Épitres (Horace, Panckoucke)/I/13

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Épitres
Traduction par Collectif dont C.-L.-F. Panckoucke.
Texte établi par Charles-Louis-Fleury PanckouckeC.L.F. Panckoucke (2p. 263-265).

ÉPITRE XIII. A VINIUS ASELLA.

Ce qu'à votre départ je vous ai si souvent recommandé, je vous le répète, Vinius : ne remettez à Auguste mes feuilles roulées et cachetées qu'autant que vous le verrez bien portant et bien disposé, qu'autant qu'il les demandera; n'allez pas me nuire en voulant me servir, et, ambassadeur trop empressé, compromettre mon ouvrage par un zèle indiscret. Si par hasard c'était pour vous un trop lourd fardeau, jetez-le plutôt que d'aller maladroitement en blesser celui à qui vous le devez remettre. On rirait du surnom d'Asina, héritage de votre père, et vous deviendriez la fable de la ville. Luttez avec courage contre tous les obstacles, collines, fleuves, fondrières; puis, parvenu au but et triomphant, ayez bien soin de votre paquet: ne le portez pas sous votre bras comme un paysan porterait un agneau; Pyrrhia, ivre et chancelante, les pelotons de laine qu'elle a volés; un convive du voisinage, ses sandales et son bonnet. Gardez-vous surtout de dire que vous avez bien sué à porter ces vers qui savent charmer et l'oreille et les yeux de César. Voilà toutes mes recommandations, toutes mes prières; le reste, votre zèle le fera. Adieu, partez; mais n'allez pas broncher et laisser échapper vos instructions.