Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le pinson

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Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 176-182).

LE PINSON[1]


Cet oiseau a beaucoup de force dans le bec ; il sait très bien s’en servir pour se faire craindre des autres petits oiseaux, comme aussi pour pincer jusqu’au sang les personnes qui le tiennent ou qui veulent le prendre, et c’est pour cela que, suivant plusieurs auteurs[2], il a reçu le nom de pinson[NdÉ 1] : mais comme l’habitude de pincer n’est rien moins que propre à cette espèce, que même elle lui est commune non seulement avec beaucoup d’autres espèces d’oiseaux, mais avec beaucoup d’animaux de classes toutes différentes, quadrupèdes, mille-pèdes, bipèdes, etc., je trouve mieux fondée l’opinion de Frisch[3], qui tire ce mot pinson de pincio, latinisé du mot allemand pinck, qui semble avoir été formé d’après le cri de l’oiseau.

Les pinsons ne s’en vont pas tous en automne, il y en a toujours un assez bon nombre qui restent l’hiver avec nous ; je dis avec nous, car la plupart s’approchent en effet des lieux habités et viennent jusque dans nos basses-cours où ils trouvent une subsistance plus facile ; ce sont de petits parasites qui nous recherchent pour vivre à nos dépens, et qui ne nous dédommagent par rien d’agréable : jamais on ne les entend chanter dans cette saison, à moins qu’il n’y ait de beaux jours ; mais ce ne sont que des moments, et des moments fort rares ; le reste du temps ils se cachent dans des haies fourrées, sur des chênes qui n’ont pas encore perdu leurs feuilles, sur des arbres toujours verts, quelquefois même dans des trous de rochers où ils meurent lorsque la saison est trop rude ; ceux qui passent en d’autres climats se réunissent assez souvent en troupes innombrables ; mais où vont-ils ? M. Frisch croit que c’est dans les climats septentrionaux, et il se fonde : 1o sur ce qu’à leur retour ils ramènent avec eux des pinsons blancs qui ne se trouvent guère que dans ces climats ; 2o sur ce qu’ils ne ramènent point de petits, comme ils feraient s’ils eussent passé le temps de leur absence dans un pays chaud où ils eussent pu nicher, et où ils n’auraient pas manqué de le faire : tous ceux qui reviennent, mâles et femelles, sont adultes ; 3o sur ce qu’ils ne craignent point le froid, mais seulement la neige, qui en couvrant les campagnes les prive d’une partie de leurs subsistances[4].

Il faut donc, pour concilier tout cela, qu’il y ait un pays au nord où la neige ne couvre point la terre : or on prétend que les déserts de la Tartarie sont ce pays ; il y tombe certainement de la neige, mais les vents l’emportent, dit-on, à mesure qu’elle tombe, et laissent de grands espaces découverts.

Une singularité très remarquable dans la migration des pinsons, c’est ce que dit Gessner de ceux de la Suisse, et M. Linnæus de ceux de la Suède, que ce sont les femelles qui voyagent et que les mâles restent l’hiver dans le pays[5] ; mais ces habiles naturalistes n’auraient-ils pas été trompés par ceux qui leur ont attesté ce fait, et ceux-ci par quelque altération périodique dans le plumage des femelles, occasionnée par le froid ou par quelque autre cause. Le changement de couleur me paraît plus dans l’ordre de la nature, plus conforme à l’analogie[6], que cette séparation à jour nommé des mâles et des femelles, et que la fantaisie de celles-ci de voyager seules et de quitter leur pays natal où elles pourraient trouver à vivre tout aussi bien que leurs mâles.

Au reste, on sent bien que l’ordre de ces migrations doit varier dans les différents climats : Aldrovande assure que les pinsons font rarement leur ponte aux environs de Bologne, et qu’ils s’en vont presque tous sur la fin de l’hiver pour revenir l’automne suivant. Je vois au contraire, par le témoignage de Willughby, qu’ils passent toute l’année en Angleterre, et qu’il est peu d’oiseaux que l’on y voie aussi fréquemment.

Ils sont généralement répandus dans toute l’Europe, depuis la mer Baltique et la Suède[7], où ils sont fort communs et où ils nichent, jusqu’au détroit de Gibraltar, et même jusque sur les côtes d’Afrique[8].

Le pinson est un oiseau très vif : on le voit toujours en mouvement, et cela, joint à la gaieté de son chant, a donné lieu sans doute à la façon de parler proverbiale, gai comme pinson. Il commence à chanter de fort bonne heure au printemps et plusieurs jours avant le rossignol ; il finit vers le solstice d’été : son chant a paru assez intéressant pour qu’on l’analysât ; on y a distingué un prélude, un roulement, un finale[9] ; on a donné des noms particuliers à chaque reprise, on les a presque notées, et les grands connaisseurs de ces petites choses s’accordent à dire que la dernière reprise est la plus agréable[10]. Quelques personnes trouvent son ramage trop fort, trop mordant ; mais il n’est trop fort que parce que nos organes sont trop faibles, ou plutôt parce que nous l’entendons de trop près et dans des appartements trop résonnants, où le son direct est exagéré, gâté par les sons réfléchis : la nature a fait les pinsons pour être les chantres des bois ; allons donc dans les bois pour juger leur chant, et surtout pour en jouir.

Si l’on met un jeune pinson, pris au nid, sous la leçon d’un serin, d’un rossignol, etc., il se rendra propre le chant de ses maîtres ; on en a vu plus d’un exemple[11] ; mais on n’a point vu d’oiseaux de cette espèce qui eussent appris à siffler des airs de notre musique : ils ne savent pas s’éloigner de la nature jusqu’à ce point.

Les pinsons, outre leur ramage ordinaire, ont encore un certain frémissement d’amour qu’ils font entendre au printemps, et de plus un autre cri peu agréable qui, dit-on, annonce la pluie[12] : on a aussi remarqué que ces oiseaux ne chantaient jamais mieux ni plus longtemps que lorsque par quelque accident ils avaient perdu la vue[13] ; et cette remarque n’a pas été plus tôt faite que l’art de les rendre aveugles a été inventé : ce sont de petits esclaves à qui nous crevons les yeux pour qu’ils puissent mieux servir à nos plaisirs ; mais je me trompe, on ne leur crève point les yeux, on réunit seulement la paupière inférieure à la supérieure par une espèce de cicatrice artificielle, en touchant légèrement et à plusieurs reprises les bords de ces deux paupières avec un fil de métal rougi au feu, et prenant garde de blesser le globe de l’œil. Il faut les préparer à cette singulière opération, d’abord en les accoutumant à la cage pendant douze ou quinze jours, et ensuite en les tenant enfermés nuit et jour avec leur cage dans un coffre, afin de les accoutumer à prendre leur nourriture dans l’obscurité[14]. Ces pinsons aveugles sont des chanteurs infatigables[15], et l’on s’en sert par préférence[16] comme d’appeaux ou d’appelants pour attirer dans les pièges les pinsons sauvages ; on prend ceux-ci aux gluaux[17], et avec différentes sortes de filets, entre autres celui d’alouettes ; mais il faut que les mailles soient plus petites et proportionnées à la grosseur de l’oiseau.

Le temps de cette chasse[18] est celui où les pinsons volent en troupes nombreuses, soit en automne à leur départ, soit au printemps à leur retour : il faut, autant que l’on peut, choisir un temps calme, parce qu’alors ils volent plus bas et qu’ils entendent mieux l’appeau. Ils ne se façonnent point aisément à la captivité ; les premiers jours ils ne mangent point ou presque point, ils frappent continuellement de leur bec les bâtons de la cage, et fort souvent ils se laissent mourir[19].

Ces oiseaux font un nid bien rond et solidement tissu : il semble qu’ils n’aient pas moins d’adresse que de force dans le bec ; ils posent ce nid sur les arbres ou les arbustes les plus touffus ; ils le font quelquefois jusque dans nos jardins, sur les arbres fruitiers, mais ils le cachent avec tant de soin que souvent on a de la peine à l’apercevoir, quoiqu’on en soit fort près : ils le construisent de mousse blanche et de petites racines en dehors, de laine, de crins, de fils d’araignées et de plumes en dedans. La femelle pond cinq ou six œufs gris rougeâtres semés de taches noirâtres plus fréquentes au gros bout : le mâle ne la quitte point tandis qu’elle couve, surtout la nuit ; il se tient toujours fort près du nid, et le jour s’il s’éloigne un peu, c’est pour aller à la provision. Il se pourrait que la jalousie fût pour quelque chose dans cette grande assiduité, car ces oiseaux sont d’un naturel très jaloux : s’il se trouve deux mâles dans un même verger au printemps ils se battent avec acharnement jusqu’à ce que le plus faible cède la place ou succombe ; c’est bien pis s’ils se trouvent dans une même volière où il n’y ait qu’une femelle[20].

Les père et mère nourrissent leurs petits de chenilles et d’insectes ; ils en mangent eux-mêmes[21] ; mais ils vivent plus communément de petites graines, de celles d’épine blanche, de pavot, de bardane, de rosier, surtout de faîne, de navette et de chènevis : il se nourrissent aussi de blé, et même d’avoine dont ils savent fort bien casser les grains pour en tirer la substance farineuse ; quoiqu’ils soient d’un naturel un peu rétif, on vient à bout de les former au petit exercice de la galère, comme les chardonnerets ; ils apprennent à se servir de leur bec et de leurs pieds pour faire monter le seau dont ils ont besoin.

Le pinson est plus souvent posé que perché ; il ne marche point en sautillant, mais il coule légèrement sur la terre, et va sans cesse ramassant quelque chose ; son vol est inégal, mais lorsqu’on attaque son nid, il plane au-dessus en criant.

Cet oiseau est un peu plus petit que notre moineau : il est trop connu pour le décrire en détail ; on sait qu’il a les côtés de la tête, le devant du cou, la poitrine et les flancs d’une belle couleur vineuse ; le dessus de la tête et du corps marron ; le croupion olivâtre, et une tache blanche sur l’aile. La femelle a le bec plus effilé et les couleurs moins vives ; mais soit dans la femelle, soit dans le mâle, le plumage est fort sujet à varier : j’ai vu une femelle vivante, prise sur ses œufs le 7 mai, qui différait de celle que M. Brisson a décrite ; elle avait le dessus de la tête et du dos d’un brun olivâtre, une espèce de collier gris qui environnait le cou par derrière, le ventre et les couvertures inférieures de la queue blancs, etc. Parmi les mâles il y en a qui ont le dessus de la tête et du cou cendrés, et d’autres d’un brun marron ; quelques-uns ont les pennes de la queue les plus voisines des deux intermédiaires, bordées de blanc, et d’autres les ont entièrement noires : est-ce l’âge qui produit ces petites différences ?

Un jeune pinson pris sous la mère, dont les pennes de la queue étaient déjà longues de six lignes, avait le dessous du corps comme la mère, le dessus d’un brun cendré, le croupion olivâtre ; ses ailes avaient déjà les deux raies blanches, mais les bords du bec supérieur n’étaient point encore échancrés près de la pointe, comme ils le sont dans les mâles adultes : ce qui me ferait croire que cette échancrure, qui se trouve dans beaucoup d’espèces, ne dépend pas immédiatement de la première organisation, mais que c’est un effet secondaire et mécanique produit par la pression continuelle de l’extrémité du bec inférieur, qui est un peu plus court, contre les bords du bec supérieur.

Tous les pinsons ont la queue fourchue et composée de douze pennes ; le fond de leurs plumes est cendré obscur, et leur chair n’est pas bonne à manger. La durée de leur vie est de sept ou huit ans.

Longueur totale, six pouces un tiers ; bec, six lignes ; vol, près de dix pouces ; queue, deux pouces deux tiers ; elle dépasse les ailes d’environ seize lignes.


VARIÉTÉS DU PINSON

Indépendamment des variations fréquentes de plumage que l’on peut remarquer dans les pinsons d’un même pays, on a observé parmi les pinsons de différents climats des variétés plus constantes, et que les auteurs ont jugées dignes d’être décrites. Les trois premières ont été observées en Suède, et les deux autres en Silésie.

I.Le pinson à ailes et queue noires[22].

Il a en effet les ailes entièrement noires ; mais la penne extérieure de la queue et la suivante sont bordées de blanc en dehors, depuis le milieu de leur longueur : cet oiseau se tient sur les arbres, dit M. Linnæus.

II.Le pinson brun[23].

Il est remarquable par sa couleur brune et par son bec jaunâtre ; mais cette couleur brune n’est point uniforme, elle est moins foncée sur la partie antérieure, et participe du cendré et du noirâtre sur la partie postérieure : cette variété a les ailes noires comme la précédente, les pieds de même couleur et la queue fourchue. Les Suédois lui donnent le nom de riska, dit M. Linnæus.

III.Le pinson brun huppé[24].

Sa huppe est couleur de feu, et c’est le trait caractéristique qui le distingue de la variété précédente. M. Linnæus disait, en 1746, qu’il se trouvait en Nortlande, c’est-à-dire dans la partie septentrionale de la Suède ; mais douze ans après il a cru le reconnaître dans la linotte noire de Klein, et il a dit en général qu’il se trouvait en Europe.

IV.Le pinson blanc[25].

Il est fort rare, selon Schwenckfeld, et ne diffère que par la couleur de notre pinson ordinaire. Gessner atteste qu’on avait vu un pinson dont le plumage était entièrement blanc.

V.Le pinson à collier[26].

Il a le sommet de la tête blanc et un collier de la même couleur : cet oiseau a été pris dans les bois, aux environs de Kotzna.


Notes de Buffon
  1. « Montifringilla, fringilla montana Jonstonii, pinson de Belon, passer subtùs spadiceus, supernè subcæruleus, et subvirescens. Pinça. » Barrère, Specim., p. 55. Cet auteur semble avoir confondu les deux espèces. — « Fringilla cælebs, artubus nigris, remigibus utrimque albis ; tribus primis immaculatis ; rectricibus duabus obliquè albis. » Linnæus, Syst. nat., édit. X, p. 179. Fauna Suecica, no 199. — « Passer supernè fusco-castaneus, infernè albo-rufescens ; uropygio viridi olivaceo (collo inferiore et pectore vinaceis Mas), maculâ in alis candidâ ; rectricibus lateralibus nigris, extimâ tæniâ obliquè albâ insignitâ, proximè sequenti interiùs albo obliquè terminatâ, tribus aliis apice albis… Fringilla. » Brisson, Ornithol., t. III, p. 148. — Pinson commun, fringilla, etc. Pinçard, pinchard, pinchon, glaumet, huit, pichot, guignot, riche-prieur. Salerne, Oiseaux, p. 266.
  2. Voyez Belon, Nature des oiseaux, page 371.
  3. Tome Ier, classe 1, section 1.
  4. Frisch, t. Ier, classe 1, sect. 1. Aldrovande dit qu’en Italie, lorsqu’il y a beaucoup de neige et que le froid est rigoureux, les pinsons ne peuvent voler, et qu’on les prend à la main, p. 820 ; mais cette impuissance de voler peut venir d’inanition, et l’inanition de la quantité des neiges. Olina prétend qu’en ce même pays, les pinsons gagnent la montagne pendant l’été. M. Hébert en a vu dans cette saison sur les plus hautes montagnes du Bugey, où ils étaient aussi communs que dans les plaines, et où certainement ils ne restent point l’hiver.
  5. « In Helvetiâ nostrâ per hiemem recedunt, fœminæ præsertim, mares enim aliquando complures simul apparent sine ulla fœminâ. » Gessner, de Avibus, p. 388. M. Linnæus dit positivement que les pinsons femelles quittent la Suède par troupes au mois de septembre, qu’elles vont en Hollande, et reviennent au printemps rejoindre leurs mâles qui ont passé l’hiver en Suède.
  6. Nous rendrons compte, à l’article du tarier ou traquet d’Angleterre, de quelques observations curieuses sur les changements successifs du plumage de cet oiseau et de quelques autres.
  7. Voyez Fauna Suecica, no 199.
  8. « Étant en station sur les côtes du royaume de Maroc pendant l’été, il nous vint très fréquemment des pinsons à bord ; nous croisions du trente au trente-cinquième degré de latitude ; j’ai même ouï assurer qu’on les retrouvait au cap de Bonne-Espérance. » (Note de M. le vicomte de Querhoent.)
  9. Le prélude, selon M. Frisch, est composé de trois notes ou traits semblables ; le roulement de sept notes différentes en descendant, et le finale de deux notes ou phrases : il renvoie à l’art de la chasse de Schroder, p. 138 ; et à l’Helvetia curiosa d’Emmanuel Konig, p. 831. M. Lottinger a fait aussi quelques observations sur cette matière : « Dans la colère, dit-il, le cri du pinson est simple et aigu ; dans la crainte il est plaintif, bref et souvent répété ; dans la joie, il est vif, assez suivi, et il finit par une espèce de refrain. »
  10. On la nomme en allemand, reiterzu ; en français, boute-selle.
  11. Cette facilité de s’approprier des chants étrangers explique la diversité de ramage qu’on observe dans ces oiseaux. On distingue, dans les Pays-Bas, cinq à six sortes de pinsons qui ont chacun des phrases plus ou moins longues. Voyez l’Hist. nat. des oiseaux de Salerne, page 268.
  12. Ce cri a un nom particulier en allemand, on l’appelle schircken.
  13. Ils sont sujets à cet accident surtout lorsqu’on les tient entre deux fenêtres, a l’exposition du midi.
  14. Gessner prétend qu’en tenant des pinsons ainsi renfermés, pendant tout l’été, et ne les tirant de prison qu’au commencement de l’automne, ils chantent pendant cette dernière saison, ce qu’ils n’eussent point fait sans cela : l’obscurité les rendait muets, le retour de la lumière est le printemps pour eux. De Avibus, p. 388.
  15. On les appelle, en Flandre, rabadiaux.
  16. Avec d’autant plus de raison que ceux qui ne sont point aveugles sont des chantres fort capricieux, et qui se taisent pour peu qu’il fasse de vent ou qu’ils éprouvent d’incommodité, et même d’inquiétude.
  17. Le pinson est un oiseau de pipée ; il vient en faisant un cri, auquel les autres pinsons ne manquent pas de répondre, et aussitôt ils se mettent tous en marche. (Note de M. le docteur Lottinger.)
  18. On établit le filet dans un bosquet de charmille d’environ soixante pieds de long sur trente-cinq de large, à portée des vignes et des chènevières ; le filet est à un bout, la loge où se met l’homme qui tient la corde du filet à l’autre bout ; deux appeaux dans l’espace qui est entre les deux nappes ; plusieurs autres pinsons en cage répandus dans le bosquet : cela s’appelle une pinsonnière. Il faut beaucoup d’attention à cacher l’appareil ; car le pinson, qui trouve aisément à vivre, n’est point facile à attirer dans le piège : quelques-uns disent qu’il est défiant et rusé, qu’il échappe à l’oiseau de proie en se tenant la tête en bas, que l’oiseau le méconnaît dans cette situation, et que s’il fond sur lui, souvent il ne lui prend que quelques plumes de la queue. M. Guys m’assure que la femelle est encore plus rusée que le mâle : ce qu’il y a de sûr, c’est que mâle et femelle se laissent approcher de fort près.
  19. Ceux que l’on prend aux gluaux meurent souvent à l’instant où on les prend, soit par le regret de la liberté, soit qu’ils aient été blessés par la chouette, soit qu’ils en aient eu peur.
  20. On conseille même de ne pas mettre plus de deux paires dans la même chambre, de peur que les mâles ne se poursuivent et qu’ils ne causent du désordre dans la volière.
  21. Aldrovande savait cela, et il ajoute que les oiseleurs donnaient aux pinsons qui leur servaient d’appeaux, une sauterelle ou quelque autre insecte pour les mettre en train de chanter ; ce qui supposerait dans ces oiseaux un appétit de préférence pour les insectes.
  22. « Fringilla artubus, remigibus, rectricibusque nigris, duabus utrimque extimis a medio extrorsùm albis. » Linnæus, Fauna Suecica, no 200. — « Fringilla sylvatica artubus, etc. » Linnæus, Syst. nat., édit. X, g. 98, sp. 6, p. 180. — « Fringilla alis et caudâ nigris, » Brisson, t. III, p. 153.
  23. « Fringilla fusca, rostro flavicante. » Linnæus, Faun. Suec., no 204. — « Fringilla flavirostris fusca, etc. » Linn., Sys. nat., édit. X, g. 98, sp. 21, p. 182. — « Fringilla fusca. » Brisson, t. III, p. 154.
  24. « Fringilla fusca, cristâ flammeâ. » Linnæus, Faun. Suec., no 201. — « Fringilla flammeâ fuscâ, etc. » Linn., Syst. nat., édit. X, g. 98, sp. 20, p. 182. » — « Luteola nigra, schwarzer zeilig. » Schwenckfeld, Av. Siles., p. 297. — « Linaria seu luteola nigra Schwenckfeldi, schwarzer henfling. » Klein, Ordo Avium, p. 93, no V.
  25. « Fringilla candida, weisse fincke, weisse buch-fincke. » Scwenckfeld, Av. Siles., p. 262. — Gessner, de Avibus, p. 387. — Brisson, t. III, p. 154.
  26. « Fringilla torquata, ringel-finch. » Schwenckfeld, Av. Sil., p. 262. — Brisson, t. III, page 155.
Notes de l’éditeur
  1. Fringilla Cælebs L. [Note de Wikisource : actuellement Fringilla coelebs Linnæus, vulgairement pinson des arbres, famille des Fringillidés]. — Le Pinson possède un plumage élégant. « Le mâle a le front noir foncé, la tête et la nuque d’un bleu cendré, le dos brun, la partie inférieure du corps d’un rouge vineux, le ventre blanc, les ailes marquées de deux bandes blanches. Le bec est, au printemps, d’un bleuâtre clair ; en hiver et en automne d’un blanc rougeâtre ; la pointe en est toujours noire. Les pattes sont d’un gris rougeâtre, ou couleur de chair sale ; l’iris est brun. La femelle et les jeunes ont la partie supérieure du corps brun olivâtre, la partie inférieure grise, les ailes avec deux bandes blanches comme chez le mâle » (Brehm).