Maîtres de tous nos désirs,
Réglons-les sans les contraindre :
Plus l’excès nuit aux plaisirs,
Amis, plus nous devons le craindre.
Autour d’une petite table,
Dans ce petit coin fait pour nous,
Du vin vieux d’un hôte aimable
Il faut boire (ter) à petits coups.
Pour éviter bien des maux,
Veut-on suivre ma recette ;
Que l’on nage entre deux eaux,
Et qu’entre deux vins l’on se mette.
Le bonheur tient au savoir-vivre :
De l’abus naissent les dégoûts ;
Trop à la fois nous enivre ;
Il faut boire à petits coups.
Loin d’en murmurer en vain,
Égayons notre indigence :
Il suffit d’un doigt de vin
Pour réconforter l’espérance.
Et vous, que flatte un sort prospère,
Pour en jouir, modérez-vous !
Car, même dans un grand verre
Il faut boire à petits coups.
Philis, quel est ton effroi ?
La leçon te déplaît-elle ?
Les petits coups, selon toi,
Sentent le buveur qui chancelle.
Quel que soit le désir qui perce
Dans tes yeux, vifs comme tes goûts,
Du filtre qu’Amour te verse
Il faut boire à petits coups.
Oui, de repas en repas,
Pour atteindre à la vieillesse,
Ne nous incommodons pas,
Et soyons fous avec sagesse.
Amis, le bon vin que le nôtre !
Et la santé, quel bien pour tous !
Pour ménager l’un et l’autre,
Il faut boire à petits coups.