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Œuvres complètes (M. de Fontanes)/Réponse à la communication, etc., 1808

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RÉPONSE


DU PRÉSIDENT


À LA COMMUNICATION FAITE AU CORPS LÉGISLATIF


PAR LES ORATEURS DU GOUVERNEMENT,


Dans la séance du 31 décembre 1808.




Messieurs les Orateurs du gouvernement,


Le Corps législatif, en terminant les travaux de cette session, peut se rendre le témoignage que, dans aucune circonstance, il n’a mieux rempli ses devoirs envers le trône et la patrie.

La loi sur les finances est le premier objet de notre mission. Cette loi donne tous les ans la mesure de nos ressources contre l’ennemi, et celle de notre dévouement pour le Souverain. Nous l’avons adoptée d’une voix unanime. Plus l’Empereur était loin de nous, plus nous lui avons prouvé qu’il était toujours présent dans cette assemblée.

Le même zèle s’est manifesté lorsqu’on nous a fait la proposition de ces travaux utiles et glorieux qui seuls immortaliseraient un autre règne, de ces monuments sans nombre où la magnificence et la bonté brillent à la fois, depuis les derniers asiles de l’indigence jusqu’aux merveilles du Louvre qu’achèvent tous les arts.

Il est d’autres lois qui ne peuvent obtenir en naissant une faveur aussi générale. En vain les esprits les plus éclairés auront réuni toutes leurs lumières dans un code de jurisprudence, ils ne pourront le mettre à l’abri de toutes les objections.

L’orateur du gouvernement[1] s’est exprimé, sur ce sujet, avec autant de dignité que de sagesse. Il avait depuis longtemps laissé, dans le Corps législatif, des souvenirs chers et honorables. Il connaît nos sentiments. Il sait que dans cette enceinte, si quelques avis diffèrent, toutes les intentions se ressemblent. J’ose ajouter que cette différence d’opinions, sagement manifestée, est quelquefois le plus bel hommage qu’on puisse rendre au pouvoir monarchique. Elle prouve que la liberté, loin de se cacher devant lui, se montre avec confiance, et qu’elle a cessé d’être dangereuse.

C’est en restant sur cette juste limite de ses attributions et de ses devoirs, que le Corps législatif pourra justifier l’estime dont il a reçu un si beau témoignage de Sa Majesté même. Il n’oubliera jamais cette lettre glorieuse écrite du camp de Burgos, et l’envoi des drapeaux qui ont été les prémices de la victoire.

L’Empereur est trop accoutumé à vaincre pour que nous remarquions dans son histoire un triomphe de plus. Il suffit de dire qu’après quelques marches, il était bien au delà de l’Èbre, où s’arrêta Charlemagne ; et que, supérieur à tous les grands hommes qui le précédèrent, il ne trouvera point de Roncevaux.

Mais les paroles dont il accompagne l’envoi de ses trophées, méritent un attention particulière : il fait participer à cet honneur les collèges électoraux. Il ne veut point nous séparer d’eux, et nous l’en remercions. Plus le Corps législatif se confondra dans le peuple, plus il aura de véritable lustre : il n’a pas besoin de distinctions, mais d’estime et de confiance. Oui, sans doute, il aime à reconnaître qu’il n’est qu’une émanation des collèges électoraux, répandus dans les cent huit départements de ce vaste Empire. Il est fier d’en sortir et d’y rentrer, puisqu’il peut offrir en leur nom, sans aucun intérêt pour lui-même, l’hommage de trente millions d’hommes au Souverain le plus digne de les gouverner.



  1. M. de Ségur.