Œuvres complètes de Béranger/Les Bohémiens

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LES BOHÉMIENS


Air : Mon pèr’ m’a donné un mari (Air noté )


Sorciers, bateleurs ou filous,
                Reste immonde
            D’un ancien monde ;
Sorciers, bateleurs ou filous,
Gais Bohémiens, d’où venez-vous ?

D’où nous venons ? l’on n’en sait rien.
                L’hirondelle
            D’où vous vient-elle ?
D’où nous venons ? l’on n’en sait rien.
Où nous irons, le sait-on bien ?

Sans pays, sans prince et sans lois,
                Notre vie
            Doit faire envie :
Sans pays, sans prince et sans lois,
L’homme est heureux un jour sur trois.

Tous indépendants nous naissons,
                Sans église
            Qui nous baptise ;
Tous indépendants nous naissons
Au bruit du fifre et des chansons.


Nos premiers pas sont dégagés,
                Dans ce monde
            Où l’erreur abonde ;
Nos premiers pas sont dégagés
Du vieux maillot des préjugés.

Au peuple, en butte à nos larcins,
                Tout grimoire
            En peut faire accroire ;
Au peuple, en butte à nos larcins,
Il faut des sorciers et des saints.

Trouvons-nous Plutus en chemin,
                Notre bande
            Gaîment demande ;
Trouvons-nous Plutus en chemin,
En chantant nous tendons la main.

Pauvres oiseaux que Dieu bénit !
                De la ville
            Qu’on nous exile ;
Pauvres oiseaux que Dieu bénit,
Au fond des bois pend notre nid.

À tâtons l’Amour, chaque nuit,
                Nous attèle
            Tous pêle-mêle ;
À tâtons l’Amour, chaque nuit,
Nous attèle au char qu’il conduit.

Ton œil ne peut se détacher,
                Philosophe

            De mince étoffe ;
Ton œil ne peut se détacher
Du vieux coq de ton vieux clocher.

Voir c’est avoir. Allons courir !
                Vie errante
            Est chose enivrante.
Voir c’est avoir. Allons courir !
Car tout voir c’est tout conquérir.

Mais à l’homme on crie en tout lieu,
                Qu’il s’agite,
            Ou croupisse au gîte ;
Mais à l’homme on crie en tout lieu
« Tu nais, bonjour ; tu meurs, adieu. »

Quand nous mourons, vieux ou bambin,
                Homme ou femme,
            À Dieu soit notre âme !
Quand nous mourons, vieux ou bambin,
On vend le corps au carabin.

Nous n’avons donc, exempts d’orgueil,
                De lois vaines,
            De lourdes chaînes ;
Nous n’avons donc, exempts d’orgueil,
Ni berceau, ni toit, ni cercueil.

Mais, croyez-en notre gaîté,
                Noble ou prêtre,
            Valet ou maître ;

Mais, croyez-en notre gaîté,
Le bonheur c’est la liberté.

Oui, croyez-en notre gaîté,
                Noble ou prêtre,
            Valet ou maître ;
Oui, croyez-en notre gaîté,
Le bonheur c’est la liberté.



Air noté dans Musique des chansons de Béranger :


LES BOHÉMIENS.

Air : Mon père m’a donné un mari.
No 251.



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  \tempo "Allegro."
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  g4.^\markup { \italic fin. } \bar "||"
  d8 d d
% {page suivante}
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c4 b8 d d d | cis4 a8 a[ (b)] cis | d4. d8 e fis
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\addlyrics {
Sor -- ciers ba -- te -- leurs ou fi -- lous
Reste im -- mon -- de
D’un an -- cien mon -- de
Sor -- ciers ba -- te -- leurs ou fi -- lous
Gais Bo -- hé -- miens d’où ve -- nez- "vous ?"
D’où nous ve -- nons l’on n’en sait rien
L’hi -- ron -- del -- le
D’où vous vient- el -- le
D’où nous ve -- nons l’on n’en sait rien
Où nous i -- rons le sait- on bien
Où nous i -- rons le sait- on "bien ?"
}

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