Évangile d’une grand’mère/124

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 324-326).

CXXIV

JÉSUS FLAGELLÉ.



Pilate hésitait de plus en plus.

« Mais je ne trouve aucun crime en cet homme, » répétait-il aux Pharisiens et aux Juifs.

Et pour toute réponse, tous hurlaient plus fort :

« Crucifiez-le, crucifiez-le ! »

Le lâche Pilate, effrayé de leurs vociférations, crut les apaiser en leur annonçant qu’il allait faire flageller le Seigneur ; il croyait par là satisfaire leur rage et sauver Jésus de la mort.

Il le livra donc aux bourreaux qui le traînèrent dans la cour du Prétoire.

Les soldats romains le dépouillèrent de la robe blanche qu’Hérode lui avait fait mettre par dérision ; ils l’attachèrent à une colonne et le fouettèrent avec une cruauté inouïe.

Sa chair sacrée fut bientôt déchirée par les lanières de cuir armées de pointes de fer dont se servaient les Romains pour ces cruelles exécutions. Et quand sa chair fut en lambeaux, quand ses os furent dépouillés, quand il eut reçu plus de trois mille coups de fouets et que les infâmes bourreaux furent las de frapper, ils délièrent Jésus, l’assirent sur une pierre, jetèrent sur ses épaules sanglantes un manteau de pourpre, enfoncèrent sur sa tête une couronne d’épines dont les pointes lui déchiraient la tête et le front, et lui remirent dans les mains le sceptre de roseau.

« Salut, ô Roi des Juifs ! » disaient-ils en ricanant et en se prosternant devant lui. Et lui arrachant le roseau des mains, ils lui en frappaient la tête, puis ils le souffletaient et le couvraient de crachats.

Voilà, mes chers enfants, une partie des souffrances qu’a voulu endurer Notre-Seigneur pour racheter nos péchés, pour nous sauver du démon. Et nous, ingrats et méchants, nous oublions sa Passion, nous continuons à l’offenser, nous préférons notre plaisir à son amour, et nous nous jetons dans une vie dissipée, commode, agréable, coupable par son inutilité, sans réfléchir que nous nous perdons et que nous rendons les souffrances de Notre-Seigneur inutiles en ce qui nous touche. Notre ingratitude, notre légèreté ont été une des plus grandes peines du Sauveur, car il nous aime et il ne peut nous sauver ; il souffre pour nous des tortures affreuses, et nous repoussons son sacrifice. Prions les uns pour les autres, mes chers enfants, afin que tous nous soyons remplis de reconnaissance et d’amour pour ce bon Sauveur et que nous profitions de ce qu’il a souffert pour nous réunir à lui dans le bonheur éternel.