Œuvres (Rimbaud)/Derniers vers/Loin des oiseaux

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Œuvres, Texte établi par Paul Hartmann, Mercure de France (p. 116).
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Loin des oiseaux des troupeaux des villageoises
je buvais à genoux dans quelque bruyère
entourée de tendres bois de noisetiers
par un brouillard d’après-midi tiède et vert

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise
ormeaux sans voix gazon sans fleurs ciel couvert
boire à ces gourdes vertes  loin de ma case
claire  quelque liqueur d’or qui fait suer

effet mauvais pour une enseigne d’auberge.
Puis l’orage changea le ciel jusqu’au soir
ce furent des pays noirs, des lacs, des perches
des colonnades sous la nuit bleue, des gares

l’eau des bois se perdait sur les sables vierges
le vent de Dieu jetait des glaçons aux mares
et tel qu’un pêcheur d’or et de coquillages
dire que je n’ai pas eu souci de boire