Épodes (Horace, Leconte de Lisle)/3
Traduction Leconte de Lisle, 1873
Si jamais quelqu’un a serré d’une main impie la
vieille gorge de son père, qu’il mange de l’ail plus
empoisonneur que la ciguë. Ô durs intestins des
moissonneurs ! Quel venin brûle dans mes entrailles ? Le sang de la vipère a-t-il été cuit avec
ces herbes ? Canidia a-t-elle préparé cet horrible
mets ? Quand Médéa eut admiré le chef et le plus
beau des Argonautes, afin qu’il soumît les taureaux au joug encore inconnu, elle frotta lason
d’ail ; et elle se vengea d’une concubine par des
présents imprégnés d’ail, en fuyant sur le Serpent
ailé. Jamais une telle ardeur n’est descendue des
astres sur l’Apulia altérée ; jamais le don fait à
Herculès ne brûla plus ardemment sur ses épaules. Si jamais, riant Mæcenas, tu en goûtais, puisse ta
jeune maîtresse opposer sa main à ton baiser et
reculer à l’extrémité du lit !