Épisodes, Sites et Sonnets/J’avais marché longtemps

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IV

J’avais marché longtemps et dans la nuit venue
Je sentais défaillir mes rêves du matin.
Ne m’as-tu pas mené vers le Palais lointain
Dont l’enchantement dort au fond de l’avenue,

Sous la lune qui veille unique et singulière
Sur l’assoupissement des jardins d’autrefois
Où se dressent, avec des clochettes aux toits,
Dans les massifs fleuris, pagodes et volière :

Les beaux oiseaux pourprés dorment sur leurs perchoirs,
Les poissons d’or font ombre au fond des réservoirs,
Et les jets d’eau baissés expirent en murmures,

Ton pas est un frisson de robe sur les mousses,
Et tu m’as pris les mains entre tes deux mains douces
Qui savent le secret des secrètes serrures.