Saluons de maintes rasades
Ce docteur à qui je dois tant.
Mais, pour visiter ses malades,
Je crains qu’il n’échappe à l’instant.
À ces soins son art le condamne,
S’il vient un message ennemi.
Fiévreux, buvez votre tisane,
Laissez-nous fêter notre ami.
Oui, que ses malades attendent ;
Il est au sein de l’amitié.
Mais vingt jeunes fous le demandent
D’un air qui pourtant fait pitié.
De Vénus amants trop crédules,
Sur leur état qu’ils ont gémi !
Eh ! messieurs, prenez des pilules ;
Laissez-nous fêter notre ami.
Quoi ! ne peut-on venir au monde
Sans l’enlever à ses enfants ?
Certaine personne un peu ronde
Réclame ses secours savants.
J’entends ce tendron qui l’appelle :
Les parents même en ont frémi.
N’accouchez pas, mademoiselle ;
Laissez-nous fêter notre ami.
Qu’il coule gaîment son automne,
Que son hiver soit encor loin !
Puisse-t-il des soins qu’il nous donne
N’éprouver jamais le besoin !
Puisqu’enfin dans nos embrassades
Il n’est point heureux à demi,
Mourez sans lui, mourez, malades ;
Laissez-nous fêter notre ami.