Œuvres complètes de Saint-Just/Tome 1/II. Discours sur les armements suspects

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Discours sur les armements suspects, Texte établi par Charles Vellay, Eugène Fasquelle, éditeur (L’Élite de la Révolution)Tome premier (p. 362-363).


II

DISCOURS SUR LES ARMEMENTS SUSPECTS


C’est encore à la tribune de la Société des Jacobins que Saint-Just prononça ce discours, dans la séance du dimanche 4 novembre 1792. Dans son numéro 295 (6 novembre 1792). le Journal des Débats et de la Correspondance de la Société des Jacobins le reproduit en ces termes :


Citoyens, je ne sais quel coup se prépare, mais tout remue, tout s’agite dans Paris : Paris regorge de soldats ; et c’est au moment où il s’agit de juger le ci-devant roi, où l’on veut perdre Robespierre, qu’on appelle tant d’hommes armés : cependant la république n’a plus à craindre des ennemis extérieurs ; nos soldats sont traînés au péril sans nécessité ; on trafique du sang des Français dans des rivages étrangers ; on veut nous faire admirer exclusivement des ministres, des généraux, des foudres de guerre. L’influence des ministres est si grande que, dès qu’ils paraissent dans l’assemblée, une voix perçante convertit en motion ce qu’ils n’ont pas dit encore… La cause de tous nos malheurs est dans notre situation politique : quand les gouvernements sont dissous, ils se remplissent de fripons, comme les cadavres de vers rongeurs… On propose des décrets d’accusation contre des représentants du peuple ; encore un moment, et l’on proposera de juger le peuple, et Barbaroux donnera des conclusions contre le souverain… Quel gouvernement que celui qui plante l’arbre de la liberté sur l’échafaud, et met la faulx de la mort entre les mains de la loi !… Je demande que le développement du système d’oppression soit toujours à l’ordre du jour ; j’invite les membres de cette société et les sociétés affiliées à dénoncer tous les traîtres, afin que tout l’empire exerce sa vigilance, et que toutes les trames soient facilement découvertes.