Œuvres complètes de Béranger/Les Fous
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LES FOUS
Vieux soldats de plomb que nous sommes, Sûr qu’il embrassait la pensée |
m*. J’ai vu Saint-Simon le prophète,
Le comte Henri de Saint-Simon naquit au château de Berny, à quelques lieues de Péronne. Il fit partie des jeunes Français qui, à l’imitation de Lafayette, coururent en Amérique prendre part à la guerre de l’indépendance. Rentré en France, il prit du service, mais s’en dégoûta bientôt. La Révolution le remplit d’enthousiasme. Ayant obtenu quelques bénéfices par des acquisitions de bien nationaux, il consacra sa nouvelle fortune aux sciences, qu’il se mit à étudier avec toute l’ardeur d’un jeune homme. Il fit plus pour elles, car il prodigua à des capacités naissantes les secours nécessaires à leur développement. Sa bourse fut bien vite épuisée ; il se vit obligé, sous l’empire, d’accepter pour vivre le plus mince emploi dans une administration publique. La réforme sociale ne l’en occupait pas moins, et il publia différents essais remplis d’idées originales qui toutes attestent son amour de l’humanité. La publication de sa Parabole, admirable résumé d’un système nouveau d’ordre social, l’exposa, sous la restauration, à des poursuites judiciaires, qui ne servirent qu’à prouver la force de sa conviction. Il échappa à la condamnation, qu’il eût pu désirer.
En lutte continuelle avec la pauvreté, déçu dans les espérances que lui avaient données ceux dont le concours était nécessaire au triomphe de ses doctrines, le dégoût s’empara de son âme, et il tenta de se donner la mort. Le coup de pistolet qu’il se tira lui creva un œil, et ne fit qu’ajouter de nouvelles souffrances à celles dont il était déjà accablé. Ses pensées acquirent alors une tendance religieuse, et il publia son Nouveau Christianisme en 1825.
Saint-Simon mourut l’année suivante entre les bras de M. Rodrigues, dont les soins ont seuls préservé sa fin de toutes les horreurs de la misère.
Il nous manque une histoire consciencieusement faite de ce philosophe, dont le nom a eu après sa mort un retentissement qu’il n’avait sans doute pas prévu.
n*. Fourier nous dit : Sors de la fange.
M. Charles Fourier, auteur du Nouveau monde industriel, de la Théorie des mouvements et de la découverte du Procédé d’industrie sociétaire.
Le système de l’association n’a jamais été exploré avec plus de puissance que par ce philosophe théoricien, qui fait de l’attraction passionnée la base de son code social. M. Jules Lechevalier, dans un cours public, a expliqué et propagé les idées de M. C. Fourier, et sans lui peut-être ne saurions-nous pas bien encore ce que l’inventeur avait entendu par phalanstère, groupe, fonctions attrayantes, etc.
M. Baudet du Lary tente une application partielle de ce système dans le département de Seine-et-Oise.
Air noté dans Musique des chansons de Béranger :
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