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Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Cristal de roche

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STALACTITES CRISTALLISÉES DU QUARTZ
CRISTAL DE ROCHE

Le cristal de roche paraît être l’extrait le plus simple et la stalactite la plus transparente des matières vitreuses : en le comparent avec le quartz, on reconnaît aisément qu’il est de la même essence ; tous deux ont la même densité[1] et sont à très peu près de la même dureté ; ils résistent également à l’action du feu et à celle des acides ; ils ont donc les mêmes propriétés essentielles, quoique leur formation soit très différente ; car le quartz a tous les caractères du verre fondu par le feu, et le cristal présente évidemment ceux d’une stalactite du même verre atténué par les vapeurs humides ou par l’action de l’eau : ses molécules très ténues, se trouvant en liberté dans le fluide qui les a dissoutes, se rassemblent par leur affinité à mesure que l’humidité s’évapore ; et, comme elles sont simples et similaires, leurs agrégats prennent de la transparence et une figure déterminée.

La forme de cristallisation dans cet extrait du quartz paraît être non seulement régulière, mais plus constante que dans la plupart des autres substances cristallisées : ces cristaux se présentent en prismes à six faces parallélogrammes, surmontées aux deux extrémités par des pyramides à six faces triangulaires. Le cristal de roche, lorsqu’il se forme en toute liberté, prend cette figure prismatique surmontée aux deux extrémités par des pyramides ; mais il faut pour cela que le suc cristallin, qui découle du quartz, trouve un lit horizontal qui permette au prisme de s’étendre dans ce même sens, et aux deux pyramides de se former à l’une et à l’autre extrémité[2] : lorsqu’au contraire le suintement de l’extrait du quartz se fait verticalement ou obliquement contre les voûtes et les parois du quartz ou dans les fentes des rochers, le cristal, alors attaché par sa base, n’a de libre qu’une de ses extrémités, qui prend toujours la forme de pyramide ; et, comme cette seconde position est infiniment plus fréquente que la première, on ne trouve que rarement des cristaux à deux pointes et très communément des cristaux en pyramide simple ou en prismes surmontés de cette seule pyramide, parce que la première pyramide ou le prisme, toujours attachés au rocher, n’ont pas permis à la seconde pyramide de se former à cette extrémité qui sert de base au cristal.

On peut même dire que la forme primitive du cristal de roche n’est réellement composée que des deux pyramides opposées par leur base, et que le prisme à six faces qui les sépare est plutôt accidentel qu’essentiel à cette forme de cristallisation ; car il y a des cristaux qui ne sont composés que de deux pyramides opposées et sans prisme intermédiaire ; en sorte que le cristal n’est alors qu’un solide dodécaèdre ; d’ailleurs, la hauteur des pyramides est constante, tandis que la longueur du prisme est très variable : ce n’est pas qu’il n’y ait aussi beaucoup de variété dans les faces des pyramides comme dans celles du prisme, et qu’elles ne soient plus étroites ou plus larges, et plus ou moins inclinées, suivant la dimension transversale de la base hexagone, qui paraît être la surface d’appui sur laquelle se forment les pointes pyramidales. Cette figuration irrégulière et déformée, cette inégalité entre l’étendue et l’inclinaison respective des faces du cristal, ne doit être attribuée qu’aux obstacles environnants, qui souvent l’empêchent de se former en toute liberté dans un espace assez étendu et assez libre pour qu’il y prenne sa forme naturelle.

Les cristaux grands et petits sont ordinairement tous figurés de même ; et rien ne démontre mieux que leur forme essentielle est celle d’une ou deux pyramides à six faces que les aiguilles du cristal naissant dans les cailloux creux : elles sont d’abord si petites qu’on ne les aperçoit qu’à la loupe, et dans cet état de primeur, elles n’offrent que leur pointe pyramidale, qui se conserve en grandissant toujours dans les mêmes proportions ; néanmoins, l’accroissement de cette matière brute ne se fait que par juxtaposition et non par intussusception, ou par nutrition comme dans les êtres organisés ; car la première pyramide n’est point un germe qui puisse se développer et s’étendre proportionnellement dans toutes ses dimensions extérieures et intérieures par la nutrition, c’est seulement une base figurée sur laquelle s’appliquent de tous côtés les parties similaires, sans en pénétrer ni développer la masse ; et ces parties constituantes du cristal étant des lames presque infiniment minces et de figure triangulaire, leur agrégat conserve cette même figure triangulaire dans la portion pyramidale ; or, quatre de ces lames triangulaires, en s’unissant par la tranche, forment un carré, et six formeront un hexagone : ainsi la portion prismatique à six faces de la base de cristal est composée de lames triangulaires comme la partie pyramidale.

Quoique la substance du cristal paraisse continue et assez semblable à celle du beau verre blanc, et quoiqu’on ne puisse distinguer à l’œil la forme de ses parties constituantes, il est néanmoins certain que le cristal est composé de petites lames qui sont à la vérité bien moins apparentes que dans d’autres pierres, mais qui nous sont également démontrées par le fil, c’est-à-dire par le sens dans lequel on doit attaquer les pierres pour les tailler ; or le fil et le contre-fil se reconnaissent dans le cristal de roche, non seulement par la plus ou moins grande facilité de l’entamer, mais encore par la double réfraction qui s’exerce constamment dans le sens du fil et qui n’a pas lieu dans le sens du contre-fil : ce dernier sens est celui dans lequel les lames forment continuité et ne peuvent se séparer, tandis que le premier sens est celui dans lequel ces mêmes lames se séparent le plus facilement ; elles sont donc réunies de si près dans le sens du contre-fil qu’elles forment une substance homogène et continue, tandis que dans le sens du fil elles laissent entre elles un intervalle rempli d’une matière de densité différente qui produit la seconde réfraction.

Et ce qui prouve que cet intervalle entre les lames n’est pas vide et qu’il est rempli d’une substance un peu moins dense que celle des lames, c’est que les images produites par les deux réfractions ne diffèrent que peu par leur grandeur et leur intensité de couleurs ; la longueur du spectre solaire est 19 dans la première réfraction, et 18 dans la seconde ; il en est de même de la largeur de l’image, et il en est encore de même de l’intensité des couleurs, qui se trouvent affaiblies dans la même proportion : quelque pure que nous paraisse donc la substance du cristal, elle n’est pas absolument homogène ni d’égale densité dans toutes ses parties. La lumière différemment réfractée semble le démontrer, d’autant que nous verrons, en traitant des spaths calcaires, qu’ils sont plus ou moins mélangés de substances de densité différente.

Un autre fait par lequel on peut encore prouver que le cristal est composé de deux matières de différente densité, c’est que ses surfaces polies avec le plus grand soin ne laissent pas de présenter des sillons, c’est-à-dire des éminences et des profondeurs alternatives dans toute l’étendue de leur superficie ; or, la partie creuse de ces sillons est certainement composée d’une matière moins dure que la partie haute, puisqu’elle a moins résisté au frottement[3] ; il y a donc dans le cristal de roche alternativement des couches contiguës de différente dureté, dont l’une a été moins usée que l’autre par le même frottement, puisque alternativement les unes de ces couches sont plus élevées et les autres plus basses sur la surface polie.

Mais de quelle nature est cette matière moins dense et moins dure des tranches alternatives du cristal ? Comme il n’est guère possible de la recueillir séparément, l’un de nos savants académiciens, M. l’abbé de Rochon, m’a dit qu’ayant réduit du cristal de roche en poudre très fine par le seul frottement d’un morceau de cristal contre un autre morceau, cette poudre s’est trouvée contenir une portion assez considérable de fer attirable à l’aimant. Ce fait m’a paru singulier et demande au moins d’être confirmé et vérifié sur plusieurs cristaux ; car il se pourrait que ceux qui se forment dans les cailloux et autres matières où le quartz est mêlé avec des substances ferrugineuses, ou même avec des matières vitreuses colorées par le fer, en continssent une petite quantité ; mais je doute que les cristaux qui sortent du quartz pur en soient mêlés ni même imprégnés, ou bien le quartz même contiendrait aussi une certaine quantité de fer, ce que j’ai bien de la peine à croire, quoique la chose ne soit pas impossible, puisque le fer a été formé presque en même temps que les verres primitifs et qu’il s’est mêlé avec les jaspes, les feldspaths, les schorls et même avec les quartz dont quelques-uns sont colorés de jaune ou de rougeâtre.

Quoi qu’il en soit, la lumière, qui pénètre tous les corps transparents et en sort après avoir subi des réfractions et des dispersions, est l’instrument le plus délié, le scalpel le plus fin par lequel nous puissions recruter l’intérieur des substances qui la reçoivent et la transmettent ; et, comme cet instrument ne s’applique point aux matières opaques, nous pouvons mieux juger de la composition intérieure des substances transparentes que de la texture confuse des matières opaques où tout est mélangé, confondu sans apparence d’ordre ni de régularité, soit dans la position, soit dans la figure des parties intégrantes qui sont souvent différentes ou différemment posées, sans qu’on puisse le reconnaître autrement que par leurs différents extraits lorsqu’ils prennent de la transparence, c’est-à-dire de l’ordre dans la position de leurs parties similaires, et de l’homogénéité par leur réunion sans mélange.

C’est dans les cavités et les fentes de tous les quartz purs ou mélangés que le cristal se forme, soit par l’exsudation de leur vapeur humide, soit par le suintement de l’eau qui les a pénétrés ; les granits, les quartz mixtes, les cailloux et toutes les matières vitreuses de seconde formation produisent des cristaux de couleurs différentes : il y en a de rouges, de jaunes et de bleus auxquels on a donné les noms de rubis, de topaze et de saphir, aussi improprement que l’on applique le nom de diamant aux cristaux blancs qui se trouvent à Alençon, à Bristol et dans d’autres lieux où ces cristaux blancs ont été déposés après avoir été roulés et entraînés par les eaux. Les améthystes violettes et pourprées qu’on met au nombre des pierres précieuses ne sont néanmoins que des cristaux teints de ces belles couleurs : on trouve les premiers en Auvergne, en Bohême, etc., et les seconds en Catalogne. Les topazes, dites occidentales, et que l’on trouve en Bohême, en Suisse et dans d’autres contrées de l’Europe, ne sont de même que des cristaux jaunes : l’hyacinthe, dite de Compostelle, est un cristal d’un jaune plus rougeâtre. Les pierres auxquelles on donne le nom d’aigues marines occidentales, et qui se trouvent en plusieurs endroits de l’Europe, et même en France, ne sont de même que des cristaux teints d’un vert bleuâtre ou d’un bleu verdâtre : on rencontre aussi des cristaux verts en Dauphiné, et d’autres bruns et même noirs ; ces derniers sont entièrement obscurs : et toutes ces couleurs proviennent des parties métalliques dont ces cristaux sont imprégnés, particulièrement de celles du fer contenu dans les granits et les quartz mixtes ou colorés dont ces stalactites quartzeuses tirent leur origine.

De tous les cristaux blancs, celui de Madagascar est le plus beau et le plus également transparent dans toutes ses parties ; il est un peu plus dur que nos cristaux d’Europe, dans lesquels néanmoins on remarque aussi quelque différence pour la dureté ; mais nous ne connaissons ce très beau cristal de Madagascar qu’en masses arrondies et de plusieurs pouces de diamètre ; celui qui nous est venu du même pays, et qui est en prisme à double pointe, n’est pas aussi beau et ressemble plus à nos cristaux d’Europe, dans lesquels la transparence n’est pas aussi limpide, et qui souvent sont nuageux et présentent tous les degrés de la transparence plus ou moins nette dans les cristaux blancs, jusqu’à la pleine opacité dans les cristaux bruns ou noirs.

Lorsque l’on compare les petites aiguilles naissantes du cristal, qu’on aperçoit à peine dans les cailleux creux, avec les grosses quilles qui se forment dans les cavités des rochers quartzeux et graniteux[4], on ne peut s’empêcher d’admirer dans cette cristallisation la constance et la régularité du travail de la nature qui, néanmoins, n’agit ici qu’en opérant à la surface, c’est-à-dire dans deux dimensions : la plus grande quille ou aiguille de cristal est de la même forme que la plus petite ; la réunion des lames presque infiniment minces dont il est composé se faisant par la même loi, la forme demeure toujours la même si rien ne trouble l’arrangement de leur agrégation. Cette méthode de travail est même la seule que la nature emploie pour augmenter le volume des corps bruts : c’est par juxtaposition, et en ajoutant pour ainsi dire surfaces à surfaces, qu’elle place les lames très minces dont est composée toute cristallisation, toute agrégation régulière ; elle ne travaille donc que dans deux dimensions, au lieu que, dans le développement des êtres organisés, elle agit dans les trois dimensions à la fois, puisque le volume et la masse augmentent tous deux et conservent la même forme et les mêmes proportions, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’aiguille naissante d’un cristal ne peut grandir et grossir que par des additions superficielles, et par la superposition de nouvelles lames minces semblables à celles dont la première aiguille est composée, et qui s’arrangent dans le même ordre, en sorte que cette petite aiguille réside dans la plus grosse sans avoir pris la moindre extension, tandis que le germe d’un corps organisé s’étend en tout sens par la nutrition et prend de l’augmentation dans toutes ses dimensions et dans sa masse comme dans son volume.

Il est certain que le cristal ne se forme que par l’intermède de l’eau, et l’on peut en donner des preuves évidentes ; il y a des cristaux qui contiennent de l’eau, d’autres renferment du mica, du schorl, des particules métalliques, etc. : d’ailleurs, le cristal se forme comme le spath calcaire et, comme toutes les autres stalactites, il n’en diffère que par sa nature vitreuse et par sa figuration ; il présente souvent les apparences de mousses et de végétations dont la plupart néanmoins ne sont pas des substances réelles, mais de simples fentes ou cavités vides de toute autre matière[5] ; souvent on trouve des cristaux encroûtés, c’est-à-dire dont les surfaces sont chargées de matières étrangères et surtout de terre ferrugineuse ; mais l’intérieur de ces cristaux n’en est point altéré, et il n’y a vraiment de cristal ferrugineux que celui qui est coloré, et dans lequel il est entré des vapeurs ou des molécules de fer lorsqu’il s’est formé.

La grosseur du prisme ou canon de cristal est assez égale dans toute sa longueur ; les dimensions sont beaucoup mois constantes dans les parties pyramidales, et l’on ne trouve que très rarement des cristaux dont les faces triangulaires des pyramides soient égales ou proportion elles entre elles, et cette grosseur du prisme semble dépendre des dimensions de la base de la pyramide, car la pointe sort du rocher la première, et la pyramide y est attachée par sa base qui s’en éloigne ensuite à mesure que le prisme se forme et pousse la pointe au dehors.

La densité du cristal de roche n’est pas, à beaucoup près, aussi grande que celle du diamant et des autres pierres précieuses. On peut voir, dans la note ci-dessous[6], les rapports de pesanteur des différents cristaux que M. Brisson a soumis à l’épreuve de la balance hydrostatique : cette pesanteur spécifique n’est pas sensiblement augmentée dans les cristaux colorés. Cette table nous démontre aussi que les améthystes, la topaze occidentale, la chrysolithe et l’aigue-marine ne sont que des cristaux violets, jaunes et verdâtres. M. Brisson donne ensuite la pesanteur respective des différents quartz, et leurs poids spécifiques se trouvent encore être les mêmes que ceux des cristaux de roche, en sorte qu’on ne peut douter que leur substance ne soit de la même essence.

Toutes les matières cristallisées sont composées de petites lames presque infiniment minces et qui se réunissent par la seule force de leur attraction réciproque dès qu’elles se trouvent en liberté ; et ces lames si minces, dont on ne doit considérer que la surface plane, peuvent avoir différentes figures dont le triangle est la plus simple. M. Bourguet avait observé avant nous[7] que les prismes hexagones, ainsi que les pyramides triangulaires du cristal de roche, sont également composés de petites lames triangulaires qu’on peut apercevoir à la loupe à l’extrémité des pyramides, et qui, par leur réunion, forment les grands triangles pyramidaux, et même les hexagones prismatiques du cristal ; car ces lames triangulaires ne se joignent jamais que par la tranche[8], et six de ces triangles, ainsi réunis, forment un hexagone : si l’on observe ces triangles au microscope, ils paraissent évidemment composés d’autres triangles plus petits, et l’on ne peut douter que les parties élémentaires du cristal ne soient des lames triangulaires fort petites, et dont la surface plane est néanmoins beaucoup plus étendue que celle de la tranche, qui est infiniment mince.

Quelques naturalistes récents, et entre autres Linnæus et ses écoliers, ont avancé mal à propos que les cristaux pierreux doivent leur figure aux sels ; nous ne nous arrêterons pas à réfuter des opinions aussi peu fondées : cependant, tous les physiciens instruits, et notamment le savant minéralogiste Cronstedt, avaient nié avec raison que les sels eussent aucune part à la formation non plus qu’à la figure de ces cristaux : il suffit, dit-il, qu’il y ait des corps métalliques qui se cristallisent par la fusion, pour démontrer que la forme des cristaux n’est point dépendante des sels. Cela est très certain ; les sels et les cristaux pierreux n’ont rien de commun que la faculté de se cristalliser, faculté plus que commune, puisqu’elle appartient à toute matière non seulement saline, mais pierreuse, ou même métallique, dès que ces matières sont amenées à l’état fluide, soit par l’eau, soit par le feu, parce que dans cet état de liquidité, les parties similaires peuvent s’approcher et se réunir par la seule force de l’attraction, et former par leur agrégation des cristaux dont la forme dépend de la figure primitive de leurs parties constituantes et de l’arrangement que prennent entre elles ces lames minces en vertu de leur affinité mutuelle et réciproque.

Le cristal de roche se trouve et croît en grosses quilles dans les cavités des rochers quartzeux et graniteux ; ces cavités s’annoncent quelquefois à l’extérieur par des éminences ou boursouflures dont on reconnaît le vide en frappant le rocher ; l’on juge par le son que l’intérieur en est creux.

Il se trouve en Dauphiné[9] plusieurs de ces rochers creux dont les cavités sont garnies de cristaux ; on donne à ces cavités le nom de cristallières lorsqu’elles en contiennent une grande quantité. C’est toujours près du sommet des montagnes quartzeuses et graniteuses que gisent ces grandes cristallières ou mines de cristal ; plusieurs naturalistes, et entre autres MM. Altman et Cappeller, ont décrit celles des montagnes de la Suisse[10] ; elles sont fréquentes dans le mont Grimsel, entre le canton de Berne et le Valais, dans le mont Saint-Gothard et autres montagnes voisines ; et c’est toujours dans les cavités du quartz ou dans les fentes des rochers quartzeux que se forme le cristal, et jamais dans les cavités ou fentes des rochers calcaires. Le cristal se produit aussi dans les pierres mixtes, comme on le voit dans presque tous les cailloux creux dont la substance est souvent mêlée de différentes matières vitreuses, métalliques, calcaires et limoneuses ; mais il faut toujours que le quartz y soit contenu en plus ou moins grande quantité : sans cela, le cristal ne pourrait se produire, puisque sa substance est un vrai quartz, sans mélange apparent d’aucune autre matière et que, quand on y trouve des corps étrangers, ils n’y sont que renfermés, enveloppés par accident, et non intimement et réellement mêlés.

M. Achard, très habile chimiste, de l’Académie de Berlin, ayant fait l’analyse chimique du rubis et d’autres pierres précieuses, et en ayant tiré de la terre alcaline, a pensé que le cristal de roche en contenait aussi, et dans cette idée il a imaginé un appareil très ingénieux pour former du cristal en faisant passer l’air fixe de la craie à travers du sable quartzeux et des diaphragmes d’argile cuite. M. le prince Galitzin, qui aime les sciences et les cultive avec grand succès, eut la bonté de m’envoyer au mois de septembre 1777 un extrait de la lettre que lui avait écrite M. Achard, avec le dessin de son appareil pour faire du cristal ; M. Magellan, savant physicien, de la Société royale de Londres, me fit voir quelque temps après un petit morceau de cristal qu’il me dit avoir été produit par l’appareil de M. Achard, et ensuite il présenta ce même cristal à l’Académie des sciences : les commissaires de cette compagnie firent exécuter l’appareil, et essayèrent de vérifier l’expérience de M. Achard ; j’engageai M. le duc de Chaulnes et d’autres habiles physiciens à prendre tout le temps et tous les soins nécessaires au succès de cette expérience, et néanmoins aucun n’a réussi, et j’avoue que je n’en fus pas surpris, car, d’après les procédés de M. Achard, il me paraît qu’on viendrait plutôt à bout de faire un rubis qu’un cristal de roche ; j’en dirai les raisons lorsque je traiterai des pierres précieuses, dont la substance, la formation et l’origine sont, selon moi, très différentes de celles du cristal de roche. En attendant, je ne puis qu’applaudir aux efforts de M. Achard, dont la théorie me paraît saine et peut s’appliquer à la cristallisation des pierres précieuses ; mais leur substance diffère de celle des cristaux, tant par la densité que par la dureté et l’homogénéité ; et nous verrons que c’est de la terre limoneuse ou végétale, et non de la matière vitreuse que le diamant et les vraies pierres précieuses tirent leur origine.

Tout cristal, soit en petites aiguilles dans les cailloux creux, soit en grosses et grandes quilles dans les cavités des rochers quartzeux, est donc également un extrait, une stalactite du quartz. Les cristaux plus ou moins arrondis que l’on trouve dans le sable des rivières ou dans les mines de seconde formation, et auxquels on donne les noms impropres de diamants de Cornouailles ou d’Alençon, ne sont que des morceaux de cristal de roche, détachés des rochers et entraînés par le mouvement des eaux courantes ; ils sont de la même essence, de la même pesanteur spécifique et de la même transparence ; ils ont de même une double réfraction, et ne diffèrent du cristal des montagnes qu’en ce qu’ils ont été plus ou moins arrondis par les frottements qu’ils ont subis. Il se trouve une grande quantité de ces cristaux arrondis dans les vallées des hautes montagnes et dans tous les torrents et les fleuves qui en découlent ; ils ne perdent ni n’acquièrent rien par leur long séjour dans l’eau, l’intérieur de leur masse n’est point altéré, leur surface est seulement recouverte d’une enveloppe ferrugineuse ou terreuse, qui n’est même pas fort adhérente, et lorsque cette croûte est enlevée, les cristaux qu’elle recouvrait présentent le même poli et la même transparence que le cristal tiré de la roche où il se forme.

Parmi les cristaux même les plus purs et les plus solides, il s’en trouve qui contiennent de l’eau et des bulles d’air, preuve évidente qu’ils ont été formés par le suintement ou la stillation de l’eau. Tavernier dit avoir vu, dans le cabinet du prince de Monaco, un morceau de cristal qui contenait près d’un verre d’eau[11] : ce fait me paraît exagéré ou mal vu, car les pierres qui renferment une grande quantité d’eau ne sont pas de vrais cristaux, mais des espèces de cailloux plus ou moins opaques. On connaît sous le nom d’enhydres[12] ceux qui sont à demi transparents et qui contiennent beaucoup d’eau ; on en trouve souvent dans les matières rejetées par les volcans[13] ; mais j’ai vu plusieurs cristaux de roche bien transparents et régulièrement cristallisés, dans lesquels on apercevait aisément une goutte d’eau surmontée d’une bulle d’air qui la rendait sensible par son mouvement, en s’élevant toujours au-dessus de la goutte d’eau lorsqu’on changeait la position verticale du morceau de cristal ; et non seulement il se trouve quelquefois des gouttes d’eau renfermées dans le cristal de roche, mais on en voit encore plus souvent dans les agates et autres pierres vitreuses qui n’ont qu’une demi-transparence. M. Fougeroux de Bondaroy, de l’Académie des sciences, a trouvé de l’eau en quantité très sensible dans plusieurs agates qu’il a fait casser[14] : il est donc certain que les cristaux, les agates et autres stalactites quartzeuses ont toutes été produites par l’intermède de l’eau.

Comme les montagnes primitives du globe ne sont composées que de quartz, de granit et d’autres matières vitreuses, on trouve partout dans l’intérieur et au pied de ces montagnes du cristal de roche, soit en petits morceaux roulés, soit en prismes et en aiguilles attachées aux rochers. Les hautes montagnes de l’Asie en sont aussi fournies que les Alpes d’Europe. Les voyageurs parlent du cristal de la Chine[15], dont on fait de beaux vases et des magots ; des cristaux de Siam[16], de Camboye, des Moluques[17], et particulièrement de celui de Ceylan, où ils disent qu’il est fort commun[18].

En Afrique, le pays de Congo tire son nom du cristal qui s’y trouve en très grande abondance[19] : il y en a aussi en quantité dans le pays de Galam[20] ; mais l’île de Madagascar est peut-être de toute la terre la contrée la plus riche en cristaux[21], il y en a de plus et de moins transparents ; le premier est limpide comme l’eau et se présente, pour ainsi dire, en masses dont nous avons vu des blocs arrondis, de près d’un pied de diamètre en tous sens ; cependant, quoiqu’il soit plus net et plus diaphane que le cristal d’Europe, il est un peu moins dense[22], et souvent il est plus mêlé de schorl et d’autres parties hétérogènes. Le second cristal de Madagascar ressemble à celui d’Europe. M. l’abbé de Rochon a rapporté de cette île une grosse et belle aiguille à deux pointes de ce cristal : on peut la voir au Cabinet du Roi.

Dans le nouveau continent, le cristal de roche est tout aussi commun que dans l’ancien ; on en a trouvé à Saint-Domingue[23], en Virginie[24], au Mexique et au Pérou[25], où M. d’Ulloa dit en avoir vu des morceaux fort grands et très nets : ce savant naturaliste marque même sa surprise de ce qu’on ne le recherche pas, et que c’est le hasard seul qui en fait quelquefois trouver de grosses masses[26]. Enfin, il y a du cristal dans les pays les plus froids comme dans les climats tempérés et chauds ; on a recueilli, en Laponie et au Canada des cristaux roulés tout semblables à ceux de Bristol, et l’on y a vu d’autres cristaux en aiguilles et en grosses quilles[27] : ainsi, dans tous les pays du monde, il se produit du cristal, soit dans les cavités des rochers quartzeux, soit dans les fentes perpendiculaires qui les divisent ; et celui qui se présente dans les cailloux creux et dans les pierres graniteuses provient aussi du quartz qui fait partie de la substance de ces cailloux et pierres mixtes.

L’extrait le plus pur du quartz est donc le cristal blanc ; et, quoique les cristaux colorés en tirent également leur origine, ils n’en ont pas tiré leurs couleurs ; elles leur sont accidentelles, et ils les ont empruntées des terres métalliques qui étaient interposées dans la masse du quartz, ou qui se sont trouvées dans le lieu de la formation des cristaux ; mais cela n’empêche pas qu’on ne doive mettre au nombre des extraits ou stalactites du quartz tous ces cristaux colorés : la quantité des molécules métalliques dont ils sont imprégnés, et qui leur ont donné des couleurs, ne fait que peu ou point d’augmentation à leur masse ; car tous les cristaux, de quelque couleur qu’ils soient, ont à très peu près la même densité que le cristal blanc. Et comme les améthystes, la topaze de Bohême, la chrysolithe et l’aigue-marine ont la même densité, la même dureté, la même double réfraction, et qu’elles sont également résistantes à l’action du feu, on peut sans hésiter les regarder comme de vrais cristaux, et l’on ne doit pas les élever au rang des pierres précieuses qui n’ont qu’une simple réfraction et dont la densité, la dureté et l’origine sont très différentes de celles des cristaux vitreux.


Notes de Buffon
  1. Le poids du quartz transparent est à celui de l’eau distillée comme 26 546, et celui du cristal de roche d’Europe comme 26 548 sont à 10 000 : on peut donc assurer que leur densité est la même. Voyez la Table des pesanteurs spécifiques que M. Brisson, savant physicien, de l’Académie des sciences, s’est donné la peine de faire, en pesant à la balance hydrostatique toutes les matières terreuses et métalliques.
  2. On trouve de petits cristaux à deux pointes dans quelques cailloux creux ; ils ne sont point attachés par leur base, comme les autres, à la surface intérieure du caillou, ils en sont séparés et on les entend même ballotter dans cette cavité en secouant le caillou.
  3. M. l’abbé de Rochon a démontré cette inégalité de dureté dans les tranches du cristal de roche, en mettant sur la surface polie de ce cristal un verre objectif d’un long foyer. Si la surface du cristal était parfaitement plane et sans sillons, les anneaux colorés produits par ce moyen seraient réguliers, comme ils le sont quand on met un objectif sur un autre verre plan et poli ; mais les anneaux colorés sont toujours irréguliers sur le cristal le mieux poli, ce qui ne peut provenir que des inégalités de sa surface.
  4. M. Bertrand rapporte, dans son Ditionnaire universel des fossiles, qu’on a trouvé près de Visbach, dans le haut Valais, à neuf ou dix lieues de Sion, une quille de cristal du poids de douze quintaux ; elle avait sept pieds de circonférence et deux pieds et demi de hauteur.
  5. Voyez le Mémoire lu par M. Daubanton, de l’Académie des sciences, en avril 1782.
  6. Pieds cubes. Pesanteur. Pouces cubes.
    Livres. Onces. Gros. Grains. Onces. Gros. Grains.
    185 11 2 64 Cristal de roche de Madagascar. 26530 1 5 54
    185 10 7 21 Cristal de roche du Brésil. 26526 1 5 54
    185 13 3 01 Cristal de roche d’Europe. 26548 1 5 55
    185 07 5 22 Cristal de roche irisé. 26497 1 5 53
    185 12 4 53 Cristal jaune ou topaze de Bohême. 26541 1 5 55
    185 11 0 14 Cristal roux brun ou topaze enfumée. 26534 1 5 54
    185 12 0 18 Cristal noir. 26536 1 5 55
    185 11 0 24 Cristal bleu ou saphir d’eau. 26513 1 5 28
    185 11 7 26 Cristal violet ou améthyste. 26535 1 5 55
    185 15 6 52 Cristal violet pourpré ou améthyste de vigne ou de Carthagène. 26570 1 5 56
    185 09 3 47 Cristal blanc violet ou améthyste blanche. 26513 1 5 54
    185 03 1 16 Quartz cristallisé. 26546 1 5 55
    185 10 1 02 Quartz laiteux. 26519 1 5 54
    185 03 2 26 Quartz gras. 26458 1 5 52
    185 13 1 71 Quartz fragile. 26404 1 5 50
  7. Lettres philosophiques sur la formation des sels, etc. Amsterdam, 1729.
  8. Voyez, dans ce volume, l’article de la Cristallisation.
  9. Depuis longtemps, dit M. Guettard, l’Oisan (en Dauphiné) est célèbre par ses mines de cristal ; ses habitants ne cessent d’en faire la recherche ou de continuer l’ouverture des cristallières dont l’exploitation est commencée… L’on a découvert plusieurs mines de ce fossile ; il y en a au lac de Brandes, à Maronne, à La Gorde, à Girause, à L’Armentière, précisément au-dessus de La Romanche, à Frenay, à La Grave, à Cyentor près le Chazelle, à Vaujani ; le cristal y est nuageux et peu clair ; au Sautet, paroisse de Mont-de-Lau, à Mizoin, qui est au-dessus de cet endroit… Les filons de cristallière se font voir assez communément à des hauteurs très élevées dans les montagnes, quelquefois même, comme à La Grave, ils touchent ou sont à peu de distance des glacières, ce qui en rend l’accès toujours assez difficile et quelquefois dangereux, ce qui sera toujours un obstacle réel à une exploitation régulière. Mémoire sur la minéralogie du Dauphiné, t. II, p. 456 et suiv. — De Brandes, dit le même naturaliste, nous avons monté à la petite Herpia, où il y a une cristallière abandonnée. Le cristal en est beau ; le rocher est un schiste tendre et dur en quelques parties.

    De la petite Herpia on monte à la grande Herpia en deux heures par un chemin très étroit… et pour arriver à la grande cristallière, il faut monter par des rochers presque droits… On y travaille l’hiver, et elle est, dit-on, la mère de toutes les cristallières ; il y a un filon très considérable de quartz, et le cristal est divisé en poches qui paraissent très étroites et qui s’élargissent au fur et à mesure qu’on avance ; les mères des cristaux sont attachées aux quartz de chaque côté, de sorte que les aiguilles sont tournées les unes contre les autres, et cet entre-deux est rempli d’une terre ocreuse où il y a quelquefois des aiguilles de cristal détachées ; on fait jouer la mine dans le quartz pour détacher le rocher par quartiers, et ensuite on sépare avec des marteaux les cristaux de ce quartz. Le rocher est d’un schiste tendre qui se décompose facilement. Mémoire sur la minéralogie d’Auvergne, t. Ier, p. 17 et suiv. — Ce même savant académicien (M. Guettard) a parcouru, avec M. Faujas de Saint-Fond, les montagnes de l’Oisan, dans les Alpes, dont les mines sont couvertes de glaces permanentes, et ils ont examiné les mines de cristal des fosses de La Garde, des Massur-lès-Clos, de Maronne, de Frenay. Ils ont aussi visité les travaux de la fameuse mine de cristal de la grande Herpia, qu’on a été forcé d’abandonner malgré sa richesse, parce qu’on ne peut y aborder que pendant un mois et demi de l’année, et qu’il faut courir les plus grands risques en y escaladant par des rochers taillés à pic, qui ne présentent que quelques saillies qui suffisent à peine pour placer la pointe du pied, et c’est au-dessus d’un précipice de plus de cinq cents pieds de profondeur qu’on est obligé de voyager de la sorte ; mais on est dédommagé des peines et des dangers en contemplant cette magnifique cristallière qui présente à l’œil un rocher qui n’est presque qu’une masse du plus beau cristal, et c’est pour cette raison que les gens des environs l’ont nommé la grande cristallière. Journal de physique, mois de décembre 1775, p. 517.

  10. Sur les cimes des plus hautes Alpes, on trouve des mines de cristaux ; on sait que cette matière se trouve dans les cavités de certaines veines métalliques, et que le quartz leur sert de matrice. Aux Alpes, les veines de quartz sortent au jour, et indiquent aux mineurs où il faut creuser ; cependant il faut souvent beaucoup de temps et de travail pour trouver une cavité qui contienne des cristaux. Dans le Grinselberg, on découvrit en 1719 une mine de cristaux plus riche que toutes celles qu’on avait déjà découvertes. L’un des cristaux de cette mine pesait huit cents livres ; il s’en trouve plusieurs de cinq cents livres. Les cristaux de la Suisse sont en général fort transparents. On en conserve un de couleur noire dans la bibliothèque de Berne ; on en trouve rarement de couleur jaune, ou brune, ou rouge. M. Altman en a chez lui dont la couleur approche de celle de l’améthyste. Description des montagnes de glace de la Suisse, par M. Altman, Journal étranger, janvier 1755. — Les indices qui guident les mineurs dans la recherche du cristal de roche sont des bandes ou zones blanches de plusieurs toises d’étendue et de huit à dix pouces de largeur, qui enveloppent en divers sens les blocs des rochers : ces zones, qu’ils nomment fleurs de mine, sont, dit M. Cappeller, formées par des concrétions brillantes et plus dures que la substance du roc. Les mineurs examinent aussi avec soin s’ils ne découvrent pas au bord de ces bandes des suintements d’eau qui transsudent par des espèces de loupes qui excèdent la surface du rocher ; alors ils frappent à grands coups de masse sur ces éminences, et par le son qui résulte de la commotion, ils jugent si le rocher est plein ou caverneux. Si ce son est creux, ils conçoivent de l’espérance et mettent la main à l’œuvre. Ils commencent par se frayer une route par la mine avec la poudre ; ils la dirigent en galerie comme les autres mineurs, et ils ont grande attention que leur mine ne coupe pas transversalement les bandes blanches, au moins dans leur plus grande largeur ; ce travail est pénible et souvent de plusieurs années, même incertains s’ils parviendront à la caverne qui recèle le cristal de roche. La longueur de l’exécution est encore prolongée par les neiges qui ne laissent à découvert les travaux que pendant environ trois mois de l’année…

    La minière la plus riche que l’on ait trouvée fut celle que l’on découvrit en 1719 ; la quantité du cristal que l’on en tira fut estimée trente mille écus. Les quilles étaient d’un volume énorme ; il y en avait une qui pesait huit cents livres, plusieurs de cinq cents, et beaucoup de cent livres. L’on voit encore deux de ces belles quilles dans la bibliothèque de Berne. Tous les cristaux de cette riche minière étaient de la plus grande régularité et de la plus belle eau. Il s’en trouva très peu de tannées par ces taches que l’on appelle neiges. Dans le Valais, vers le canton de Berne, dans la vallée de Kletch, on a trouvé une belle mine de cristal. Voyez les Mémoires de M. Capeller, médecin à Lucerne.

  11. Voyage en Turquie, etc. ; Rouen, 1713, t. Ier, p. 352.
  12. Cette pierre fut connue des anciens et sous le même nom. Pline en parle et la décrit bien en ces termes : « Enhydros semper rotunditatis absolutæ, in candore est levis, sed ad motum fluctuat intùs in eâ veluti in ovis liquor. » Lib. xxxvii, cap. xi.
  13. Les enhydres ou cailloux creux sont, dit M. Faujas de Saint-Fond, des espèces de pierres caverneuses ou géodes, pleines d’eau. Cette eau est ordinairement limpide, sans goût, sans odeur et de la plus grande pureté. On trouve près de Vicence, sur une colline volcanique, de petits cailloux creux, d’une espèce de calcédoine ou d’opale, dans lesquels il y a quelquefois de l’eau : ces enhydres peuvent se monter en bagues, et, comme ils sont d’une substance transparente, on y voit très distinctement l’eau qui s’y trouve renfermée. Recherches sur les volcans éteints, p. 250, in-fol.
  14. Voyez les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1776, p. 681 et suiv.
  15. Histoire générale des Voyages, t. VI, p. 485.
  16. Idem, t. IX, p. 307.
  17. Histoire de la conquête des Moluques, par Argensola ; Amsterdam, 1706, t. II, p. 34.
  18. Histoire générale des Voyages, t. VIII, p. 549. — Les Romains tiraient du cristal de l’Inde et en faisaient grande estime, quoiqu’ils sussent bien que les Alpes d’Italie en produisaient de très beau. « Oriens, dit Pline, cristallum mittit, Indicæ nulla prefertur… sed laudata in Europæ Alpium jugis. » Lib. xxxvii, cap. ii.
  19. Idem, t. IV, p. 611.
  20. Idem, t. II, p. 644.
  21. Il y a de fort beau cristal à Madagascar, surtout dans la province de Galemboul, où on le tire en pièces de six pieds de long et quatre de large sur autant d’épaisseur. Les Nègres n’y travaillent que le soir, apparemment parce qu’ils n’aiment pas à le voir embarquer sur nos navires. Histoire générale des Voyages, t. VIII, p. 620.
  22. Dans la table de M. Brisson, la pesanteur spécifique du cristal de Madagascar est de 26 530 et celle du cristal d’Europe de 26 548, relativement à l’eau supposée 10 000. Ainsi le cristal d’Europe est un peu plus dense que celui de Madagascar.
  23. Histoire générale des Voyages, t. XII, p. 218.
  24. Idem, t. XIV, p. 408.
  25. Idem, t. XII, p. 648.
  26. Idem, t. XIV, p. 408.
  27. Voyez la Relation du Père Charlevoix, et les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 197.