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Épiphanie (Bouchaud)

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La France éternelle
(p. 25-26).

Épiphanie

— C’est aujourd’hui la fête des trois Mages,
Melchior, Balthazar avec le roi Gaspard,
Dont l’étoile divine a guidé le départ
Pour les mener aux lieux de leurs pèlerinages.

Ils sont venus jadis du confin des déserts,
Sans craindre le péril, la mort ni la fatigue.
Pendant des jours ils ont foulé sable et garigue,
Conduits par l’astre d’or se mouvant dans les airs.

Sûrs de leur but, insouciants de la distance,
L’âme pleine de force et les regards aux deux,
Ils ont persévéré dans leur dessein pieux.
Nul obstacle ne put ébranler leur constance.

…Vous aussi, chers soldats, vous êtes accourus
De toutes parts afin de sauver la patrie,

Dociles à l’honneur dont l’astre vous convie
De ses rayons sacrés, à vos cœurs apparus.

Méprisant le danger, le trépas et la peine,
Vous aussi, chers soldats, avez, pendant des jours,
Le corps ensanglanté, les pieds de glaise lourds,
Fourni vers la victoire une marche certaine.

Rien n’entama jamais l’ardeur de vos élans ;
Vous la continuez sans que rien ne l’altère,
Ô chers soldats français, depuis deux ans de guerre,
Fermes devant le glaive et l’obus des uhlans.

Et j’entrevois bientôt enfin l’heure bénie
Où vous aborderez à la paix, triomphant,
Comme arrivaient, heureux, au berceau de l’Enfant,
Les Mages que l’on fête en cette Épiphanie.

6 janvier.