Deux vieilles disaient tout bas :
Belzébuth prend ses ébats.
Voyez en robe, en manteau,
Gotton servante au château.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
Son maître est jouet d’un sort ;
Oui, de l’enfer elle sort.
Gageons que son brodequin
Nous cache un pied de bouquin.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
Au vieux baron dès qu’elle eut
Fait abjurer son salut,
Gotton, rouge de bonheur,
Se créa dame d’honneur.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
Bien que le chemin soit long
De la cuisine au salon,
J’en viens, dit-elle, à mes fins !
Dormons tard dans des draps fins.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
Depuis lors, certain valet,
N’ouvrant qu’un coin du volet,
Au lit, d’un air échauffé,
Porte à Gotton son café.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
Au château tous empâtés,
Que d’ânes elle a bâtés !
Notre maire, qui la fait ?
Gotton et le sous-préfet.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
À l’église, Dieu ! quel ton !
Suisse, au banc menez Gotton,
Pour lorgner le sacripant
Qu’elle-même a fait serpent.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
Mais quoi ! l’infâme, aux jours gras,
Du beau curé prend le bras ;
L’appelle petit coquin
Et l’habille en arlequin !
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
Elle a tout : meubles, chevaux,
Bals, festins, atours nouveaux ;
Riche, on l’accueille en tout lieu.
Puis, courez donc prier Dieu !
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
L’enfer donne à ses suppôts
Trésors, plaisirs et repos :
J’en conclus qu’il est écrit
Que Gotton est l’Antechrist.
C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.
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