Œuvres complètes de La Fontaine (Marty-Laveaux)/Tome 2/La Fiancée du roy de Garbe

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Œuvres complètes de La Fontaine (Marty-Laveaux)/Tome 2
Contes, Texte établi par Ch. Marty-LaveauxP. Jannet (p. 116-138).


XIV. — LA FIANCÉE DU ROY
DE GARBE.
Nouvelle.


Il n’est rien qu’on ne conte en diverses façons :
On abuse du vray comme on fait de la feinte :
Je le souffre aux recits qui passent pour chansons ;
Chacun y met du sien sans scrupule et sans crainte.
Mais aux évenemens de qui la verité
Importe à la posterité,
Tels abus meritent censure.
Le fait d’Alaciel est d’une autre nature.
Je me suis écarté de mon original.
On en pourra gloser ; on pourra me mécroire :
Tout cela n’est pas un grand mal :
Alaciel et sa mémoire
Ne sçauroient guere perdre à tout ce changement.
J’ay suivy mon Auteur en deux poincts seulement,
Poincts qui font veritablement
Le plus important de l’histoire :
L’un est que par huit mains Alaciel passa
Avant que d’entrer dans la bonne :
L’autre que son Fiancé ne s’en embarrassa,
Ayant peut-estre en sa personne
Dequoy negliger ce poinct là.
Quoy qu’il en soit, la Belle en ses traverses,
Accidens, fortunes diverses,

Eut beaucoup à souffrir, beaucoup à travailler ;
Changea huit fois de Chevalier.
Il ne faut pas pour cela qu’on l’accuse :
Ce n’estoit, aprés tout, que bonne intention,
Gratitude, ou compassion,
Crainte de pis, honneste excuse.
Elle n’en plut pas moins aux yeux de son Fiancé.
Veuve de huit Galants, il la prit pour pucelle,
Et dans son erreur par la Belle
Apparemment il fut laissé.
Qu’on y puisse estre pris[1], la chose est toute claire,
Mais aprés huit, c’est une estrange affaire :
Je me rapporte de cela
A quiconque a passé par là.
 
Zaïr, Soudan d’Alexandrie,
Ayma sa fille Alaciel
Un peu plus que sa propre vie :
Aussi ce qu’on se peut figurer sous le Ciel
De bon, de beau, de charmant et d’aymable,
D’accommodant, j’y mets encor ce poinct,
La rendoit d’autant estimable ;
En cela je n’augmente point.
 
Au bruit qui couroit d’elle en toutes ces Provinces,
Mamolin, Roy de Garbe, en devint amoureux.
Il la fit demander, et fut assez heureux
Pour l’emporter sur d’autres Princes.
La Belle aymoit déja, mais on n’en sçavoit rien :
Filles de Sang royal ne se declarent guere ;
Tout se passe en leur cœur ; cela les fasche bien,
Car elles sont de chair ainsi que les Bergeres.
Hispal, jeune Seigneur de la Cour du Soudan,
Bien fait, plein de merite, honneur de l’Alcoran,
Plaisoit fort à la Dame, et d’un commun martyre

Tous deux brûloient sans oser se le dire ;
Ou s’ils se le disoient, ce n’estoit que des yeux.
Comme ils en estoient là, l’on accorda la Belle.
Il falut se resoudre à partir de ces lieux.
Zaïr fit embarquer son Amant avec elle.
S’en fier à quelque-autre eust peut-estre esté mieux[2].
 
Aprés huit jours de traite, un vaisseau de Corsaires,
    Ayant pris le dessus du vent,
  Les attaqua ; le combat fut sanglant ;
Chacun des deux partis y fit mal ses affaires.
  Les assaillans, faits aux combats de mer,
Estoient les plus experts en l’art de massacrer ;
Joignoient l’adresse au nombre : Hispal par sa vaillance
       Tenoit les choses en balance.
Vingt Corsaires pourtant monterent sur son bord.
   Grifonio le Gigantesque
   Conduisoit l’horreur et la mort
   Avecque cette Soldatesque.
Hispal en un moment se vit environné :
Maint Corsaire sentit son bras determiné :
De ses yeux il sortoit des éclairs et des flâmes.
Cependant qu’il estoit au combat acharné,
Grifonio courut à la chambre des femmes.
Il sçavoit que l’Infante estoit dans ce vaisseau,
Et l’ayant destinée à ses plaisirs infames,
Il l’emportoit comme un moineau ;
Mais la charge pour luy n’estant pas suffisante,
Il prit aussi la cassette aux bijoux,
Aux diamans, aux témoignages doux
   Que reçoit et garde une Amante :
   Car quelqu’un m’a dit, entre nous,
Qu’Hispal en ce voyage avoit fait à l’Infante
Un aveu dont d’abord elle parut contente,
Faute d’avoir le temps de s’en mettre en courroux.

Le mal-heureux Corsaire, emportant cette proye,
N’en eut pas long-temps de la joye.
Un des vaisseaux, quoyqu’il fust accroché,
S’estant quelque peu détaché,
Comme Grifonio passoit d’un bord à l’autre,
Un pied sur son Navire, un sur celuy d’Hispal,
Le Heros d’un revers coupe en deux l’animal :
Part du tronc tombe en l’eau, disant sa patenostre,
Et reniant Mahom, Jupin, et Tarvagant[3],
Avec maint autre Dieu non moins extravagant :
Part demeure sur pieds, en la mesme posture.
On auroit ry de l’avanture
Si la Belle avec luy n’eust tombé dedans l’eau.
Hispal se jette aprés : l’un et l’autre vaisseau,
Mal-mené du combat, et privé de Pilote,
Au gré d’Eole et de Neptune flote.
 
La mort fit lascher prise au Geant pourfendu.
L’Infante, par sa robbe en tombant soûtenuë,
Fut bien-tost d’Hispal secouruë.
Nâger vers les vaisseaux eust esté temps perdu ;
Ils estoient presque à demy mile :
Ce qu’il jugea de plus facile,
Fut de gagner certains rochers,
Qui d’ordinaire estoient la perte des Nochers,
Et furent le salut d’Hispal et de l’Infante.
Aucuns ont asseuré comme chose constante,
Que mesme du peril la cassette échapa ;
Qu’à des cordons estant pendue,
La Belle aprés soy la tira ;
Autrement elle estoit perduë.

Nostre Nâgeur avoit l’Infante sur son dos.
Le premier roc gagné, non pas sans quelque peine,
La crainte de la faim suivit celle des flots ;

Nul vaisseau ne parut sur la liquide plaine.
   Le jour s’acheve ; il se passe une nuit ;
Point de vaisseau prés d’eux par le hazard conduit ;
   Point dequoy manger sur ces roches :
   Voilà nostre couple reduit
A sentir de la faim les premieres approches ;
Tous deux privez d’espoir, d’autant plus malheureux,
   Qu’aymez aussi bien qu’Amoureux,
Ils perdoient doublement en leur mesaventure.
Aprés s’estre long-temps regardez sans parler :
Hispal, dit la Princesse, il se faut consoler ;
Les pleurs ne peuvent rien prés de la Parque dure.
Nous n’en mourrons pas moins ; mais il dépend de nous
   D’adoucir l’aigreur de ses coups ;
C’est tout ce qui nous reste en ce mal-heur extrême.
Se consoler ! dit-il, le peut-on quand on aime ?
Ah ! si… mais non, Madame, il n’est pas à propos
 Que vous aymiez ; vous seriez trop à plaindre.
Je brave à mon égard et la faim et les flots ;
Mais jettant l’œil sur vous, je trouve tout à craindre.
La Princesse à ces mots ne se pût plus contraindre.
 Pleurs de couler, soûpirs d’estre poussez,
  Regards d’estre au Ciel adressez,
 Et puis sanglots, et puis soûpirs encore :
En ce mesme langage Hispal luy repartit :
  Tant qu’enfin un baiser suivit ;
S’il fut pris ou donné, c’est ce que l’on ignore.
 
  Aprés force vœux impuissans,
 Le Heros dit : Puisqu’en cette avanture
  Mourir nous est chose si seure,
Qu’importe que nos corps des oyseaux ravissans
Ou des monstres marins deviennent la pâture ?
  Sepulture pour sepulture,
  La mer est égale à mon sens.
Qu’attendons-nous icy qu’une fin languissante ?
  Seroit il point plus à propos
  De nous abandonner aux flots ?


J’ay de la force encor, la coste est peu distante,
  Le vent y pousse ; essayons d’approcher ;
    Passons de rocher en rocher :
  J’en vois beaucoup où je puis prendre haleine.
  Alaciel s’y resolut sans peine.
Les revoila sur l’onde ainsi qu’auparavant,
    La cassette en lesse suivant,
    Et le nâgeur, poussé du vent,
    De roc en roc portant la Belle :
    Façon de naviger nouvelle.
Avec l’ayde du Ciel et de ces reposoirs,
Et du Dieu qui preside aux liquides manoirs,
Hispal n’en pouvant plus, de faim, de lassitude,
    De travail et d’inquiétude
    (Non pour luy, mais pour ses amours),
    Aprés avoir jeûné deux jours,
    Prit terre à la dixiéme traite,
    Luy, la Princesse, et la cassette.

Pourquoy, me dira-t-on, nous ramener toûjours
  Cette cassette ? est-ce une circonstance
    Qui soit de si grande importance ?
Oüy, selon mon avis ; on va voir si j’ay tort.
    Je ne prens point icy l’essor,
    Ny n’affecte de railleries.
    Si j’avois mis nos gens à bord
    Sans argent et sans pierreries,
    Seroient-ils pas demeurez court ?
    On ne vit ny d’air ny d’amour.
    Les Amans ont beau dire et faire,
Il en faut revenir toûjours au necessaire.
La cassette y pourveut avec maint diamant.
Hispal vendit les uns, mit les autres en gages ;
Fit achat d’un Chasteau le long de ces rivages ;
Ce Chasteau, dit l’histoire, avoit un parc fort grand,
  Ce parc un bois, ce bois de beaux ombrages,
    Sous ces ombrages nos Amans
    Passoient d’agreables momens

Voyez combien voila de choses enchaînées,
Et par la cassette amenées.
 
Or au fond de ce bois un certain antre estoit,
Sourd et muet, et d’amoureuse affaire,
Sombre sur tout ; la nature sembloit
L’avoir mis là non pour autre mystere.
Nos deux Amans se promenant un jour,
Il arriva que ce fripon d’Amour
Guida leurs pas vers ce lieu solitaire.
Chemin faisant Hispal expliquoit ses desirs,
Moitié par ses discours, moitié par ses soûpirs,
Plein d’une ardeur impatiente ;
La Princesse écoutoit incertaine et tremblante.
 
Nous voicy, disoit-il, en un bord étranger,
Ignorez du reste des hommes ;
Profitons-en ; nous n’avons à songer
Qu’aux douceurs de l’Amour, en l’estat où nous sommes.
Qui vous retient ? on ne sçait seulement
Si nous vivons ; peut-estre en ce moment
Tout le monde nous croit au corps d’une Baleine.
Ou favorisez vostre Amant,
Ou qu’à vostre Epoux il vous meine.
Mais pourquoy vous mener ? vous pouvez rendre heureux
Celuy dont vous avez éprouvé la constance.
Qu’attendez-vous pour soulager ses feux ?
N’est-il point assez amoureux ?
Et n’avez-vous point fait assez de resistance ?
 
Hispal haranguoit de façon
Qu’il auroit échauffé des marbres,
Tandis qu’Alaciel à l’ayde d’un poinçon,
Faisoit semblant d’écrire sur les arbres.
Mais l’amour la faisoit resver
A d’autres choses qu’à graver
Des caracteres sur l’écorce.
Son Amant et le lieu l’asseuroient du secret :

C’estoit une puissante amorce.
Elle resistoit à regret :
Le Printemps par mal-heur estoit lors en sa force.
Jeunes cœurs sont bien empêchez
A tenir leurs desirs cachez,
Estant pris par tant de manieres.
Combien en voyons-nous se laisser pas à pas
Ravir jusqu’aux faveurs dernieres,
Qui dans l’abord ne croyoient pas
Pouvoir accorder les premieres ?
Amour, sans qu’on y pense, amene ces instans :
Mainte fille a perdu ses gans,
Et femme au partir s’est trouvée,
Qui ne sçait la plus part du temps
Comme la chose est arrivée.
 
Prés de l’antre venus, nostre Amant proposa
D’entrer dedans ; la Belle s’excusa,
Mais malgré soy déja presque vaincuë.
Les services d’Hispal en ce mesme moment
Luy reviennent devant la veuë.
Ses jours sauvez des flots, son honneur d’un geant :
Que luy demandoit son Amant ?
Un bien dont elle estoit à sa valeur tenuë.
Il vaut mieux, disoit-il, vous en faire un amy,
Que d’attendre qu’un homme à la mine hagarde
Vous le vienne enlever ; Madame, songez-y ;
L’on ne sçait pour qui l’on le garde.
L’Infante à ces raisons se rendant à demi,
Une pluye acheva l’affaire :
Il falut se mettre à l’abri :
Je laisse à penser où. Le reste du mystere
Au fond de l’antre est demeuré.
Que l’on la blasme ou non, je sçais plus d’une Belle
A qui ce fait est arrivé,
Sans en avoir moitié d’autant d’excuses qu’elle.
L’antre ne tes vit seul de ces douceurs joüir :

Rien ne couste en amour que la premiere peine.
Si les arbres parloient, il feroit bel oüir
Ceux de ce bois ; car la forest n’est pleine
Que des monumens amoureux
Qu’Hispal nous a laissez, glorieux de sa proye.
On y verroit écrit : Icy pasma de joye
Des mortels le plus heureux :
Là mourut un Amant sur le sein de sa Dame,
En cet endroit, mille baisers de flâme
Furent donnez, et mille autres rendus.
Le parc diroit beaucoup, le chasteau beaucoup plus,
Si Chasteaux avoient une langue.
La chose en vint au poinct que, las de tant d’amour,
Nos Amans à la fin regretterent la Cour.
La Belle s’en ouvrit, et voicy sa harangue :
 
Vous m’estes cher, Hispal : j’aurois du déplaisir
Si vous ne pensiez pas que toûjours je vous ayme.
Mais qu’est-ce qu’un amour sans crainte et sans desir ?
Je vous le demande à vous-mesme.
Ce sont des feux bien-tost passez,
Que ceux qui ne sont point dans leur cours traversez :
Il y faut un peu de contrainte.
Je crains fort qu’à la fin ce sejour si charmant
Ne nous soit un desert, et puis un monument ;
Hispal, ostez-moy cette crainte.
Allez vous en voir promptement,
Ce qu’on croira de moy dedans Alexandrie
Quand on sçaura que nous sommes en vie.
Déguisez bien nostre sejour :
Dites que vous venez preparer mon retour,
Et faire qu’on m’envoye une escorte si seure,
Qu’il n’arrive plus d’avanture.
Croyez-moy, vous n’y perdrez rien :
Trouvez seulement le moyen,
De me suivre en ma destinée
Ou de fillage, ou d’Hymenée,

Et tenez pour chose asseurée
Que si je ne vous fais du bien,
Je seray de prés éclairée.
 
Que ce fust ou non son dessein,
Pour se servir d’Hispal, il faloit tout promettre.
Dés qu’il trouve à propos de se mettre en chemin,
L’Infante pour Zaïr le charge d’une lettre.
Il s’embarque, il fait voile, il vogue, il a bon vent ;
Il arrive à la Cour, où chacun luy demande
S’il est mort, s’il est vivant,
Tant la surprise fut grande ;
En quels lieux est l’Infante, enfin ce qu’elle fait.
Dés qu’il eut à tout satisfait,
On fit partir une escorte puissante.
Hispal fut retenu ; non qu’on eust en effet
Le moindre soupçon de l’Infante.
Le chef de cette escorte estoit jeune et bien fait.
Abordé prés du parc, avant tout il partage
Sa troupe en deux, laisse l’une au rivage,
Va droit avec l’autre au chasteau.
La beauté de l’Infante estoit beaucoup accreuë :
Il en devint épris à la premiere veuë,
Mais tellement épris, qu’attendant qu’il fist beau,
Pour ne point perdre temps, il luy dit sa pensée.
Elle s’en tint fort offensé,
Et l’avertit de son devoir.
Témoigner en tel cas un peu de desespoir
Est quelquesfois une bonne recepte.
C’est ce que fait notre homme ; il forme le dessein
De se laisser mourir de faim ;
Car de se poignarder, la chose est trop tost faite :
On n’a pas le temps d’en venir
Au repentir.
D’abord Alaciel rioit de sa sottise.
Un jour se passe entier, luy sans cesse jeusnant,
Elle toûjours le détournant
D’une si terrible entreprise.

Le second jour commence à la toucher.
Elle resve à cette avanture.
Laisser mourir un homme, et pouvoir l’empêcher
C’est avoir l’ame un peu trop dure.
Par pitié donc elle condescendit
Aux volontez du Capitaine ;
Et cet office luy rendit
Gayment, de bonne grace, et sans monstrer de peine ;
Autrement le remede eust esté sans effet.
Tandis que le Galant se trouve satisfait,
Et remet les autres affaires ;
Disant tantost que les vents sont contraires ;
Tantost qu’il faut radouber ses galeres
Pour estre en estat de partir ;
Tantost qu’on vient de l’avertir
Qu’il est attendu des Corsaires ;
Un Corsaire en effet arrive, et surprenant
Ses gens demeurez à la rade,
Les tuë, et va donner au Chasteau l’escalade :
Du fier Grifonio c’estoit le Lieutenant.
 
Il prend le Chasteau d’emblée.
Voilà la feste troublée.
Le jeusneur maudit son sort.
Le Corsaire apprend d’abord
L’avanture de la Belle,
Et la tirant à l’écart,
Il en veut avoir sa part.
Elle fit fort la rebelle.
Il ne s’en étonna pas,
N’estant novice en tels cas.
Le mieux que vous puissiez faire,
Luy dit tout franc ce Corsaire,
C’est de m’avoir pour ami ;
Je suis Corsaire et demy.
Vous avez fait jeusner un pauvre miserable
qui se mouroit pour vous d’amour ;
Vous jeusnerez à vostre tour,

  Ou vous me serez favorable.
La justice le veut : nous autres gens de mer
Sçavons rendre à chacun selon ce qu’il merite ;
Attendez-vous de n’avoir à manger
Que quand de ce costé vous aurez esté quitte.
Ne marchandez point tant, Madame, et croyez-moy.
Qu’eust fait Alaciel ? Force n’a point de loy.
S’accontmoder à tout est chose necessaire.
Ce qu’on ne voudroit pas souvent il le faut faire,
Quand il plaist au destin que l’on en vienne là.
Augmenter sa souffrance est une erreur extrême.
Si par pitié d’autruy la Belle se força,
Que ne point essayer par pitié de soy-même ?
Elle se force donc, et prend en gré le tout :
Il n’est affliction dont on ne vienne à bout.
Si le corsaire eust esté sage,
Il eût mené l’Infante en un autre rivage.
Sage en amour ? Hélas ! il n’en est point.
Tandis que celuy-cy croit avoir tout à poinct,
Vent pour partir, lieu propre pour attendre,
Fortune, qui ne dort que lors que nous veillons,
Et veille quand nous sommeillons,
Luy trame en secret cet esclandre.
 
Le Seigneur d’un chasteau voisin de celuy-cy,
Homme fort amy de la joye,
Sans nulle attache, et sans soucy
Que de chercher toûjours quelque nouvelle proye,
Ayant eu le vent des beautez,
Perfections, commoditez,
Qu’en sa voisine on disoit estre,
Ne songeoit nuit et jour qu’à s’en rendre le maistre.
Il avoit des amis, de l’argent, du credit,
Pouvoit assembler deux mille hommes ;
Il les assemble donc un beau jour, et leur dit :
Souffrirons-nous, braves gens que nous sommes,
Qu’un pirate à nos yeux se gorge de butin ?
Qu’il traite comme esclave une beauté divine ?

Allons tirer nostre voisine
D’entre les grifes du mastin.
Que ce soir chacun soit en armes ;
Mais doucement et sans donner d’alarmes :
Sous les auspices de la nuit,
Nous pourrons nous rendre sans bruit
Au pied de ce chasteau, dés la petite pointe
Du jour ;
La surprise à l’ombre estant jointe
Nous rendra sans hazard maistres de ce sejour.
Pour ma part du butin je ne veux que la Dame
Non pas pour en user ainsi que ce voleur ;
Je me sens un desir en l’ame
De luy restituer ses biens et son honneur.
Tout le reste est à vous, hommes, chevaux, bagage,
Vivres, munitions, enfin tout l’équipage
Dont ces Brigands ont emply la maison.
Je vous demande encore un don ;
C’est qu’on pende aux creneaux haut et court le Corsaire.
 
Cette harangue militaire
Leur sceut tant d’ardeur inspirer,
Qu’il en falut une autre afin de moderer
Le trop grand desir de bien faire.
Chacun repaist le soir étant venu :
L’on mange peu ; l’on boit en recompense :
Quelques tonneaux sont mis sur cu.
Pour avoir fait cette dépense,
Il s’est gagné plusieurs combats,
Tant en Allemagne qu’en France.
Ce Seigneur donc n’y manqua pas,
Et ce fut un trait de prudence.
Mainte échelle est portée, et point d’autre embarras.
Point de tambours, force bons coutelas.
On part sans bruit, on arrive en silence.
L’Orient venoit de s’ouvrir.
C’est un temps où le somme est dans sa violence,
Et qui par sa fraischeur nous contraint de dormir.

Presque tout le peuple Corsaire,
Du sommeil à la mort n’ayant qu’un pas à faire
Fut assommé sans le sentir.

Le Chef pendu, l’on ameine l’Infante.
Son peu d’amour pour le voleur,
Sa surprise et son épouvante,
Et les civilitez de son Liberateur,
Ne luy permirent pas de répandre des larmes.
Sa priere sauva la vie à quelques gens.
Elle plaignit les morts, consola les mourans,
Puis quitta sans regret ces lieux remplis d’alarmes.
On dit mesme qu’en peu de temps
Elle perdit la memoire
De ses deux derniers Galants ;
Je n’ay pas peine à le croire.

Son voisin la receut en un appartement
Tout brillant d’or et meublé richement.
On peut s’imaginer l’ordre qu’il y fit mettre.
Nouvel Hoste et nouvel Amant,
Ce n’estoit pas pour rien obmettre.
Grande chere sur tout, et des vins fort exquis.
Les Dieux ne sont pas mieux servis.
Alaciel qui de sa vie,
Selon sa Loy, n’avoit bû vin,
Gousta ce solr par compagnie
De ce breuvage si divin.
Elle ignoroit l’effet d’une liqueur si douce,
Insensiblement fit carrousse :
Et comme amour jadis luy troubla la raison,
Ce fut lors un autre poison.
Tous deux sont à craindre des Dames.
Alaciel mise au lit par ses femmes,
Ce bon Seigneur s’en fut la trouver tout d’un pas.
Quoy trouver ? dira-t-on, d’immobiles appas ?
Si j’en trouvois autant je sçaurois bien qu’en faire
Disoit l’autre jour un certain :

Qu’il me vienne une mesme affaire,
On verra si j’auray recours à mon voisin.
Bacchus donc, et Morphée, et l’Hoste de la Belle,
Cette nuit disposerent d’elle.
Les charmes des premiers dissipez à la fin,
La Princesse, au sortir du somme,
Se trouva dans tes bras d’un homme.
La frayeur luy glaça la voix :
Elle ne pût crier, et de crainte saisie,
Permit tout à son Hoste, et pour une autre fois
Luy laissa lier la partie.
Une nuit, luy dit-il, est de mesme que cent ;
Ce n’est que la premiere à quoy l’on trouve à dire.
Alaciel le crût. L’Hoste enfin se lassant,
Pour d’autres conquestes soûpire.
 
Il part un soir, prie un de ses amis
De faire cette nuit les honneurs du logis,
Prendre sa place, aller trouver la Belle,
Pendant l’obscurité se coucher auprés d’elle,
Ne point parler ; qu’il estoit fort aisé ;
Et qu’en s’acquitant bien de l’employ proposé,
L’Infante asseurément agréroit son service.
L’autre bien volontiers luy rendit cet office :
Le moyen qu’un ami puisse estre refusé ?
A ce nouveau venu la voilà donc en proye.
Il ne pût sans parler contenir cette joye.
La Belle se plaignit d’estre ainsi leur joüet :
Comment l’entend, Monsieur mon Hoste ?
Dit-elle, et de quel droit me donner comme il fait ?
L’autre confessa qu’en effet
Ils avoient tort ; mais que toute la faute
Estoit au maistre du logis.
Pour vous venger de son mépris,
Poursuivit-il, comblez-moy de caresses.
Encherissez sur les tendresses
Que vous eustes pour luy tant tant qu’il fut vostre Amant :
Aimez-moy par dépit et par ressentiment,

Si vous ne pouvez autrement.
Son conseil fut suivy, l’on poussa les affaires,
L’on se vengea, l’on n’obmit rien.
Que si l’amy s’en trouva bien,
L’Hoste ne s’en tourmenta gueres.
 
Et de cinq, si j’ay bien compté.
Le sixiéme incident des travaux de l’Infante
Par quelques-uns est rapporté
D’une maniere differente.
Force gens concluront de là
Que d’un Galant au moins je fais grace à la Belle.
C’est médisance que cela :
Je ne voudrois mentir pour elle.
Son Epoux n’eut asseurément
Que huit Précurseurs seulement.
Poursuivons donc nostre nouvelle.
L’Hoste revint quand l’ami fut content.
Alaciel, luy pardonnant,
Fit entr’eux les choses égales :
La clemence sied bien aux personnes Royales.
 
Ainsi de main en main Alaciel passoit,
Et souvent se divertissoit
Aux menus ouvrages des filles
Qui la servoient, toutes assez gentilles.
Elle en aymoit fort une à qui l’on en contoit ;
Et le conteur estoit un certain Gentil-homme
De ce logis, bien fait et galant homme,
Mais violent dans ses desirs,
Et grand ménager de soûpirs[4],
Jusques à commencer prés de la plus severe,
Par où l’on finit d’ordinaire.
Un jour au bout du parc le Galant rencontra
Cette fillette ;
Et dans un pavillon fit tant qu’il l’attira

Toute seulette.
L’Infante estoit fort prés de là :
Mais il ne la vit point, et crût en asseurance
Pouvoir user de violence.
Sa médisante humeur, grand obstacle aux faveurs,
Peste d’amour et des douceurs
Dont il tire sa subsistance,
Avoit de ce Galant souvent greslé l’espoir.
La crainte luy nuisoit autant que le devoir.
Cette fille l’auroit, selon route apparence,
Favorisé,
Si la Belle eust osé.
Se voyant craint de cette sorte,
Il fit tant qu’en ce pavillon
Elle entra par occasion ;
Puis le Galant ferme la porte :
Mais en vain, car l’Infante avoit dequoy l’ouvrir.
La fille voit sa faute, et tâche de sortir.
Il la retient : elle crie, elle appelle :
L’Infante vient, et vient comme il faloit[5],
Quand sur ses fins la Demoiselle estoit.
Le Galant, indigné de la manquer si belle,
Perd tout respect et jure par les Dieux
Qu’avant que sortir de ces lieux
L’une ou l’autre payra sa peine
Quand il devroit leur attacher les mains.
Si loin de tous secours humains,
Dit-il, la resistance est vaine.
Tirez au sort sans marchander ;
Je ne sçaurois vous accorder
Que cette grace ;
Il faut que l’une ou l’autre passe
Pour aujourd’huy.
Qu’a fait madame ? dit la Belle ;
Pâtira-t-elle pour autruy ?
Oüy, si le sort tombe sur elle,

Dit le Galant, prenez-vous-en à luy.
Non non, reprit alors l’Infante,
Il ne sera pas dit que l’on ait, moy presente,
Violenté cette innocente.
Je me resous plustost à toute extremité.
Ce combat plein de charité
Fut par le sort à la fin terminé.
L’Infante en eut toute la gloire :
Il luy donna sa voix, à ce que dit l’Histoire.
L’autre sortit, et l’on jura
De ne rien dire de cela.
Mais le Galant se seroit laissé pendre
Plûtost que de cacher un secret si plaisant ;
Et pour le divulguer il ne voulut attendre
Que le temps qu’il faloit pour trouver seulement
Quelqu’un qui le voulust entendre.
 
Ce changement de favoris
Devint à l’Infante une peine ;
Elle eut regret d’estre l’Helene
D’un si grand nombre de Paris.
Aussi l’Amour se joüoit d’elle.
Un jour, entre-autres, que la Belle
Dans un bois dormoit à l’écart,
Il s’y rencontra par hazard
Un Chevalier errant, grand chercheur d’avantures,
De ces sortes de gens que sur des palefrois
Les Belles suivoient autresfois
Et passoient pour chastes et pures.
Celuy-cy, qui donnoit à ses desirs l’essor,
Comme faisoient jadis Rogel[6]et Galaor,
N’eust veu la Princesse endormie,
Que de prendre un baiser il forma le dessein :
Tout prest à faire choix de la bouche ou du sein,
Il estoit sur le poinct d’en passer son envie,
Quand tout d’un coup il se souvint

Des loix de la chevalerie.
A ce penser il se retint,
Priant toutesfois en son ame
Toutes les puissances d’amour
Qu’il pust courir en ce sejour
Quelque avanture avec la Dame.
L’Infante s’éveilla surprise au dernier poinct.
Non non, dit-il, ne craignez point ;
Je ne suis geant ny sauvage,
Mais Chevalier errant, qui rends graces aux Dieux
D’avoir trouvé dans ce bocage
Ce qu’à peine on pourroit rencontrer dans les Cieux.
Aprés ce compliment, sans plus longue demeure
Il luy dit en deux mots l’ardeur qui l’embrasoit,
C’estoit un homme qui faisoit
Beaucoup de chemin en peu d’heure.
Le refrein fut d’offrir sa personne et son bras,
Et tout ce qu’en semblables cas
On a de coustume de dire
A celles pour qui l’on soûpire.
Son offre fut receuë, et la Belle luy fit
Un long Roman de son Histoire,
Supprimant, comme l’on peut croire,
Les six Galants. L’avanturier en prit
Ce qu’il crût à propos d’en prendre ;
Et comme Alaciel de son sort se plaignit,
Cet inconnu s’engagea de la rendre
Chez Zaïr ou dans Garbe, avant qu’il fust un mois.
Dans Garbe ? non, reprit-elle, et pour cause :
Si les Dieux avoient mis la chose
Jusques à present à mon choix,
J’aurois voulu revoir Zaïr et ma patrie.
Pourvu qu’Amour me preste vie,
Vous les verrez, dit-il. C’est seulement à vous
D’apporter remede à vos coups,
Et consentir que mon amour s’appaise :
Si j’en mourois (à vos bontez ne plaise)
Vous demeureriez seule, et, pour vous parler franc,
Je tiens ce service assez-grand,

Pour me flater d’une esperance
De recompense.
Elle en tomba d’accord, promit quelques douceurs,
Convint d’un nombre de faveurs
Qu’afin que la chose fust seure
Cette Princesse luy payroit,
Non tout d’un coup, mais à mesure
Que le voyage se feroit ;
Tant chaque jour, sans nulle faute.
Le marché s’estant ainsi fait,
La Princesse en croupe se met,
Sans prendre congé de son Hoste.
L’inconnu, qui pour quelque temps,
S’estoit défait de tous ses gens,
Les rencontra bien-tost. Il avoit dans sa troupe
Un sien neveu fort jeune, avec son Gouverneur.
Nôtre Heroine prend, en descendant de croupe,
Un palefroy. Cependant le Seigneur
Marche toûjours à costé d’elle,
Tantost luy conte une nouvelle,
Et tantost luy parle d’Amour,
Pour rendre le chemin plus court.

Avec beaucoup de foy le traité s’execute :
Pas la moindre ombre de dispute :
Point de faute au calcul, non plus qu’entre Marchands.
De faveur en faveur (ainsi contoient ces gens)
Jusqu’aux bords de la mer enfin ils arriverent,
Et s’embarquerent.
Cet element ne leur fut pas moins doux
Que l’autre avoit esté ; certain calme, au contraire,
Prolongeant le chemin, augmenta le salaire.
Sains et gaillards ils débarquerent tous
Au port de Joppe, et là se rafraischirent ;
Au bout de deux jours en partirent,
Sans autre escorte que leur train :
Ce fut aux Brigands une amorce :
Un gros d’Arabes en chemin

Les ayant rencontrez, ils cedoient à la force,
Quand nostre avanturier fit un dernier effort,
Repoussa les Brigands, receut une blessure
Qui le mit dans la sepulture,
Non sur le champ ; devant sa mort
Il pourveut à la Belle, ordonna du voyage,
En chargea son neveu, jeune homme de courage,
Luy leguant par mesme moyen
Le surplus des faveurs, avec son équipage
Et tout le reste de son bien.
Quand on fut revenu de toutes ces alarmes,
Et que l’on eut versé certain nombre de larmes,
On satisfit au Testament du mort ;
On paya les faveurs, dont enfin la derniere
Escheut justement sur le bord
De la frontiere.
En cet endroit le neveu la quitta,
Pour ne donner aucun ombrage,
Et le Gouverneur la guida
Pendant le reste du voyage.
Au Soudan il la presenta.
D’exprimer icy la tendresse,
Ou pour mieux dire les transports,
Que témoigna Zaïr en voyant la Princesse,
Il faudroit de nouveaux efforts,
Et je n’en puis plus faire : il est bon que j’imite
Phoebus, qui sur la fin du jour
Tombe d’ordinaire si court
Qu’on diroit qu’il se precipite.
Le Gouverneur aymoit à se faire écouter ;
Ce fut un passe-temps de l’entendre conter
Monts et merveilles de la Dame,
Qui rioit sans doute en son ame.
Seigneur, dit le bon Homme en parlant au Soudan,
Hispal estant party, Madame incontinent,
Pour fuir oisiveté, principe de tout vice,
Resolut de vacquer nuit et jour au service
D’un Dieu qui chez ces gens a beancoup de credit.

Je ne vous aurois jamais dit
Tous ses Temples et ses Chapelles,
Nommez pour la pluspart alcoves et ruelles.
Là les gens pour Idole ont un certain oiseau,
Qui dans ses portraits est fort beau,
Quoy qu’il n’ait des plumes qu’aux aisles.
Au contraire des autres Dieux,
Qu’on ne sert que quand on est vieux,
La jeunesse luy sacrifie.
Si vous sçaviez l’honneste vie
Qu’en le servant menoit Madame Alaciel,
Vous beniriez cent fois le Ciel
De vous avoir donné fille tant accomplie.
Au reste, en ces pays on vit d’autre façon
Que parmy vous ; les Belles vont et viennent :
Point d’Eunuques qui les retiennent ;
Les hommes en ces lieux ont tous barbe au menton.
Madame dés l’abord s’est faite à leur methode,
Tant elle est de facile humeur ;
Et je puis dire à son honneur
Que de tout elle s’accommode.

 Zaïr estoit ravy. Quelques jours écoulez,
La Princesse partit pour Garbe en grande escorte.
Les gens qui la suivoient furent tous regalez
De beaux presens : et d’une amour si forte
Cette Belle toucha le cœur de Mamolin,
Qu’il ne se tenoit pas. On fit un grand festin,
Pendant lequel, ayant belle audience,
Alaciel conta tout ce qu’elle voulut,
Dit les mensonges qu’il luy plut.
Mamolin et sa Cour écoutoient en silence.
La nuit vint : on porta la Reine dans son lit.
A son honneur elle en sortit :
Le Prince en rendit témoignage.
Alaciel, à ce qu’on dit,
N’en demandoit pas davantage.

Ce conte nous apprend que beaucoup de maris

Qui se vantent de voir fort clair en leurs affaires
N’y viennent bien souvent qu’aprés les favoris ;
Et, tout sçavans qu’ils sont, ne s’y connoissent gueres.
Le plus seur toutesfois est de se bien garder,
Craindre tout, ne rien hazarder.
Filles, maintenez-vous ; l’affaire est d’importance.
Rois de Garbe ne sont oyseaux communs en France.
Vous voyez, que l’Hymen y suit l’accord de prés :
C’est là l’un des plus grands secrets
Pour empêcher les avantures.
Je tiens vos amitiez fort chastes et fort pures ;
Mais Cupidon alors fait d’estranges leçons.
Rompez-luy toutes ses mesures :
Pourvoyez à la chose aussi bien qu’aux soupçons ;
Ne m’allez point conter : c’est le droit des garçons ;
Les garçons sans ce droit ont assez pour se prendre.
Si quelqu’une pourtant ne s’en pouvoit deffendre,
Le remede sera de rire en son mal-heur.
Il est bon de garder sa fleur ;
Mais pour l’avoir perdue, il ne se faut pas pendre.


  1. Les éditions originales portent toutes, mais à tort :
    Qu’on n’y puisse estre pris…
  2. Editions de 1666 et de 1668 :
    Un autre Conducteur eust peut-estre esté mieux.
  3. Edition de 1668 :
    En reniant Mahom, Jupin et Tarvagant.
  4. Edition de 1668 :
    Et grand ménageur de soûpirs.
  5. Edition de 1668 :
    L’Infante vint et vint comme il falloit.
  6. Ainsi dans les éditions originales ; Roger dans les éditions modernes.