Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre/Tome 1/La Rose

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LA ROSE[1]

Remerciements à MM. de la Société des Rosati.
Air : Résiste-moi, belle Aspasie !…


Je vois l’épine avec la rose[2],
Dans les bouquets que vous m’offrez (bis) ;

Et,[3] lorsque vous me célébrez,
Vos vers découragent ma prose.
Tout ce qu’on m’a dit de charmant,
Messieurs, a droit de me confondre :
La Rose est votre compliment,
L’Épine est la loi d’y répondre (bis),

Dans cette fête si jolie[4],
Règne l’accord le plus parfait (bis)[5],
On ne fait pas mieux un couplet,
On n’a pas de fleur mieux choisie.
Moi seul[6], j’accuse mes destins
De ne m’y voir pas à ma place ;
Car la Rose est[7] dans nos jardins[8]
Ce que nos vers sont au Parnasse[9].

À vos bontés, lorsque j’y pense,
Ma foi je n’y vois pas d’excès (bis) ;
Et le tableau de vos succès
Affaiblit ma reconnaissance[10],
Pour de semblables jardiniers,


Le sacrifice est peu de chose ;
Quand on est si riche en lauriers,
On peut bien donner une Rose (bis).




  1. Cette pièce est attribuée par J. A. Paris et par Victor Barbier (Les Rosati p. 68) à Beffroy de Reigny ; Arthur Dinaux et Jean-Bernard estiment qu’elle est bien l’œuvre de Maximilien Robespierre ; le manuscrit de cette chanson fut retrouvé dans les papiers de ce dernier, puis confié par Charlotte Robespierre à Laponneraye, pour la publication des œuvres complètes de son frère : Paris, chez Laponneraye, Œuvres précédées de considérations générales, par Armand Carrel, 1840, tome II, p. 480.

    Arthur Dinaux donne cette pièce (La société des Rosati d’Arras, p. 25), comme étant due à la plume de Maximilien Robespierre. M. J. A. Paris combat, en ces termes, cette opinion, à la page 178 de son ouvrage sur la Jeunesse de Robespierre : « On ne connaît que trop les discours de Robespierre, dit M. Arthur Dinaux, on ne sait presque rien de ses chansons. Nous avons retrouvé deux de ces innocentes œuvres chantées devant la société des Rosati ; la première, pour ainsi dire improvisée lors de sa réception, est un remerciement à ses confrères : elle a été publiée dans Les Mémoires de Charlotte Robespierre qui en avait conservé une copie de la main de son frère ; la seconde a été recueillie dans des feuilles volantes. » M. Dinaux cite ces deux pièces de vers. De la première, qu’il intitule la Coupe vide, il ne reproduit que trois strophes sur douze. La seconde

    Je vois l’épine avec la rose
    Dans le bouquet que vous m’offrez, etc.

    n’est pas de Robespierre ; sa sœur Charlotte s’est trompée en la lui attribuant. Elle a pour auteur M. Beffroy de Reigny. Nous lisons dans le procès-verbal inédit de la réception de l’auteur des Lunes du cousin Jacques : « J’avais invité M. de Reigny à diner avec quelques membres de l’Académie, dit M. de Fosseux. Nous avions aussi la noce de M. Taranget. Vers le dessert, une carrossée de Rosati arrivèrent : Charamond, Lenglet, Carré, Champmorin, Bergaigne et Carnot. — Dans une séance improvisée, on proclama Rosati M. Beffroy de Reigny. Mlle de Fosseux lui présenta la Rose, Mlle de Vacquerie le vin, Mlle de Noyelle le baiser. M. de Reigny nous fit le remerciement suivant :

    Je vois l’épine avec la rose
    Dans le bouquet que vous m’offrez. »

    La lecture de cette poésie permet de juger que ce n’est pas une simple improvisation hâtive.

    Disons enfin que cette pièce a été publiée, parmi les pièces justificatives, à la suite des Mémoires de Charlotte Robespierre, p. 136, dans Robespierre et les femmes, de M. H. Fleichsmann, p. 50 et suiv., et dans Quelques vers de Robespierre, de M. Jean-Bernard, p. 35.

  2.   Note (2) de la page précédente. Éd. Jean-Bernard, pas de virgule.
  3. Éd. Jean Bernard, pas de virgule
  4. Pas de virgule.
  5. Point et virgule.
  6. Éd. Dinaux, pas de virgule.
  7. Éd. Barbier, virgule.
  8. Virgule.
  9. Éd. Jean-Bernard : bis.
  10. Éd. Jean-Bernard et Barbier, point.