Sur une onde tranquille
Voguant soir et matin,
Ma nacelle est docile
Au souffle du destin.
La voile s’enfle-t-elle,
J’abandonne le bord.
Eh ! vogue ma nacelle,
(Ô doux zéphyr ! sois-moi fidèle)
Eh ! vogue ma nacelle,
Nous trouverons un port.
J’ai pris pour passagère
La muse des chansons,
Et ma course légère
S’égaie à ses doux sons.
La folâtre pucelle
Chante sur chaque bord.
Eh ! vogue ma nacelle,
(Ô doux zéphyr ! sois-moi fidèle)
Eh ! vogue ma nacelle,
Nous trouverons un port.
Lorsqu’au sein de l’orage
Cent foudres à la fois,
Ébranlant ce rivage,
Épouvantent les rois,
Le plaisir, qui m’appelle,
M’attend sur l’autre bord.
Eh ! vogue ma nacelle,
(Ô doux zéphyr ! sois-moi fidèle)
Eh ! vogue ma nacelle,
Nous trouverons un port.
Loin de là le ciel change :
Un soleil éclatant
Vient mûrir la vendange
Que le buveur attend.
D’une liqueur nouvelle
Lestons-nous sur ce bord.
Eh ! vogue ma nacelle,
(Ô doux zéphyr ! sois-moi fidèle)
Eh ! vogue ma nacelle,
Nous trouverons un port.
Des rives bien connues
M’appellent à leur tour.
Les Grâces demi-nues
Y célèbrent l’amour.
Dieux ! j’entends la plus belle
Soupirer sur le bord.
Eh ! vogue ma nacelle,
(Ô doux zéphyr ! sois-moi fidèle)
Eh ! vogue ma nacelle,
Nous trouverons un port.
Mais, loin du roc perfide
Qui produit le laurier,
Quel astre heureux me guide
Vers un humble foyer ?
L’amitié renouvelle
Ma fête sur ce bord.
Eh ! vogue ma nacelle,
(Ô doux zéphyr ! sois-moi fidèle.)
Eh ! vogue ma nacelle,
Nous entrons dans le port.