Études d’Histoire israélite/04

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Études d’Histoire israélite
Revue des Deux Mondes3e période, tome 99 (p. 783-804).
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ETUDES
D’HISTOIRE ISRAÉLITE

LE REGNE D’EZECHIAS
PREMIÈRE PARTIE


I

La destruction de Samarie fut, selon une loi ordinaire de l’histoire, l’exaltation de Jérusalem, sa rivale. Le travail religieux et littéraire qui s’accomplissait par les deux moitiés séparées de Jacob va maintenant s’accomplir par Juda seul. Or, Juda, c’était Jérusalem. La religion d’Israël, jusqu’ici, n’avait pas de nom ; dans la forme que va lui donner le génie hiérosolymite, elle s’appellera le judaïsme. Ainsi concentrée, la force du mouvement religieux allumé par les prophètes acquit un nouveau degré d’intensité. La petite ville de David devint un foyer de création comme il n’y en a pas eu d’autre dans l’ordre religieux. Les problèmes moraux et sociaux s’y posèrent avec une originalité hors ligne. La première religion organisée est en voie de se former ; le christianisme, l’islamisme, le protestantisme, et, mulatis mutandis, le socialisme moderne en sortiront.

Le iahvéisme, l’élohisme et les cultes qui s’y rattachaient, même les disciplines qui, depuis des siècles, constituaient le prophétisme, n’étaient pas encore des religions ayant un principe d’identité qui assurât leur durée. C’étaient des germes énergiques, d’où devait sortir la tige de l’arbre religieux de l’humanité ; ce n’étaient que des germes. Les réformes d’Ézéchias et de Josias, les livres qui en résultèrent, le terrible fanatisme de Jérémie, la captivité, le retour, furent le nœud qui lia tout cela en un faisceau désormais impossible à briser. Le royaume d’Israël une fois disparu, sa religion disparut avec lui ; le royaume de Juda disparaîtra, mais sa religion lui survivra. Le judaïsme, de religion locale, deviendra une religion sans lien avec un pays déterminé, susceptible d’être pratiquée dans tous les pays, embrassée par les races les plus diverses.

Deux grands hommes, Ézéchias et Isaïe, sont à l’origine de ce mouvement extraordinaire, qui a décidé du sort de l’humanité. Les circonstances y aidèrent puissamment. Les trois années que dura le siège de Samarie et les temps qui suivirent furent pour Jérusalem un temps de fièvre ardente. À chaque moment, on croyait voir se détourner sur la Judée le fléau qui broyait Ephraïm. Une sorte de patriotisme empêcha Isaïe et Michée de pousser trop hautement des cris de triomphe à la prise de Samarie ; mais, en fait, la victoire du iahvéisme était complète. Les prédictions des prophètes de Jérusalem s’étaient réalisées. Le royaume d’Ephraïm était tombé victime de son infidélité à Iahvé. Seule, en Syrie, Jérusalem avait été épargnée. Quoi de plus clair ? Il était admis que les Assyriens étaient le fléau avec lequel Iahvé battait les peuples. Cette immunité de Jérusalem ne pouvait être que l’effet d’une protection divine. Une belle surate d’Isaïe[1], qui paraît se rapporter à ce temps, contient la théorie complète de la Providence selon les prophètes, théorie qui est restée l’universelle philosophie de l’histoire jusqu’à Bossuet.

Dieu gouverne le monde par le châtiment. Pour châtier, il a besoin d’instrumens ; mais ces instrumens ne connaissent pas la main qui se sert d’eux ; ils s’imaginent faire eux-mêmes ce que Dieu leur fait faire. « C’est par ma propre force, se dit Assur, que j’ai fait tout cela ; c’est par ma sagesse et mon intelligence que j’ai changé les frontières des peuples, pillé les trésors, renversé les rois, broyé les peuples. » Quelle folie !

La cognée s’élève-t-elle contre celui qui la brandit ?
La scie fait-elle la glorieuse contre celui qui la manie ?
C’est comme si le bâton voulait diriger la main qui le lève,
Comme si la verge prétendait mouvoir le bras qui la tient.

L’orgueil d’Assur sera puni. Sa politique est d’exterminer les peuples les uns après les autres. Calno et Karkemis, Hamat et Arpad, Damas et Samarie ont succombé. Jérusalem, que l’exemple de Samarie n’a pas rendue sage, aura le même sort. Le prophète entend, en quelque sorte, la marche de l’ennemi venant du Nord, écrasant tout sur son passage.

Les voilà arrivés à Ayyat,
Ils ont passé à Migron,
Ils confient leurs bagages à Mikmas.

Ils franchissent le passage :
« Ce soir (disent-ils), nous coucherons à Géba ; »
Rama tremble ; Gibeat de Saül est en fuite.

Élève ta voix, fille de Gallim,
Prête l’oreille du côté de Laïsa, pauvre Aniyya.

Madména est en fuite,
Les habhitans de Gébim se sauvent.

« Encore une halte aujourd’hui à Nob ; »
De là ils étendent la main vers la montagne de Sion,
Vers la colline de Jérusalem.

C’est au moment où Assur se croit sûr de prendre Jérusalem que Iahvé saisit sa hache contre lui. Assur était comme un Liban couvert de hautes forêts ; Iahvé le jette à terre et le rase. Les défaites d’Israël ont cela de particulier qu’elles ne sont jamais complètes. Un reste d’Israël est toujours gardé par Iahvé pour servir de noyau à une renaissance, qui sera l’ère du bonheur. Les justes ont été la cause de la victoire ; les justes régneront sous le sceptre d’un roi parfait, qui, dans l’esprit du prophète, est à la fois Ézéchias et le roi idéal de la théocratie future.

Un rameau sortira de la souche d’Issaï,
Un rejeton poussera de ses racines.

Et l’esprit de Iahvé reposera sur lui,
Esprit de sagesse et d’intelligence,
Esprit de conseil et de force,
Esprit de science et de crainte de Dieu.

Il ne jugera pas selon ce que ses yeux croiront voir,
Il ne décidera pas selon ce que ses oreilles auront entendu ;
Mais il jugera les faibles avec justice,
Il rendra des arrêts équitables pour les humbles du pays ;
Il frappera les violens de la verge de sa bouche,
Et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.

La justice sera la ceinture de ses reins,
Et la fidélité le baudrier de ses flancs.


Alors le loup habitera avec la brebis,
Le tigre se couchera à côté du chevreau.
Le veau, le lionceau, l’agneau vivront ensemble,
Et un petit garçon les mènera.

La génisse et l’ours paîtront dans la même prairie ;
Leurs petits reposeront côte à côte,
Le lion mangera de la paille comme le bœuf.

L’enfant jouera près du nid de la vipère,
Et dans le repaire de l’aspic le nouveau-né mettra la main.

Plus de mal, plus de souillure
Sur ma montagne sainte ;
Car le pays sera plein de la connaissance de Iahvé,
Comme la mer est pleine d’eau.

En ce jour-là, il y aura un rejeton d’Isaï
Qui sera élevé comme un drapeau pour les peuples ;
Les nations viendront lui rendre hommage,
Et sa résidence sera glorieuse.

Et en ce jour-là, Iahvé étendra une seconde fois la main
Pour rassembler les restes de son peuple
D’Assur, de Mesraîm, de Patros, de Cousch,
D’Elam, de Sennaar, de Hamat et des îles de la mer.

Et il élèvera un signe de ralliement visible chez tous les peuples,
Pour rassembler les exilés d’Israël
Et recueillir les dispersés de Juda
Des quatre coins de la terre ;
Et la jalousie d’Éphraïm cessera
Et les haineux de Juda disparaîtront.

Les deux familles d’Israël réunies battront les Philistins, les Édomites, les Moabites, les Ammonites. Iahvé, renouvelant les miracles de l’exode, rendra l’Euphrate guéable, pour que les restes de son peuple, qui seront dispersés en Assur, puissent revenir. Les justes du royaume idéal éclatent alors en un chant triomphal. La victoire sera le fruit de l’amélioration morale ; pour avoir l’appui de Iahvé, il faut être pur. La vraie politique a pour base l’ordre moral. La nation qui observe l’ordre peut être éprouvée, non vaincue.

Jamais peut-être mieux qu’à ce moment ne se voit la pensée des piétistes d’Israël. L’État est une fonction de la religion ; les ennemis ou les serviteurs tièdes de Iahvé perdent la chose publique ; les gardiens de la chose publique ont donc pour premier devoir de veiller à ce que Iahvé soit servi comme il entend l’être. Le vrai culte de Iahvé, c’est la pureté du cœur et des actions, l’horreur pour les fétiches matériels, en bois ou en métal. Les serviteurs de Iahvé sont des pauvres, des humbles. Les riches sont, en général, durs, impies, violens. Le premier devoir du souverain pieux est d’être juste envers ces pauvres de Dieu et de refréner vigoureusement l’exploitation des pauvres par les riches ; les pauvres finiront par régner un jour.

Telle était, sans nuance différentielle bien sensible, la doctrine de tous les prophètes iahvéistes. Or, pendant les années qui suivirent la ruine du royaume d’Israël, le parti des prophètes fut tout-puissant en Judée. Le roi s’y livra sans réserve. Son caractère était porté vers la justice et la piété. Déjà l’ensemble des écritures hébraïques était considérable et pouvait servir de base à une éducation morale. Ézéchias y puisa beaucoup de ses qualités et son sérieux d’esprit. Il paraît avoir été plus jeune qu’Isaïe ; la culture littéraire, qui distingue Isaïe et Michée, le pénétra encore plus profondément. Ce fut presque un lettré ; ce fut surtout un piétiste. Mais on était au début ; les excès de zèle où glisse facilement le piétisme furent, cette fois, évités.

On est quelquefois porté à croire que l’ardeur avec laquelle Ézéchias se consacra à la vraie religion fut le résultat d’une conversion qui eut sa date, d’une puissante révulsion morale, qui l’attacha désormais irrévocablement aux idées qu’il tenait pour la vérité absolue. La proclamation officielle du judaïsme aurait ainsi fort ressemblé à celle du bouddhisme, amenée par la conversion du roi Asoka. La psychologie juive ne semble pas exiger un coup de cette sorte. Le langage d’Isaïe et de Michée, dans les premières années d’Ézéchias, ne diffère pas beaucoup de ce qu’il était sous Achaz. Le iahvéisme impliquait un levain théocratique qui ne pouvait que se développer. Le iahvéisme des prophètes de Juda est essentiellement une religion sociale ; son but est la réforme de la société selon la justice. Le roi est la clef de voûte de l’édifice iahvéiste. Le roi est choisi, sacré par Dieu. Il est le mesih (l’Oint) de Dieu. Son devoir est de faire régner Dieu et de se conduire par les conseils des hommes de Dieu, c’est-à-dire des prophètes. Ézéchias ne fit donc que suivre l’indication d’événemens qui pour lui étaient la manifestation évidente de la volonté de Iahvé, la prise de Samarie, la captivité de Hosée. Il n’y eut pas deux hommes dans Ézéchias. Il y eut un convaincu, que des événemens plus ou moins évidens frappèrent. Si Salmanazar n’eût pas fait sa campagne de Syrie, il est probable que Jérusalem eût continué, malgré Isaïe et Michée, à se traîner dans l’espèce de médiocrité religieuse d’où elle ne réussissait pas à sortir. Que dis-je ? Sans les grands événemens qui semblèrent la justification des oracles iahvéistes, Isaïe et Michée n’eussent point été ce qu’ils furent. Iahvé est le Dieu vivant de l’histoire, le Dieu qui gouverne le monde. Il triomphe par l’histoire ; les grandes révolutions du monde sont ses manifestations.


II

De 721 à 711, à peu près, l’état de la Judée paraît avoir été assez prospère. Dans les premières années qui suivirent la prise de Samarie, la situation d’Ézéchias à l’égard de l’empire d’Assyrie fut celle d’un vassal. Une circonstance, cependant, vint rendre sa situation moins mauvaise qu’on ne devrait le supposer. Salmanasar mourut avant que la guerre contre Samarie ne fût terminée, et eut pour successeur un de ses officiers, Saryoukin ou Sargon. Le commencement d’une nouvelle dynastie est toujours un moment favorable à ceux que la dynastie précédente avait assujettis ou tenus dans la sujétion.

Sargon fut un souverain trop puissant pour que le prudent Ézéchias songeât à se révolter contre lui. Les propositions de l’Égypte étaient cependant une perpétuelle tentation, ce qu’est maintenant, en France, l’alliance russe pour les esprits agités. Les conseillers politiques du roi y étaient favorables. De ce nombre était surtout un certain Sebna ou Sebent, peut-être un Sébennyte, certainement un étranger, un homme sans famille, qui arriva au titre de soken ou conseiller interne du roi, et était revêtu des fonctions de préfet du palais. Isaïe et les prophètes étaient contraires à l’alliance égyptienne, par suite de leur principe général que les moyens humains sont une injure à Iahvé, et aussi par suite de la juste vue qu’ils avaient de la situation militaire du temps.

En 711, la tentation fut plus forte que jamais. Le tartan ou général des armées de Sargon traversa le pays de Juda pour aller conduire une expédition en Égypte et en Éthiopie. Le premier acte de la campagne fut le siège d’Asdod. Une ligue générale de l’Égypte et des pays palestiniens paraissait indiquée. Isaïe fit à cette politique la plus vive opposition, et employa, pour la combattre, les énergiques moyens de démonstration par les yeux qui lui étaient habituels. Un jour, on le vit se promener dans la rue de Jérusalem, déchaussé, dans un état de nudité honteuse. Il déclarait que Iahvé lui avait ordonné de se montrer ainsi, pour que l’on vît l’état ignominieux où le roi d’Assyrie ramènerait les prisonniers d’Égypte et d’Éthiopie.

La haine d’Isaïe contre celui qu’il appelle « l’opprobre de la maison de son maître » s’est exprimée, sous une forme moins bizarre, dans un morceau où les luttes intérieures de la cour d’Ézéchias éclatent visiblement. Sebna, dont le père n’est jamais nommé et qui devait être de basse extraction, menait grand train, se faisait creuser, en vrai parvenu qu’il était, un tombeau dans le roc de la colline royale. Cela rendait furieux la coterie des piétistes. « Iahvé, disaient-ils, le précipitera du faîte de ses honneurs ; ses chars ne lui serviront de rien. » L’intrigue pour remplacer Sebna était évidemment déjà toute prête. Le candidat du parti théocratique et antiégyptien était Eliaqim fils de Hilqiah, qui devait, selon l’usage de l’Orient, porter toute sa famille aux honneurs avec lui. Iahvé apostrophe Sebna et fait la réclame pour le saint homme, qui réparera les scandales du mécréant.


Alors j’appellerai mon serviteur Eliaqim fils de Hilqiah, et je le revêtirai de ta tunique, et je le ceindrai de ton baudrier, et je mettrai ton pouvoir en sa main, et il sera un père pour le peuple de Jérusalem et la maison de Juda, et je placerai la clé de la maison de David sur son épaule ; il ouvrira, et après lui personne ne fermera ; il fermera, et après lui personne n’ouvrira. Je l’enfoncerai comme une cheville en un endroit solide ; .. on y suspendra toute la gloire de la maison de son père, branches nobles et humbles pousses, vases petits (et grands), depuis les bassines jusqu’aux cruches[2]. En ce jour-là, au contraire, dit Iahvé-Sebaoth, le clou qui paraissait solidement enfoncé sera ébranlé ; il cédera, il tombera, et la charge qui posait dessus s’abîmera, car Iahvé l’a dit.


Éliaqim, en effet, remplaça Sebna dans la charge de préfet du palais ; mais Sebna n’en garda pas moins à la cour une haute autorité. En somme, Isaïe avait raison malgré l’étrangeté de ses argumens. L’Égypte n’était pas un appui solide ; c’est l’Assyrie qui était vraiment l’organe de Iahvé, car l’Assyrie était forte. Les prophètes, voyant l’action de Iahvé dans tout ce qui triomphait, devaient être pour l’Assyrie. Ce n’est pas impunément qu’on exécute les arrêts de Iahvé, qu’on est son ministre, l’exécuteur de ses plans. La force païenne chargée d’une telle mission devait paraître quelque chose de sacré. C’est ainsi que le parti prophétique fut amené à saluer l’Assyrie, puis la Perse, comme des institutions divines. La cour de Rome, toujours acquise au plus puissant, est la vraie continuatrice de cette politique. Le fort fait la volonté de Dieu. Lui désobéir, c’est désobéir à la volonté de Dieu. Ajoutons qu’étant presque indifférens en religion, les Assyriens se présentaient aux populations pieuses de la Syrie un peu comme les Mongols aux yeux des croisés. Ils ne portaient point atteinte à la liberté religieuse, la seule que ces races aient toujours désirée. Sujet, en politique, d’un empire qui respecte sa religion, telle est, dès la plus haute antiquité, la position logiquement voulue par Israël.

Cet état de vassalité relativement à l’Assyrie avait d’ailleurs pour Ézéchias de réels avantages. L’Assyrie ne paraît pas avoir visé à des délimitations bien exactes de frontières. Plusieurs villes de l’ancien royaume d’Israël purent être rattachées à Juda. Du côté des Philistins, les armes d’Ézéchias furent tout à fait victorieuses. Le pays, sans doute épuisé par ses luttes contre l’Assyrie, tomba, jusqu’à son extrémité méridionale, c’est-à-dire jusqu’à Gaza, entre les mains du roi de Juda.

L’organisation de la royauté paraît s’être retrouvée, dans les bonnes années d’Ézéchias, ce qu’elle fut aux meilleures époques de la dynastie davidique. Le roi est entouré de soferim, constituant une sorte de classe administrative, et de sokenim, ministres et conseillers. Le préfet du palais ou majordome est le premier soken, une sorte de vizir. Cette place, comme nous l’avons vu à propos de Sebna et d’Éliaqim, donnait un grand pouvoir et était l’objet de vives compétitions. Les prêtres apparaissent tout à fait subordonnés et réduits au service du temple. Les prophètes étaient tout ; ils avaient bénéficié de ce que l’ordre civil avait perdu par les victoires de l’Assyrie.

Les travaux publics de Jérusalem, qui paraissent avoir été actifs sous Achaz, le furent plus encore sous Ézéchias. Une vraie transformation de la ville s’opéra. La population s’augmentait beaucoup ; il est probable que beaucoup d’Israélites, sans patrie depuis la fin du royaume du Nord, vinrent s’y fixer.

L’approvisionnement d’eau a toujours été la grande difficulté de Jérusalem, la ville étant assise tout près de la ligne culminante entre la Méditerranée et la Mer-Morte, et n’étant dominée que par quelques sommets très éloignés. La population hiérosolymite a toujours vécu de ses citernes, qui sont en grand nombre et bien exécutées. La petite source de Gihon, sur le versant de Sion, n’a qu’un mince filet d’eau. Les eaux recueillies à la naissance de la vallée occidentale sont peu de chose, et proviennent uniquement des terrains environnans, servant pendant l’hiver de surfaces récoltantes. Ézéchias entreprit de tirer le meilleur parti possible de cette pauvreté[3], et en même temps de prendre les précautions nécessaires pour qu’en cas de siège, la ville ne pût être coupée de sa provision d’eau. Il fit construire dans la ville une grande piscine[4] et creuser une conduite souterraine qui y amenait, dans la saison des pluies, les eaux de la piscine supérieure (Birket Mamillah), alimentée elle-même par les eaux du plateau.

Les travaux du siloh paraissent avoir été exécutés du temps d’Achaz. Peut-être lurent-ils achevés sous Ézéchias ; du moins on les lui attribua. Ce siloh ou « émissaire » était un canal souterrain destiné à porter aux jardins royaux et à la porte du Sud-Est les eaux de la fontaine Gihon, peut-être aussi à les soustraire à l’action de l’ennemi. Une inscription, récemment découverte, nous apprend que le travail de percement fut entrepris par les deux extrémités et montre la peine qu’eurent les deux brigades de travailleurs à se rejoindre sous la colline. L’examen du travail souterrain montre à la fois beaucoup de hardiesse et beaucoup d’hésitation dans une œuvre qui devait, en l’absence de mires perfectionnées, présenter d’énormes difficultés.

L’art hébreu paraît avoir atteint son plus haut degré sous Ézéchias. L’enlèvement des objets d’art, sous Achaz, fut bien vite réparé. Le palais retrouva tous ses ornemens, et nous verrons Ézéchias, sur la fin de son règne, fier des richesses ciselées qu’il avait su amasser. Le style assyrien luttait déjà avec avantage contre l’imitation égyptienne, que les Phéniciens avaient mise à la mode ; un autre symbolisme tendait à prévaloir. Le temple était rétabli en sa splendeur, bien que la simplicité du culte ne fût pas altérée. On ne sait rien des habits sacerdotaux de ce temps. Les troupes de lévites et de chanteurs que l’on imagine comme une vaste maîtrise autour du temple sont des imaginations de l’auteur des Chroniques, empruntées au second temple. Aux fêtes de Pâques, on chantait des cantiques ; dans les marches du pèlerinage, on s’accompagnait de la flûte ; les sentimens religieux s’exhalaient au son des neginoth ; mais rien ne prouve que la musique du temple fût déjà organisée. Les prophètes, qui avaient si fort déprécié les cohanim, n’étaient pas favorables à l’application de l’art à la religion. Leur culte était tout abstrait. À quoi bon ces pompes, cet appareil extérieur ? Dieu ne demande à l’homme que la justice et la pureté du cœur.

Les utopies socialistes ont besoin, pour se développer librement, d’un temps assez prospère. On ne déclame bien à son aise que quand on n’est pas trop malheureux. Quoi qu’en dise Isaïe dans ses momens de mauvaise humeur, le gouvernement réalisait la mesure d’ordre et de justice dont le pays et le temps étaient capables. Mais les grandes races sont incontentables ; elles réclament toujours contre l’insuffisance de la dose de liberté et d’égalité qui leur est départie. Il n’est pas bon de se résigner facilement. L’état d’inquiétude sacrée où vivaient les prophètes était le grand propulseur religieux du génie de ce peuple, la garantie de son avenir. L’impossibilité des rêves qui empêchaient de dormir ces prodigieux agitateurs ne pouvait se découvrir encore. Ils voulaient la justice. Il fallait du temps pour arriver à voir que les abus qu’ils appelaient injustices tiennent aux conditions d’existence de la nature et qu’il faudrait supprimer la vie humaine pour les supprimer.


III

C’est bien dans cette période de paix et de prospérité relative du règne d’Ézéchias que l’on peut placer, par approximation, la fixation définitive de la religion iahvéiste, telle que les prophètes du temps d’Achab l’avaient conçue, telle qu’Isaïe et Michée l’ont parachevée. Iahvé n’a plus presque aucun lien avec la nature. Son caractère de Dieu national est momentanément effacé ; la victoire du monothéisme paraît complète. Iahvé est le Dieu qui a fait le ciel et la terre. Il veut le bien. L’homme lui rend hommage en pratiquant la justice. Ce culte-là, tout le monde peut le lui rendre, et, en ce sens, l’humanité tout entière est appelée au culte de Iahvé.

Iahvé exerce sa justice par le train ordinaire du monde, qu’il gouverne jusque dans le moindre détail, en maître absolu. La réalité présentait ici d’étranges objections au penseur le plus facile à satisfaire, l’honnête homme étant souvent malheureux et le pervers en apparence souvent récompensé. Le iahvéisme s’abîmait dans ce gouffre. Iahvé, questionné sur le chapitre de sa providence, ne répond à l’homme que par des coups de tonnerre. Le gouvernement du monde est parfaitement juste, sans que l’homme puisse savoir comment. Jamais le moindre appel n’est fait par les sages de ce temps à des récompenses ou à des châtimens d’outre-tombe. La justice de Iahvé, d’ailleurs, est sommaire ; il punit les sociétés malades, au risque d’atteindre plus d’un innocent. Cette justice est surtout intermittente. Iahvé a ses jours ; il laisse la malice humaine aller à son comble, alors il apparaît et punit.

Toute l’histoire du monde est le développement d’un plan conçu et voulu par Iahvé. La race d’Israël est le pivot de cette histoire. Iahvé l’a choisie dans la famille araméenne, comme une tribu privilégiée ; il la suit des yeux depuis plus de mille ans. La grande marque d’affection qu’il lui a donnée fut de la tirer de l’Egypte par son serviteur Moïse, à qui il a fait, dans le désert du Sinaï, diverses manifestations de ses volontés, sans que pourtant la source de ces oracles soit tarie. Iahvé parle sans cesse par ses nabis, qui sont une révélation permanente. Au VIIIe siècle, la divination par l’éphod avait à peu près disparu ; mais la nécromancie était plus en vogue que jamais ; le qosem était presque aussi consulté que le nabi. Or, selon le iahvéiste pur, Iahvé seul devait être consulté. Tout oracle autre que le sien était une injure à sa majesté, et impliquait la supposition qu’il existe quelque pouvoir fatidique et divin, inhérent à la nature.

L’Assyrie est la force que Iahvé met en mouvement pour l’exécution de ses plans secrets, lesquels ne sont autre chose que la réalisation d’un monde juste par Israël. Le royaume de Samarie, qui resta si loin de cette perfection, est déjà détruit ; celui de Juda le sera aussi probablement. Mais les destinées de Sion sont éternelles. Sion sera le centre d’une humanité régénérée. Le vrai roi de la dynastie bethléhémite, le David idéal, qui ne s’est pas vu encore, apparaîtra et réunira dans sa main Israël tout entier. Roi et prophète à la fois, il conduira le peuple dans la voie du pur iahvéisme. Le monde, alors, reconnaîtra la supériorité de Sion ; l’univers se fera iahvéiste ; les sacrifices seront abolis ; le vrai culte de Iahvé sera la justice et le bonheur.

Tel est le rêve splendide dans lequel se concentra toute la puissance d’aimer et de croire des Judaïtes pieux, vers 720 et 710 avant Jésus-Christ. Le règne d’Ézéchias fut le moment où l’on fixa les traits de cet âge d’or. Le messianisme est une création de Jérusalem, non des tribus du Nord. Il y fallait David, Sion, une dynastie légitime. Le roi était nécessaire au nouvel idéal conçu par Juda. Ézéchias répondait à quelques-uns des traits du parfait roi davidique. À certains momens, on put croire que la grande destinée d’Israël se révélerait par lui, surtout quand il serait entouré de gens pieux comme Éliaqim et sa famille. Les signes prochains étaient pourtant trop peu en vue ; les temps étaient trop durs. Le roi théocrate fut relégué dans l’avenir ; il devenait une sorte de soleil apparaissant à la fin des âges. Mais le soir du monde devait être si beau qu’on se résignait à ne pas le voir. Il suffisait d’avoir travaillé à le préparer.

Ce système religieux étrange, le moins mythologique et le moins métaphysique qu’ait jamais conçu un cerveau de grande race, n’était au fond que le vieil élohisme patriarcal, devenu vivant, humanitaire et introduit dans l’histoire. Le déisme était si profond chez ces nomades incorrigibles qu’il parvint à expulser, par un travail d’élimination séculaire, la forte dose de paganisme qui était entrée en Israël avec le faux dieu Iahvé, essentiellement dieu local et national. Les nabis, représentans obstinés du vieil esprit monothéiste, avaient réussi. Iahvé n’était plus qu’un synonyme d’Elohim. Ce que l’on disait de Dieu, on le dit de Iahvé, et puisque Dieu a créé le ciel et la terre, Iahvé aussi a créé le ciel et la terre. Iahvé, en un mot, purement, simplement, sans nuance de différence, signifia « Dieu[5]. »

L’emploi des deux mots devint indistinct. On chercha au mot Iahvé une étymologie qui en fît le nom du dieu unique. L’opinion très dominante était que le nom de Iahvé fit partie de la révélation sinaïtique, que Dieu même en avait donné l’explication à Moïse, le tirant de la racine haïa ou hawa (araméen), qui veut dire être. On plaçait dans la bouche de Dieu ce mot mystérieux : Ehié aser ehié, « je suis celui qui suis. » Cette idée, fort belle assurément, n’était pourtant pas exclusive de deux autres systèmes, qui avaient leurs partisans. Les uns voulaient qu’Abraham offrît déjà des sacrifices au nom de Iahvé ; d’autres soutenaient que l’usage de ce nom solennel remontait aux premiers temps de l’humanité, au patriarche Seth, fils d’Adam.

Dès l’époque, déjà passablement philosophique où nous sommes arrivés, beaucoup d’esprits se disaient sans doute qu’il y avait en tout cela un sensible porte-à-faux, que ce Iahvé, ayant sa politique et sa providence personnelles, était après tout un dieu particulier, fort distinct de l’El absolu des sages antiques dont l’école se poursuivait chez les Thémanites et chez les Beni-Qédem. La grande contradiction qui était au fond de la conscience d’Israël : — d’une part, le Dieu abstrait et universel de l’univers ; — d’une autre part, le dieu particulier d’Israël, était recouverte d’une cicatrice grossière, qui suffisait. On ne voit pas que les élohistes purs, comme ceux qui écrivirent Job et les Proverbes, aient jamais protesté contre ce qu’il y avait de paganisme, et, en un sens, de polythéisme, dans un nom propre donné à Dieu ; on ne voit pas non plus que les iahvéistes aient jamais combattu un parti de déistes purs, niant qu’Israël eût, comme les autres tribus, un dieu protecteur spécial. Tous deux avaient pour commun adversaire le groupe des fous qui disaient : « Il n’y a pas de Dieu. » Ceux-ci seuls étaient les pervers, les hommes dangereux. Comme ils se gardaient d’écrire, nous ne savons pas combien ils étaient. L’histoire ne voit que les surfaces ; mais, en réalité, les surfaces seules existent dans l’humanité ; elles sont les apparences ; or, en dehors de l’ordre scientifique pur, les choses humaines ne sont qu’apparences. La bataille gagnée est celle qu’on croit gagnée. L’opinion triomphante est celle qui réussit à prouver, à une certaine heure, qu’elle avait le droit de triompher.

C’est parce que le mouvement iahvéiste des prophètes était un retour en arrière, un effort pour revenir à une religion plus ancienne et plus pure, que le grand mouvement prophétique du VIIIe siècle ressemble si fort au protestantisme. L’œuvre des prophètes qui entourent Ézéchias, sans être entièrement maîtres de lui, consista à épurer, à éliminer des scories. Le caractère essentiel du judaïsme est dès lors nettement marqué ; c’est une réforme de puritains, une négation, une religion de mesures préventives et de précautions. Jamais l’ancien iahvéisme n’avait réussi à écarter absolument les superstitions, soit qu’elles vinssent des nomades antiques, soit qu’elles fussent des imitations des cultes chananéens et araméens. Les sages se contentaient de sourire de ces inepties et ne trouvaient pas mauvais que leurs femmes eussent des petits dieux grotesques dans leurs poches et leurs bagages. Vers le milieu du VIIIe siècle, on y regarda de plus près. Deux devoirs s’imposaient aux puritains, d’abord chasser tout ce qui n’était pas le iahvéisme, puis dégager le iahvéisme lui-même des tolérances, qui, selon les prophètes, en ternissaient la pureté.

La destruction du royaume et des sanctuaires du Nord donna au temple de Jérusalem une importance considérable. Jusque-là, ce petit naos n’avait guère été que la chapelle particulière du roi de Jérusalem. Maintenant, chaque jour voit grandir ses destinées. Il va devenir le sanctuaire national d’Israël tout entier ; une piété ardente s’attache à lui ; une foule de zélateurs se font un point d’honneur de sa pureté absolue. Isaïe pensait sans doute trop peu à cette petite maison de pierre pour qu’il ait pu rien conseiller au roi à ce sujet. On ne voit pas, d’ailleurs, que son habitude ait été de prendre les portiques du temple pour lieu de ses prédications, ainsi que le firent d’autres écoles prophétiques. Le temple, sous Ézéchias, fut purifié, sanctifié, non embelli, ni développé. Il lui arriva comme à une église du moyen âge, Saint-Pierre de Genève, par exemple, subissant l’influence de Calvin. Il est possible que plusieurs des motifs de l’ornementation du temps de Salomon, à laquelle ne présida pas un esprit très rigoriste, aient été soumis en ce temps à des retouches sévères, et peut-être ce fait, qui nous a surpris, d’absence de représentations figurées dans la description des décors du temple, vient-il, non du goût du fondateur, mais des actes de vandalisme, comme nous dirions, auxquels se livrèrent les zélotes d’un âge postérieur. On ne saurait, cependant, appuyer trop sur cette hypothèse. Si de telles retouches eussent été considérables, il semble bien que quelque texte nous en aurait gardé le souvenir. Nous connaissons, en effet, par un texte formel, l’acte le plus hardi que l’esprit iconoclaste dicta aux nouveaux réformateurs. Parmi les ustensiles du temple, l’objet qui déplaisait par-dessus tout aux prophètes était ce qu’on appelait le nehustan (abréviation, avec jeu de mot, de nehas nehost, serpent d’airain), vieux talisman que Moïse avait, dit-on, fait fabriquer contre la piqûre des serpens. Les Israélites lui avaient jusque-là offert de l’encens comme à un dieu, et il n’est pas impossible que ce fût en effet une vieille image de Iahvé, provenant des temps où l’on représentait ce dieu sous des formes empruntées à l’Egypte. Ézéchias le fit mettre en pièces. Il fallait, pour une innovation aussi hardie, un parti religieux bien fort. Le nehustan était une relique nationale de premier ordre. La religion nationale est toujours superstitieuse. Le jour où Ézéchias ordonna de casser le serpent d’airain de Moïse, il fit ce que firent, en partie à son imitation, les protestans du XVIe siècle, mutilant les saints gothiques, les autels les plus vénérés. L’horreur de l’imposture sacerdotale et du matérialisme religieux l’emportait sur le respect de la tradition. Héros de l’abstraction et du vrai absolu, le prophète juif est plus que patriote. Les mensonges, dont le patriote se contente si facilement, lui soulèvent le cœur. Une fable attribuant quelque vertu à un objet naturel lui paraît une diminution du pouvoir de Iahvé. De plus en plus, la religion des prophètes de Jérusalem devient une religion humanitaire et cesse d’être un culte en rapport avec une race ou un pays déterminés.

Ni Salomon, ni aucun de ses successeurs immédiats ne songea à faire du temple de Jérusalem la place exclusive des sacrifices. Les hauts lieux des temps antiques continuèrent à être des endroits de culte. On y adorait Iahvé, et souvent aussi les anciennes divinités topiques. Le pays était couvert de masséboth ou cippes sacrés et d’aséroth ou stèles phalliques, portant le signe d’Astarté. Ces objets choquaient les puritains, qui en obtinrent la suppression d’Ézéchias. Réclamèrent-ils aussi l’unité du lieu de culte, demande qui, à ce qu’il semble, eût été de nature à plaire à la royauté, toujours centralisatrice ? Les prophètes judaïtes du VIIIe siècle sont pleins de désirs en ce sens. Leur idéal est Iahvé adoré en Sion et uniquement en Sion. Il est probable qu’Isaïe sollicita plus d’une fois Ézéchias de supprimer les sacrifices extra-urbains. Mais, bien que le roi fût en parfaite intelligence avec le parti pieux, il ne se laissa jamais complètement mener par ce parti. Son attitude rappelle celle de saint Louis, si profondément religieux, et cependant gardant à l’égard du clergé une certaine indépendance. La suppression des sacrifices locaux aurait sûrement entraîné des vexations, des perturbations, comme il y en eut sous Josias. Or ce qui caractérisa le mouvement d’Ezéchias et d’Isaïe, en opposition avec celui de Josias et de Jérémie, c’est qu’il ne fut, au moins dans sa première période, accompagné d’aucune crise ni d’aucune mesure de rigueur.

Ce fut là un fait bien remarquable, et difficilement on en trouverait un autre pareil dans l’histoire religieuse. Plus d’une fois, sans doute, on conseilla au roi de sévir contre les endurcis ; il n’est pas prouvé qu’il ait jamais cédé. Il se bornait à donner les fonctions de son entourage et toute l’importance qui dépendait de lui à des hommes pieux, qui lui étaient recommandés par Isaïe, comme fut Eliaqim, fils de Helqiah. Autant que nous savons, il ne persécuta personne. Même la ville de Jérusalem ne fut pas ramenée à un état de purification absolue. On y voyait des représentations idolâtriques ou du moins scandaleuses pour les iahvéistes austères. Le roi ne se croyait pas le droit de supprimer ces représentations, contraires à ses sentimens personnels, mais que les mœurs toléraient.

La circoncision, de simple préparation au mariage qu’elle était à l’origine, devenait de plus en plus une règle religieuse à Jérusalem. C’était un des usages les plus anciens de la nation ; mais la signification religieuse n’en fut pas d’abord très précise. Les prophètes ne parlent jamais de cette pratique. Ils la trouvaient évidemment chose secondaire. Ni le livre de l’Alliance, ni le Décalogue ne contenaient non plus rien à cet égard, sans doute parce que la chose allait sans dire et n’était pas encore tenue pour un précepte. Le caractère religieux, cependant, prenait de plus en plus le dessus. La loi de la circoncision allait bientôt devenir fondamentale. Des traits importans du récit élohiste ont pour objet de montrer que cette opération est obligatoire chez les Abrahamides. Tous les gens prévoyans, tous les bons pères de famille la pratiquaient sur leurs enfans, pour leur éviter plus tard une situation fausse, exactement comme il en est de nos jours de la vaccination. Il fut reçu que Iahvé le voulait ainsi et qu’on manquait à un précepte de Iahvé en ne circoncisant pas son fils dès ses premiers jours.

Les fêtes juives se développaient, mais n’arrivaient à rien d’universel, de national. La Pâque, fondue avec la fête des pains azymes, devenait la grande fête annuelle. On l’inaugurait dans la nuit ; elle était accompagnée de réjouissances et de chants. Les gens pieux croyaient déjà que cette fête était le mémorial de la sortie miraculeuse de l’Egypte. Mais pour la plupart, c’était simplement la grande fête de Iahvé au printemps. L’idée se répandait de plus en plus que tous les actes religieux gagnaient à être célébrés à Jérusalem, au temple. La petitesse du royaume de Juda rendait une telle idée possible. Les fidèles les plus éloignés de Jérusalem n’avaient guère plus de dix lieues à faire pour y venir. Déjà un groupe de dévots très exaltés se formait autour du temple ; ils en devenaient les hôtes, les gérim. Ces gérim de Iahvé n’avaient guère été jusque-là que des parasites, vivant des sacrifices et de la bombance qui entourait les temples ; un esprit moral s’introduisit dans cette institution, qui ailleurs n’a rien produit de bon. On pensa que, pour être le voisin de Iahvé, il fallait une grande pureté morale. L’homme vertueux se consolait en disant à Dieu : « Le méchant ne saurait être ton ger. »


Iahvé qui pourra être le voisin de ta tente[6] ?
Qui est digne d’habiter sur ta montagne sainte ?
Celui qui marche irréprochable et fait ce qui est juste,
Qui n’a que des pensées vraies en son cœur ;
Qui ne dénonce, ni ne calomnie ;
Qui ne fait pas de mal à son prochain ;
Et n’outrage pas son semblable ;
Qui méprise ce qui est méprisable,
Qui respecte ceux qui craignent Iahvé,
Qui ne change rien à ce qu’il a juré ;
Qui ne place pas son argent à usure,
Qui n’accepte pas de présens au détriment de l’innocent.
Celui qui fait ces choses ne sera jamais ébranlé.


IV

Ainsi se forma une sorte de petite morale excellente, déjà en germe dans les écrits des prophètes antérieurs, qui maintenant a un parti et constitue une école. C’est une morale de gens du peuple et de moyenne classe, affamés de justice et d’honnêteté, détestant les hautes allures des aristocrates, comprenant peu les nécessités de l’État, affectant des dehors doux et humbles. Prêchée avec acharnement par les prophètes et leurs disciples jusqu’à la confection définitive du judaïsme, pratiquée par les juifs pieux durant les siècles qui précèdent notre ère, répandue par le christianisme, cette morale est devenue la morale du genre humain. Grâce à elle, les droits du pauvre, ou pour mieux dire du faible, ont partout triomphé, au moins jusqu’au temps où le christianisme, faussant complètement sa nature première, fit alliance avec les classes militaires et aristocratiques et n’eut plus à prêcher au pauvre que la résignation.

Dans le partage idéal qu’il avait fait à son peuple des biens de la terre, Iahvé n’avait pas prévu qu’il y aurait des riches et des pauvres. Les riches, aux yeux du iahvéiste conséquent, sont un pur inconvénient. Le perpétuel objectif de la politique iahvéiste est de protéger le faible contre le fort et de réduire presque à rien les avantages du riche sur le pauvre. Le roi est le roi des pauvres. L’intérêt de l’argent est comme un crime. Le riche est, en général, présenté comme un être violent, uniquement occupé à dépouiller le faible. Dans la pensée des piétistes israélites, l’origine de la fortune est toujours mauvaise. Ils sont de l’avis de saint Jérôme : Omnis dives iniquus aut hœres iniqui. C’est l’idée générale de l’Orient. Le pauvre y est, a priori, considéré comme bon, le riche comme méchant. Un jour que je faisais à mon drogman l’éloge des gens d’un village que nous venions de traverser : « C’est tout simple, me dit-il, ils sont pauvres. »

Le pauvre est l’ami de Iahvé. Il s’établit à cet égard des synonymies singulières. Le mot anav, « doux, » et le mot ani, « pauvre affligé, » dérivant tous deux d’une racine qui marque l’humilité, en vinrent à s’employer l’un pour l’autre. « Pauvre, affligé, malheureux, opprimé, doux, résigné, pieux, humble » ne se distinguèrent plus. Les mots qui signifient proprement « pauvre » (dal, ébion) devinrent équivalens de saintes gens, d’amis de Dieu. Les expressions « les pauvres de Dieu ou pauvres de Iahvé, les humbles du pays, les chétifs de la terre, les doux du peuple, » furent les noms dont se désignèrent les iahvéistes purs. Tout cela se fit dans un sentiment fort analogue à celui qui créa au moyen âge les noms de mineurs, minimes, pauvres de Dieu, humiliés, etc. Le sentiment de tristesse résignée qui remplit le cœur du pauvre confine par quelques côtés à la piété, et l’humilité des sentimens prédispose à un certain état de dévotion. En revanche, les mots hébreux signifiant « riche, grand, fort » (asir, gadol, aris) se prennent presque toujours en mauvaise part.

A partir du règne d’Ézéchias, ces associations d’idées sont fixées d’une manière irrévocable. Le vrai serviteur de Iahvé est un pauvre, persécuté par les riches, vexé par les gens du monde. Iahvé l’aime, parce qu’il est humble, parce qu’il ne fait pas ombrage à sa grandeur. Iahvé est son protecteur, son justicier ; il finira par lui donner la victoire. Les ennemis de Iahvé sont les ennemis des pauvres ; les ennemis des pauvres sont ceux de Iahvé. On sent qu’un tel esprit devait facilement dégénérer en hypocrisie sournoise, en humilité factice, surtout dans un état de croyances qui n’admettait pas que l’homme juste ajournât à un autre monde ses revanches et ses compensations. Un sérieux terrible crispait tous ces fronts. Les railleurs (lécim) surtout sont toujours présentés comme des impies. Le léç, c’est l’homme frivole, hardi, rieur ; c’est le voltairien du temps, l’homme du monde, qui se moque des frocards. Ces lécim faisaient bande à part, s’asseyaient sur un banc à eux ; c’était ce qu’on appelait « le banc des railleurs. » Il partait de ce banc plus d’une plaisanterie contre les saintes gens ; ceux-ci, de leur côté, ne regardaient qu’avec haine ce groupe de pestiférés.

Une démocratie théocratique, une religion résidant presque toute dans les questions sociales, voilà le judaïsme du VIIIe siècle, le vrai judaïsme, dont le christianisme n’a été que l’épanouissement et l’application. Les anavim ou hasidim forment une élite de l’humanité ; ce sont « les doux de la terre ; » ce sont surtout « les justes, les droituriers, la génération juste, les fidèles du pays, les gens tranquilles, les cœurs droits, les sectateurs de la voie parfaite, les hommes qui craignent Dieu, qui l’aiment, qui ont confiance en lui, ceux qui cherchent Iahvé. » C’est ici le point où il faut se placer pour le départ des lignes qui, d’abord parallèles, divergeront ensuite à l’infini. Constitués en une sorte de fraternité ou de société pieuse, les anavim ne veulent avoir de relations qu’entre eux, pour ne pas se souiller. Quand on appliqua à ces sortes de piétistes le nom de pharisiens, vers l’époque asmonéenne, il n’y eut en réalité d’innovation que pour les mots. Les anavim nous font entrevoir à l’horizon les pharisiens de l’Évangile. D’un autre côté, quel avenir à cet ébion, frère de l’anav et du hasid, qui sera le premier chrétien (ébionites) et dont le nom constituera la première béatitude : « Heureux les ébionim ! » Ce qu’on ne saurait dire, c’est à quel point tout le christianisme naissant est dans Isaïe, dans ses contemporains, dans ce qui s’agita d’original, à ce moment tout à fait solennel, en la conscience d’Israël.

Une chose est dès à présent évidente. Israël ne fondera ni une république, ni une royauté, ni un État civil, ni une polis. Israël fondera la synagogue, l’Église, la coterie pieuse, le pharisaïsme et le christianisme. Le piétisme, au fond, tue le citoyen. Ce n’est plus Israël dans son ensemble qui est le peuple de Iahvé ; ce sont les anavim, les hasidim seuls qui sont le troupeau de Iahvé. Israël n’est plus qu’une élite de saints ; les profanes sont le terreau qui sert à produire les plantes élues, la vigne qui sert à produire le vin. Tout cela ressemble beaucoup à l’islam. Ces hasidim sont des musulmans qui ont dévolu leurs affaires entre les mains de Dieu. Dieu est leur vékil ; et quel vékil ! Sûrement il les vengera. Avec de tels raisonnemens, on donne au monde de grandes disciplines morales ; mais on supprime la patrie.

L’État et même la polis (on peut dire surtout la polis) supposent des classes, des privilèges héréditaires, des injustices, des abus, la liberté laissée à certains vices, une élimination sévère des questions sociales. Israël, au contraire, ne voulait que la justice sociale. Une cour, une classe militaire, une aristocratie de naissance, lui étaient antipathiques. L’ébion acceptait sa pauvreté, mais à condition qu’il fût bien entendu qu’il était l’ami de Dieu et le pivot de la nation. Des sacrifices qu’il faut faire à la patrie, il exagéra les uns et ne voulut pas des autres. Il ne voulut pas des austères devoirs, qui sont l’acceptation de l’inégalité, la résignation à l’injustice. Ainsi il travailla plus pour l’humanité que pour sa patrie terrestre ; il perdit le pays qui était censé lui avoir été donné. Israël était destiné à être un ferment universel bien plus qu’une nation particulière mariée à une terre. Sa dispersion était écrite à l’avance ; c’est comme dispersé qu’il devait accomplir sa principale vocation.

Le roi Ézéchias présidait à ces transformations, avec une sorte d’impartialité bienveillante. Sa piété était dans les sentimens, dans une loi ardente, dans une confiance absolue en Iahvé. Il poussait, dit-on, jusqu’à l’ostentation le mépris des moyens humains, affectant de n’attendre son secours que de Dieu. Comme David, il espérait que Iahvé, en récompense de ce qu’il avait fait pour lui, lui donnerait de réussir dans toutes ses entreprises. Quand Iahvé semblait l’abandonner, il lui en faisait de tendres reproches ; mais il ne se décourageait pas. Son objectif était uniquement la vie présente. Quand Isaïe lui communiquait ses grands rêves d’un avenir sans bornes, que disait-il ? Il serait puéril de vouloir le conjecturer. Le propre de la conscience d’Israël, le secret de sa force et de ses contradictions, était de tenir latentes des réserves d’idées destinées à se dérouler en leur temps et auxquelles durant des siècles il avait pu paraître étranger.

Ézéchias doit ainsi figurer en tête de l’histoire, non plus mythique, mais désormais positive, du judaïsme. L’idéal des anavim, en effet, n’allait pas sans un roi qui fût à leur service. Les poètes pieux avaient peut-être composé, dès cette époque, ces psaumes où la perfection du roi théocrate est tracée en vives couleurs.

Ô Dieu, prête au roi ta justice[7],
Et ta justice au fils du roi[8]

Qu’il juge ton peuple avec droiture,
Et tes pauvres avec équité…

Qu’il rende la justice aux humbles du peuple,
Qu’il vienne au secours des fils du pauvre,
Et qu’il broie l’oppresseur.

Qu’on le craigne tant que durera le soleil,
Tant que luira la lune.

Qu’il descende comme la pluie sur un pré,
Comme l’ondée qui fertilise la terre.

Que de son temps fleurisse le bon droit,
Et la plénitude de la paix, jusqu’à ce que disparaisse la lune.

Qu’il commande de la mer à la mer,
Et du Fleuve aux extrémités de la terre.

Que devant lui ses adversaires se courbent,
Et que ses ennemis lèchent la terre.

Que les rois de Tharsis et des îles soient ses tributaires.
Que les rois de Scheba et de Seba lui apportent leurs redevances,

Et que tous les souverains se prosternent devant lui,
Que tous les peuples soient ses sujets.

Car il délivrera le pauvre qui crie,
L’infortuné qui n’a point d’aide ;

Il aura pitié du faible et de l’indigent,
Et il sauvera la vie des malheureux.

Il garantira leur existence contre la ruse de l’oppression ;
Leur sang aura du prix à ses yeux.

Ils vivront, et il leur donnera de l’or de Seba,
Et ils prieront pour lui sans cesse ;
Tous les jours, ils le béniront.

On croit entendre, dans les strophes que voici, la prière par laquelle les hasidims du temple accueillaient le roi quand il venait sacrifier.

Que Iahvé t’exauce, au jour de l’angoisse[9],
Que le nom du Dieu de Jacob le protège.

Qu’il t’envoie de son sanctuaire le secours dont tu as besoin,
Que de Sion il te fortifie.

Qu’il se souvienne de tes offrandes,
Qu’il ait pour agréables tes holocaustes,

Qu’il te donne tout ce que tu désires.
Qu’il accomplisse tous tes desseins…

Tels sont fiers de leurs chars, tels de leurs chevaux ;
Nous, c’est au nom de Iahvé, notre Dieu, que nous triomphons.

Les voilà courbés, les voilà tombés ;
Nous voilà debout, nous voilà levés.

Iahvé, donne la victoire au roi ;
Exauce-nous au jour où nous t’invoquons.

Un accent de victoire domine dans le morceau suivant, qui se termine comme toujours par des menaces contre l’aristocratie hostile aux réformes. Le roi saura aller chercher ces méchans dans leurs repaires et les exterminer.

Iahvé, que par ta force le roi se réjouisse[10],
Que par ton aide il soit tenu en joie.

Tu lui as accordé le désir de son cœur,
Tu n’as pas repoussé la prière de ses lèvres.

Tu l’as comblé des bénédictions du bonheur,
Tu as mis sur sa tête une couronne d’or.

Il t’a demandé de la vie, tu lui en as donné,
Une longueur de jours indéfinie.

Grande est sa gloire, grâce à toi ;
Tu as mis sur lui éclat et majesté.

Tu fais reposer sur lui des bénédictions éternelles,
Tu le remplis de joie par la vision de ta face.

Car le roi a confiance en Iahvé,
Et, par la bonté du Très-Haut, il ne chancellera pas.

Ta main, ô roi, atteindra tes ennemis,
Ta droite saura trouver tous ceux qui te haïssent.

Tu les feras flamber comme une fournaise, devant ta face ;
Iahvé les dévorera en sa colère, le feu les mangera.

Tu détruiras leur fruit de la terre,
Leur postérité d’entre les fils des hommes ;

Car ils complotent le mal contre toi,
Ils trament des intrigues qu’ils ne pourront réaliser.

D’autres fois, le roi se trace à lui-même, par la plume de ses pieux conseillers, le programme accompli d’un roi théocrate.

Je veux comprendre la voie parfaite[11],
La conduite irréprochable à tenir au sein de ma maison.

Je ne souffrirai pas devant mes yeux celui qui fait le mal ;
Je haïrai le malfaiteur ; il n’aura pas de relations avec moi.


Loin de moi le cœur pervers !
Je ne connaîtrai pas le méchant.

Celui qui calomnie en secret son prochain, je l’exterminerai ;
L’homme aux yeux hauts et au cœur large[12], je ne le supporterai pas.

Mes yeux inviteront les fidèles de la terre à demeurer avec moi ;
Celui qui est irréprochable en sa voie sera mon ministre.

L’artisan de fraude ne demeurera pas dans ma maison ;
Celui qui profère le mensonge ne se tiendra pas devant mes yeux.

Je me lèverai chaque matin pour anéantir les méchans de la terre,
Pour exterminer de la cité de Iahvé tous ceux qui font l’iniquité.

Ce psaume peut être du temps de Josias, comme du temps d’Ézéchias. On voit combien le pharisaïsme est ancien en Israël. La question des rapports sociaux était grave pour l’homme pieux. Notre principe moral, qu’il n’y a pas de contagion pour le galant homme, qu’on peut voir et toucher tout le monde sans contracter nulle souillure, était le contraire de l’esprit des saintes gens d’Israël. Il fallait choisir sa compagnie, s’arranger pour n’avoir de relations qu’avec les gens de la même secte que soi. Ce principe, divisant le monde en petites coteries sectaires, a rendu impossible en Orient ce que nous appelons la société. L’inquisition la plus odieuse en sortait comme conséquence nécessaire. Le roi qui mettrait en pratique les maximes du parfait roi d’Israël serait un tyran redoutable. Il est dangereux d’avoir pour programme de purger sa ville des ennemis de Dieu, c’est-à-dire de ceux qu’on suppose tels ; car Dieu ne met personne dans ses confidences, et ne communique pas la liste de ses amis. Philippe II, pour obéir à ce verset, dressait ses listes d’extermination et les faisait exécuter le matin. Israël a fondé bien plutôt la moralité que la liberté. À vrai dire, sept cents ans avant Jésus-Christ, personne n’avait l’idée de la liberté comme nous l’entendons ; la Grèce elle-même commençait à peine à en apercevoir quelque lueur. Selon le rédacteur jéhoviste de la Genèse, les pensées de l’homme vont naturellement au mal ; le roi, représentant de Dieu, doit surtout réprimer. Notre libéralisme « au cœur large » eût fait à ces vieux croyans l’effet qu’il produit sur les musulmans, sur les protestans puritains ; il leur eût semblé l’impiété même, la négation absolue des droits de Iahvé. Le banc sur lequel nous enseignons cette douce philosophie leur eût paru être la chaire du mal, et sûrement ils l’eussent appelé mosab lécim, « le banc des railleurs. »


Ernest Renan.
  1. Isaïe, depuis X, 5, jusqu’à la fin de XII.
  2. Pensée qui de nos jours paraîtrait épigrammatique : « Tous les membres, grands et petits, de la famille d’Eliaqim auront une place. »
  3. Les vasques d’Étham ont sûrement été faites pour l’approvisionnement de la cité. Il n’en est jamais question dans les textes bibliques. Ce beau travail, qui n’a qu’un défaut, c’est de supposer une police exacte établie dans le pays, paraît être l’ouvrage de Pilate (Jos., B. J., III, IX, 4).
  4. II Rois, XX, 20. C’est probablement Amygdalon ou Birket Hammâm-el-Batrak. Si cette piscine de II Rois, XX, 20, est la même que la Vieille piscine d’Isaïe, XXII, 11, il faudrait supposer qu’Ézéchias ne fit que mettre en état un travail plus ancien. La circonstance « entre deux murailles » (Isaïe, l. c.) conviendrait bien à cet emplacement, qu’Ézéchias put couvrir d’un second mur.
  5. C’est ainsi qu’au moyen âge, le Christ prit toutes les fonctions de Dieu et que, de nos jours, on a été accusé d’enlever Dieu des écoles parce qu’on enlevait les crucifix.
  6. Psaume XV.
  7. Psaume LXXII.
  8. Le fils du roi, c’est ici son grand-vizir.
  9. Psaume XX, peut-être du temps de Josias.
  10. Psaume XXI, fort analogue à Psaume XX.
  11. Psaume CI.
  12. En mauvaise part : l’anav, toujours triste et contrit, a le cœur étroit, serré en quelque sorte.