ?


R. Oui.


Q. De carabines ?


R. Ils en ont pris qui étaient armés.


Q. De carabines ou de revolvers ?


R. Non, ceux qui ont été pris armés, étaient armés de revolvers.


Q. Ils n’ont pas trouvé de mitrailleuses chez les émeutiers ?


R. Non, une chance.

INTERROGÉ par M. Monaghan.


Q. Savez-vous si parmi les quatre personnes qui sont mortes, les quatre victimes de lundi soir, il y en avaient quelques uns d’entre-eux qui étaient mêlés ou qui faisaient partie des émeutiers ?


R. Non, pas du tout, je n’en puis dire personnellement et j’ai regretté que dans cette affaire là quatre personnes innocentes aient trouvé la mort. C’est généralement le sort de toutes les émeutes.

INTERROGÉ par Mtre. A. Lavergne.


Q. Général, nous voulons savoir xxxxxx qui pèsent les responsabilités ? Vous avez eu l’air à prétendre que le samedi soir sur la rue St. Jean la police n’a pas fait son devoir quand vous êtes passé là, vous avez vu de la police qui était là et qui regardait la foule ? qui vous jetait toutes sortes de projectiles, qui a brisé votre automobile. Est-ce qu’il n’y avait pas là dans le moment de la cavalerie ?


R. Non.


Q. Croyez-vous que trois ou quatre policiers étaient capables de maîtriser la foule qu’il y avait là sans s’exposer à se faire massacrer et s’ils avaient essayé pensez-vous que cela aurait eu un résultat pratique ?


R. Ça dépend entièrement des dispositions qui auraient été prises. Si j’avais distribué deux ou trois polices dans une foule de deux mille personnes, ils ne peuvent rien faire.


Q. Vous avez dit qu’il y en avait trois ou quatre. S’il y en avait eu trois ou quatre dans cette foule là croyez-vous qu’ils étaient capable de la maîtriser ?


R. C’est bien difficile à dire.


Q. Il est probable qu’ils n’étaient pas capables ?


R. Je n’ai pas entendu parler que la police dans ces troubles-ci, dans aucun temps ait employé ses bâtons ou tiré un seul coup de revolver.


Q. Cependant il y en a eu de blessés ?


R. Ça se peut, ce ne sont pas les seuls.


Q. Seulement vous avez jeté du doute sur eux-autres qu’ils n’avaient pas fait leur devoir ?


R. La police de la Cité de Québec est complètement insuffisante pour maîtriser une affaire de ce genre là, il n’y a aucun doute. Le Maire lui-même a déclaré dans sa réquisition qu’il était impuissant à maîtriser l’émeute. Il ne peut pas y avoir de doute à ce sujet. La chose aurait peut-être pu être arrêtée dès le début ― je n’en sais rien ― à tout hasard il est évident qu’il a été impuissant à la maîtriser.


Q. Et il est évident que quand même la police se serait fait massacrer elle n’était pas capable de maîtriser la foule ce soir là ?


R. Je ne sais pas.


Q. Vous avez de l’expérience dans ces choses là ?


xR. Enfin vous savez que vingt cinq à trente hommes déterminés peuvent faire un gros effet sur une populace.


Q. Mais trois ou quatre ?


R. Trois ou quatre, ça ne veut pas dire grand chose.


Q. Maintenant vous avez dit que l’acte d’émeute a été lu lundi soir à la foule à St. Roch avant que les troupes aient le privilège de tirer ? ― c’est à dire que vous avez donné instruction …


R. J’ai donné instructions et j’ai reçu rapport aussi qu’il avait été x proclamé.


Q. Maintenant croyez-vous que la foule qui pouvait être sur le Boulevard Langelier, si l’acte d’émeute a été lu au marché Jacques Cartier, a pu entendre et savoir que l’acte d’émeute a été lu ?


R. Non je ne crois pas.


Q. Alors si l’acte xx d’émeute a été lu au Marché Jacques Cartier, les personnes qui ont été tuées au Boulevard Langelier et plus loin, et près de la Halle St. Pierre, pouvaient pas avoir connaissance du tout si l’acte d’émeute avait été lu ?


R. Je ne sais pas du tout ― ce sont les blessés ― les morts évidemment ne peuvent pas parler, je n’en sais rien du tout. Vous me posez une question à laquelle je ne peux pas répondre.


Q. Est-ce qu’il y aurait possibilité que les autorités militaires nous donnent la preuve où l’acte d’émeute a été lu ?


R. À quel endroit ?


Le Coroner. — Ils devront produire les officiers qui commandaient ce bataillon là.


M. Lesage xxxxxxxxxxxxx. — Je crois que ça serait très important de savoir si l’acte d’émeute a été lu à St. Roch.


Le Coroner. — Vous l’aurez, M. Lesage, ça sera certainement produit à l’enquête.

INTERROGÉ par M. Scott.


Q. Est-ce qu’aucun de vos hommes a été blessé dimanche soir en revenant du magasin de fer ?


R. Oui il y a eu des blessés mais je ne me suis pas capable de me rappeler le nombre de ceux qui ont été blessés. Il y en a toujours eu quelques uns de blessés.


Le Coroner. — Q. Aucun n’a été grièvement blessé cependant ?


R. Il y en a eu assez grièvement blessés.


Le Coroner. — En réponse à la question posée par M. Scott ― dimanche soir est-ce qu’il y en a eu de grièvement blessés ?


R. Je ne peux pas dire pour dimanche soir.


Q. Vous dites qu’il y a eu des blessés ― qu’il doit en avoir eu ― et je vous demande si c’était gravement ?


R. M. Scott m’a posé la question quant au détachement qui accompagnait la fourragère chargée de mouvoir les munitions dimanche après-midi. J’ai dit qu’on a eu des blessés, je ne me rappelle pas combien dans le moment.


Le Coroner. — Je vous demande s’ils étaient blessés grièvement ou non ?


R. Je ne me rappelle pas dans le moment.

INTERROGÉ par Mtre. Chapleau.


Q. Général, lorsque le Maire vous a téléphoné, le premier soir, jeudi soir, est-ce qu’il vous a dit ― est-ce que vous vous rappelez qu’il vous a dit ― lorsqu’il vous a fait rapport de nouveau, lorsque la foule et les gens étaient dispersés, est-ce qu’il vous a dit que les officiers de la police fédérale étaient partis du Poste de Police ?


R. Il ne m’en a pas parlé.


Q. Vous êtes positif de ça ?


R. Il ne m’en a pas parlé ― il m’a dit seulement qu’un mot au téléphone.


Q. Maintenant pour revenir au vendredi soir, le soir de l’Auditorium vous avez dit que le Maire vous avait téléphoné et que vous êtes parti immédiatement pour vous rendre à votre Bureau au Bureau de Poste ?


R. Je n’ai pas dit ça.


Q. Vous n’êtes pas parti immédiatement ?


R. C’est le chef de police qui m’a téléphoné.


Q. M. le Maire m’a dit hier dans son témoignage qu’il s’était rendu à votre bureau et qu’il avait attendu là une demi-heure ?


R. Ça ne se peut pas. xx J’ai reçu un téléphone à neuf heures moins quart chez moi du chef de police et je suis parti immédiatement. J’ai pris un char et je suis arrivé à mon bureau quelques minutes, deux ou trois minutes avant neuf heures. Toutes ces heures là sont prises exactement.


Q. Vous êtes positif que vous êtes parti de chez vous à neuf heures moins quart ?


R. C’est précis, j’ai tout marqué. Et à neuf heures moins deux ou trois minutes, j’étais à mon bureau et le Maire est arrivé deux ou trois minutes après.


Q. Le Maire n’était pas arrivé lorsque vous êtes arrivé à votre bureau ?


R. Non j’étais assis à mon bureau lorsque le Maire est entré et qu’il m’a présenté sa première réquisition.


Le Coroner. — xxxx Il est allé deux fois à votre bureau ?


R. Oui.


Q. Est-ce que vous ne faites pas erreur dans le jour ?


R. Non, c’était le vendredi.


Le Coroner. — Je pense que M. Chapleau veut parler du premier soir ?


R. Le premier soir le Maire n’est pas venu chez-nous le premier soir. Tout ce qu’il y a eu avec le Maire, je lui ai téléphoné pour lui faire part d’un rapport que j’ai reçu du Capitaine Desrochers et du chef de police. Il n’en savait rien. Il a été au Poste à St. Roch. Je lui ai appris la chose. Alors là-dessus je lui ai dit : Le maintien de l’ordre appartient à l’autorité civile mais vous pouvez toujours compter sur l’assistance des troupes. Il m’a dit qu’il partait immédiatement pour St.-Roch. Il est descendu à St. Roch et je me suis rendu au bureau et j’ai attendu des nouvelles de lui qui me sont arrivées à minuit moins quart.


Q. Le soir de l’affaire du Chronicle, M. le Maire a dit dans son témoignage qu’il avait été présent qu’il était dans la fenêtre ?


R. C’est le lendemain ça.


Q. Il a dit dans son témoignage qu’il était dans le châssis du Bureau de Poste quand les émeutiers ont brisé et saccagé le Chronicle, et que à ce moment là, il vous attendait ― et il a dit de plus qu’il vous avait attendu une demi-heure ?


R. Ah bien alors c’est le chef de police…… si c’est le cas, le chef de police ne m’a pas donné un bon renseignement. Je conçois que le chef de police m’a téléphoné à huit heures et quarante cinq chez moi. Je lui ai demandé où il était et il m’a dit qu’il était chez le Maire. Je lui ai demandé si le Maire était là. Il m’a dit que oui. Alors je lui ai dit de descendre avec le Maire immédiatement à mon bureau, que j’allais les rencontrer et que je prendrais l’action nécessaire.


Q. Lorsque vous êtes arrivé à votre bureau vous êtes passé devant le Chronicle ?


R. Non, je ne suis pas passé devant le Chronicle, je suis passé en arrière du Bureau de Poste ― oui je crois.


Q. Est-ce qu’il restait encore des émeutiers ?


R. Oui je les ai vus qui passaient.


Q. Ils ont resté encore quelque temps ?


R. Il en restait encore quelques uns qui envoyaient des projectiles. Je n’ai rien pu voir personnellement mais il y avait encore un peu de foule.


Q. Lorsque vous êtes arrivé à votre bureau M. le Maire n’était pas là ?


R. Je suis arrivé à neuf heures moins xxxx deux ou trois minutes et il est entré immédiatement après. J’ai eu le temps d’arriver, je l’attendais, en arrivant j’ai envoyé un officier en bas pour tâcher de le trouver parce que au Bureau de Poste, on avait fermé les portes de bonne heure.


Q. Avec qui était M. le Maire ?


R. Il était avec le chef de police.


Q. Maintenant Général, est-ce que vendredi soir, ce même soir là il n’y avait pas un piquet de militaires à l’Auditorium avant que les troupes sortent ?


R. Avant que les troupes sortent non.


Q. Il n’y avait aucun soldat là ?


R. Pas à ma connaissance, je ne connais pas, je n’ai donné aucun ordre de ça et j’avais averti pendant la journée de ne pas…


Q. Êtes-vous positif qu’il n’y avait aucun piquet militaire à l’Auditorium ?


R. Je suis positif…… je suis positif de n’avoir donné aucun ordre pour remplacer. Je ne crois pas qu’il en ait eu du tout.


Q. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui pourrait nous dire ça exactement s’il y avait un piquet militaire à l’Auditorium ?


R. Mon Chef d’État Major. Peut-être la police militaire ― il y avait peut-être des hommes de la police militaire.


Q. Ça peut se faire qu’il y avait des hommes de la police militaire là ?


R. Il y a la police militaire ― on envoie un certain nombre d’hommes qui sont distribués dans la ville, c’est pour voir à la discipline des militaires. Dans la ville, il n’ont rien à faire avec les civils. Il n’y avait pas de piquet régulièrement formé.


Q. Le samedi matin M. le Maire vous a téléphoné que la rumeur était xxque les émeutiers étaient pour monter à l’hôpital militaire, au Manège Militaire au Bureau de Poste, etc. Qu’est-ce que vous avez répondu à M. le Maire à cet effet là ?


R. Samedi matin……


Q. Le lendemain de l’Auditorium ?


R. Le lendemain de l’Auditorium ……


Q. Lui avez-vous dit que vos dispositions étaient prises pour protéger la propriété ?


R. J’ai eu des nouvelles pendant cette journée là qu’il y aurait des attaques de faites le soir sur l’Auditorium, sur les bâtisses du Parlement et sur les quartier généraux de la Milice. La source des nouvelles n’était pas donnée.


Q. Qu’avez-vous répondu à M. le Maire à ce sujet là ?


R. À quel sujet ?


Q. Au sujet des informations qui vous étaient données. Lui avez-vous dit que vous aviez pris xx toutes les mesures nécessaires pour protéger la propriété à Québec et enrayer l’émeute ce soir là ?


R. Je ne me rappelle pas cette conversation là j’ai xxxxxx tellement de rapports dans cette journée là qu’il faudrait que vous précisiez un peu davantage. Évidemment j’ai pris toutes les précautions que j’ai cru devoir prendre pour protéger la vie et la propriété. Ce que j’ai refusé de faire ç’a été de subdiviser les forces que j’avais en main, de façon à protéger la vie et la propriété, avant de voir à la propriété publique et à la protection de la vie en général.


Q. Avez-vous vu le Maire personnellement xxxxxx xxxxsamedi matin ou s’il a téléphoné ?


R. Samedi matin j’ai vu M. le Maire à plusieurs reprises.


Q. Si vous voulez donner plus de particularités ?


R. Je l’ai vu à plusieurs reprises. Je lui ai téléphoné aussi à plusieurs reprises. Il m’a appelé des fois et d’autres fois je l’ai appelé.


Q. À tout évènement est-ce que vous lui avez dit que vous prendriez les mesures nécessaires pour protéger la propriété et enrayer l’émeute ? ― vous lui avez dit que vous prendriez toutes les dispositions, que vous feriez tout ce que vous pourrez faire pour enrayer l’émeute n’est-ce pas ?


R. Autant que c’était en mon pouvoir.


Q. Vous rappelez-vous que samedi matin vous avez demandé au Maire de faire poser des hoses à l’Auditorium et au Bureau de Poste ? xxxx


R. Non, c’est vendredi matin que j’ai été demander ça.


Q. Vendredi matin ?


R. Oui.


Q. Êtes-vous positif de ça Général ?


R. Je suis absolument positif de cela.


Le Major Barclay. — Est-ce avant ou après l’affaire de l’Auditorium ?


R. Avant qu’il y ait eu rien de commis à l’Auditorium.


Q. N’est-ce-pas plutôt samedi soir, alors qu’il était de nouveau question que les émeutiers étaient pour attaquer de nouveau l’Auditorium ?


R. Non.


Q. Vous êtes positif de ça ?


R. Absolument.


Q. Alors vendredi soir, lors de l’attaque à l’Auditorium il y avait des hoses qui étaient accouplées d’avance ?


R. Je ne sais pas.


Q. N’est-ce-pas que c’est ça que vous aviez demandé ― n’avez-vous pas demandé d’accoupler les hoses aux hydrants en face de l’Auditorium ?


R. Non, pas en face de l’Auditorium. L’information que j’avais eue et que j’ai communiquée à M. le Maire c’est qu’il y avait dans l’Auditorium même des bouches d’eau dont on pouvait se servir pour arroser la foule en dehors, au cas où il y aurait un attroupement des émeutiers, et j’ai dit que vu que c’était en dedans de la bâtisse, ça devrait être facile de préparer ça dans la journée en cas qu’il viendrait à y avoir quelque chose et si la même chose était faite au Bureau de Poste…


Q. Vous êtes positif que c’était le vendredi ?


R. Absolument positif.


Q. Vendredi matin pouviez-vous dire d’après les rapports que vous aviez eus qu’il était question d’attaquer le bureau de Poste ?


R. Il en était question oui.


Q. D’après les rapports ?


R. Oui.


Q. Vendredi ?


R. Oui. On m’a dit qu’on devait attaquer le Bureau de Poste, l’Hôpital Militaire, le Manège et l’Auditorium.


Q. Ce sont vos rapports pour vendredi matin ça ?


R. Oui.


Q. Et c’est le samedi soir qu’ils sont montés au Manège ?


R. C’est le samedi soir qu’ils sont montés au Manège.


Q. Ils sont montés à l’Auditorium le vendredi soir ?


R. Oui, et aussi au Chronicle et à l’Évènement.

INTERROGÉ par Mtre. Lachance.


Q. Depuis jeudi soir à aller jusqu’à l’arrivée du Général Lessard, je comprends que c’était vous qui était en charge du district ?


R. Oui,


Q. Le Général Lessard est arrivé dimanche après-midi, nous a-t-il dit, vers cinq heures ?


R. Oui.


Q. Et toutes les mesures alors qui ont été prises depuis le jeudi soir jusqu’à l’arrivée du Général Lessard ont été prises sous votre direction ?


R. Sous ma responsabilité. ― sous ma responsabilité… évidemment, je suivais les instructions, certaines instructions que j’avais pu recevoir des Quartiers Généraux.


Le Coroner. — À Ottawa ?


R. Les Quartiers Généraux de la Milice.


Le Major Barclay. — Et la demande de M. le Maire par écrit ? de lui aider ?


R. Oui, les troupes ne sont intervenues que sur la demande de M. le Maire. Elles sont intervenues immédiatement parce que la chose était pressée.


Q. En parlant d’abord du jeudi soir ― vous avez été informé par le Capitaine Desrochers qu’ils étaient au poste No 3, que lui et d’autres étaient au poste No 3 et qu’ils étaient menacés par une foule de deux ou trois mille personnes ?


R. D’après son rapport.


Q. Vous dites qu’alors vous avez téléphoné au Maire et puis vous avez donné des ordres à la Citadelle de tenir les troupes prêtes au cas où le Maire en aurait besoin ?


R. Au cas où le Maire en aurait besoin.


Q. Ces ordres là ont-ils été donnés par écrit ?


R. Non, verbalement ― on n’a pas le temps d’écrire dans ces cas là.


Q. À qui avez-vous donné ces ordres là comme chef de la Milice ?


R. Au Commandant de la Citadelle.


Q. Quel est son nom ?


R. Le Colonel Jamieson. xx


Q. Y a-t-il longtemps qu’il est Commandant de la Citadelle ?


R. Je ne peux pas dire, j’arrivais moi-même.


Q. Depuis combien de temps êtes-vous arrivé vous-même ?


R. Depuis un mois.


Q. Il était en charge dans le temps ?


R. Il y a à peu près un mois que je suis ici et il était en charge dans le temps, il commandait l’Artillerie.


Q. Maintenant dans ces ordres que vous avez donnés avez-vous mentionné un nombre d’hommes ?


R. Non, pas du tout.


Q. Les dispositions qui seraient prises ?


R. Non.


Q. Quelles sont les instructions que vous avez données ?


R. Je lui ai dit de ramasser la plus grande force qu’il pourrait dans la Citadelle et de se tenir prêt à sortir pour aider à la suppression des troubles qui avaient lieu dans la ville. Maintenant ces ordres là n’ont pas été donnés par moi personnellement ils ont été donnés par mon officier d’État Major qui était à côté de moi.


Q. C’est à votre connaissance qu’ils ont été donnés ?


R. C’est à ma connaissance. Le rapport m’est arrivé que les troupes seraient prêtes n’importe quand. Lorsque je suis arrivé au Bureau ce soir là rapport m’a été fait que les troupes étaient prêtes.


Q. Maintenant vous ne savez pas quel était le nombre de troupes, de soldats qu’il y avait dans ce temps là à la Citadelle et qui étaient ainsi prêtes à faire du service ?


R. Oui.


Q. Combien ?


R. Bien, il y avait une centaine d’hommes dans l’Artillerie et à peu près trois cents hommes dans le régiment composé.


Q. Le régiment composé, c’est le huitième et le neuvième ?


R. C’était le huitième et le neuvième ― seulement comme c’était le soir ― l’affaire est arrivée vers x dix heures je suppose, peut-être un peu plus tard, évidemment il y a des hommes qui sont en passe et ce nombre ne devait pas être là à cette heure là. À tout hasard, les instructions que j’ai données étaient de ramasser toute la force disponible et de la tenir prête à sortir pour aider aux Autorités Civiles.


Q. Ce soir là ils ne sont pas sortis ?


R. Non.


Q. Maintenant vous avez fait rapport des évènements de jeudi soir le lendemain à Ottawa ?


R. Un très court rapport.


Q. Un rapport par écrit à tout évènement ?


R. Oui.


Q. Et ce rapport vous dites que vous ne pouvez pas le produire ?


R. Je peux le produire du moment que j’en aurai la permission. Je le produirai sur autorisation.


Q. Alors ce rapport ne comporte que les évènements de jeudi soir ?


R. Le rapport parle par lui-même, vous verrez.


Q. Sans rien me dire de plus, vous savez ce que je veux savoir ― s’il comportait les évènements de vendredi xxxaussi ou seulement les évènement de jeudi soir ?


R. Seulement les évènements qui s’étaient passés le soir.


Q. Maintenant revenons au vendredi. Vous avez dit tout à l’heure que vous aviez reçu de nombreuses plaintes durant tout le cours de la journée si j’ai bien compris.


R. Des plaintes xx, non, des rapports.


Q. Des rapports, je veux dire. Était-ce de vos officiers ? ou de vos subalternes ?


R. de mes officiers, enfin d’un bord et de l’autre, j’ai tâché de réunir tous les renseignements possibles.


Q. De la part de vos officiers et de vos soldats ?


R. J’ai eu des rapports des civils aussi, de toutes les sources imaginables.


Le Major Barclay. — Depuis le commencement de cette enquête, moi, le représentant des autorités militaires, on me met en position d’être en défense. Nous ne sommes ici ni pour la poursuite ni pour la défense mais pour savoir les faits.


Q. Maintenant vous avez dit aussi que vous aviez téléphoné au Maire le même vendredi sur les rapports que vous aviez et que vous lui avez indiqué tout ce qu’il devrait faire dans ce cas là. Avez-vous objection à nous dire ce que vous lui avez indiqué ?


R. Je lui ai dit, au point de vue d’obtenir l’assistance militaire, ce qu’il devait faire : qu’il fallait qu’il présente une requête signée par lui-même et par deux Juges de Paix, en vertu de la loi de l’Acte de la Milice et que moi je ne pourrais pas prendre xxxx action à moins d’avoir ça. Je l’ai avisé en même temps de se mettre en communication avec l’avocat de la cité. Je lui ai même cité la section je crois de l’Acte de la Milice.


Q. Lui avez-vous donné des indications sur la distributions des forces qu’il pourrait faire ?


R. La seule indication sur la distributions des forces qu’il devait faire ― je lui avais demandé de voir spécialement à l’Auditorium ― le Bureau du Régistraire était là-dedans ― et j’ai mentionné les détails des polices qui pourrait être là-dedans et les détails des pompiers pour employer les boyaux à l’intérieur, et c’est tout.


Q. Maintenant le soir, le Maire est venu vous présenter la requête et à cette requête il manquait deux signatures, et il est sorti pour avoir ces signatures.


R. Dans ce temps là je n’avais aucune instructions et nous ne pouvions agir que suivant la loi. C’est pour cela que j’ai exigé que les formules requises, les procédures requises par la loi soient faites. C’est pour ça que j’ai demandé au Maire de compléter sa requête.


Q. Pendant qu’il était parti vous avez donné des ordres à la Citadelle ?


R. De se tenir prêt. ― j’ai donné instructions à un officier xxx de l’État Major qui a pris le téléphone immédiatement.


Q. Ces instructions là étaient verbales ?


R. Oui.


Q. Alors ce soir là ils sont sortis et ils étaient sous le Commandement du Colonel Beaubien ?


R. Oui. ― c’était une garde du bataillon composé du huitième et du neuvième bataillon.


Q. Combien d’hommes sont sortis sous le Colonel Beaubien ?


R. Je ne sais pas ― le Colonel Beaubien est ici, il pourra vous le dire, il ne m’a pas fait de rapport spécial du nombre qu’il avait.


Q. Il ne vous a pas fait de rapport spécial sur le nombre d’hommes qu’il avait ?


R. Non, c’était son bataillon, le bataillon qu’il commandait.


Q. Maintenant venons au samedi. Il y avait des troupes qui sont sorties, distribuées un peu dans différents endroits de la ville n’est-ce-pas Général ?


R. Bien……


Q. Est-ce dans la journée qu’ils ont été distribués ou seulement le soir ?


R. Les troupes ont passé la journée aux casernes.


Q. Celles qui ont circulé le samedi étaient en charge de qui ?


R. Ça dépend du point où elles étaient dirigées. Il y a eu plusieurs détachements. Les édifices principaux ont été couverts. Il y avait un commandement spécial pour le Manège, un autre pour l’Hôpital Militaire et un autre pour la force mobile.


Q. Vous êtes passé vous-même le samedi soir en automobile sur la rue St. Jean ?


R. Oui.


Q. Au moment où vous êtes passé par là est-ce qu’il y avait des soldats qui se trouvaient en charge dans cette direction là ?


R. Non, il y avait un piquet de cent hommes qui étaient stationnés, quand je suis passé, c’était vers minuit ― xxx en revenant de faire la patrouille, ils étaient stationnés là dans le moment, à l’Auditorium, les hommes se reposaient. À part cela il y avait une patrouille de Cavalerie. Les chevaux étaient exténués, ils faisaient reposer les chevaux. Ils étaient à l’Auditorium.


Le Coroner. — Ils étaient exténués après être arrivés là ?


R. Lorsque j’ai passé là ― ils avaient patrouillé les rues pendant la soirée.


Q. Je comprends que chacune de ces journées là vous avez fait un rapport à Ottawa, à vos chefs, un rapport écrit à vos chefs des évènements de ces différents jours.


R. Oui il y a eu des rapports écrits ― j’ai eu des rapport privés aussi par téléphone.


Q. Et ce sont ces rapports que vous xxxx pourrez produire sur permission mais non pas autrement ?


R. Vous avez la substance de tous les rapports dans le texte qui a été lu à la Chambre des Communes l’autre jour.


Q. Vous avez parlé au début de votre examen de deux lettres, copies de lettres que vous avez reçues du Maire ?


R. Cela n’a absolument aucune affaire, c’était au sujet de deux ou un individus …… je les ai transmises immédiatement au Général Lessard.


Q. Maintenant avez-vous en votre possession le télégramme que le Général Lessard a reçu du Département le mettant en charge et en vertu duquel il est arrivé à Québec ?


R. Ça doit être un télégramme à lui ça.


Q. Il a dit je crois qu’il était en votre possession ?


R. Non je n’ai pas de télégramme concernant le Général Lessard. J’ai été notifié par télégramme qu’il viendrait, mais le télégramme dont vous parlez je crois qu’il doit l’avoir en sa possession.

INTERROGÉ par le Major Barclay.


Q. On vous a demandé si avec la garde des munitions il y avait des mitrailleuses ― pouvez-vous répondre là-dessus ?


R. Avec la garde des munitions qui a été attaquée non je ne crois pas.


Q. Je suis informé qu’il y en avait deux ― de qui puis-je savoir ça ?


R. Il peut se faire qu’il y en avait ― le Colonel OMears pourra vous donner ces détails là, je ne sais pas personnellement.


Et le témoin ne dit rien de plus.


Je soussigné sténographe assermenté
certifie que ce qui précède est la transcription
fidèle de mes notes sténographiques.
Alexandre Bélinge
  1. Titre ajouté par Wikisource pour fin de présentation.