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Œuvres complètes de madame la marquise de Lambert/Texte entier

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ŒUVRES


DE MADAME


LA MARQUISE DE LAMBERT.
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NOTICE SUR MADAME LA MARQUISE DE LAMBERT.

LA marquise de Lambert, qui se nommait Anņe-Thérèse de Marguenat de Courcelles, était fille unique d’Etienne de Marguenat, seigneur de Courcelles, mattre ordinaire en la chambre des comptes, mort le 22 mai 1650 ; et de Monique Passart, morte le 21 juillet 1692, pour lors femme en secondes nôces de François le Coigneux, seigneur de la Rocheturpin et de Bachaumont, célèbre par son bel esprit.

Elle avait été mariée le 22 février 1666, avec Henri de Lambert, marquis de Saint-Bris, en Auxerrois, baron de Chitry et Augy, alors capitaine au régiment Royal, et depuis mestre de camp d’un régiment de cavalerie ; fait brigadier en 1674 ; maréchal de camp le 25 février 1677 ; Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/12 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/13 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/14 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/15 chez un libraire, et payer au prix qu’il voulut toute l’édition qu’il venoit de faire d’un autre ou vrage qu’on lui avoit dérobé.

Les qualités de l’ame, plus importantes et plus rares, surpassoient encore en elle les qualités de l’esprit. Elle étoit née courageuse, peu susceptible d’aucune crainte, si ce n’étoit sur la gloire ; incapable de se rendre aux obstacles dans une entreprise nécessaire ou vertueuse. Elle n’étoit pas seulement ardente à servir ses amis sans attendre leurs prières, ni l’exposition souvent humiliante de leurs besoins ; mais une bonne action à faire, même en faveur des personnes indifférentes, la tentoit toujours vivement ; et il falloit que les circonstances fussent bien contraires, si elle n’y succomboit pas. Quelques mauvais succès de ses générosités ne l’en avoient point corrigée, et elle étoit toujours également prète à hazarder de faire le bien. Elle fut fort infirme pendant tout le cours de sa vie. Ses dernières années furent accablées de souffrances, pour lesquelles son courage naturel n’eût pas suffi sans le secours de toute sa religion.

Enfin, elle décéda à Paris le 12 juillet 1735, dans la 86. année de son âge, généralement regrettée, à cause des grandes qualités de son cœur et de son esprit.

(Extrait du Mercure de France de 1733.)

ŒUVRES DE MADAME LA MARQUISE DE LAMBERT.


AVIS D’UNE MÈRE À SON FILS.

QUELQUES soins que l’on prenne de l’éducation des enfans, elle est toujours très-imparfaite : il faudroit, pour la rendre utile, avoir d’excellens Gouverneurs : et où les prendre ? A peine les Princes peuvent-ils en avoir, et se les conserver. Où trouve-t-on des hommes assez au-dessus des autres, pour être dignes de les conduire ? Cependant les premières années, sont précieuses puisqu’elles assurent le mérite des autres.

Il n’y a que deux temps dans la vie où la vérité se montre utilement à nous : dans la jeunesse, pour nous instruire, dans là vieillesse pour nous consoler. Dans le temps des passions la vérité nous abandonne.

Quoique deux hommes célebres[1] aient eu attention à votre éducation, par amitié pour Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/18 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/19 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/20 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/21 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/22 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/23 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/24 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/25 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/26 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/27 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/28 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/29 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/30 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/31 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/32 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/33 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/34 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/35 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/36 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/37 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/38 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/39 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/40 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/41 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/42 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/43 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/44 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/45 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/46 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/47 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/48 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/49 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/50 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/51 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/52 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/53 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/54 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/55 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/56 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/57 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/58 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/59 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/60 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/61 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/62 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/63

AVIS


D’UNE MÈRE À SA FILLE.
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faire sur vous, songez que ce sont gens payés pour servir vos foiblesses et votre orgueil.

Si par malheur, ma fille, vous ne suivez pas mes conseils, s’ils sont perdus pour vous, ils seront utiles pour moi : par ces préceptes, je me forme de nouvelles obligations. Ces réflexions me sont de nouvaux engagemens pour travailler à la vertu. Je fortifie ma raison, même contre moi, et me mets dans la nécessité de lui obéir ; ou je me charge de la honte d’avoir sû la connoître, et de lui avoir été infidèle.

Rien de plus humiliant, ma fille, que d’écrire sur des matières qui me rappellent toutes mes fautes en vous les montrant, je me dépouille du droit de vous reprendre, je me donne des armes contre’moi, et je vous permets d’en user si vous voyez que j’aie les vices opposés aux vertus que je vous recomande : car les conseils sont sans autorité, dès qu’ils ne sont pas soutenus par l’exemple.


TRAITE

DE L’AMITIE.


TRAITÉ DE L’AMITIÉ.

Vous me devez, Monsieur, une consolation pour la perte de notre amie. J’appelle perte, toute diminution dans l’amitié ; puisqu’ordinairement tout sentiment qui s’affoiblit, tombe. Je m’examine à la rigueur, et je crois mettre dans l’amitié plus qu’une autre : cependant tout échape, Je vous prie donc de me dire sans ménagement à qui je dois m’en prendre ; car il faut que mes plaintes aient un objet. Est-ce de moi ? est-ce de mes amies, ou des mœurs du tems ? Enfin. corrigez-moi où je manque ; consolez— moi si je perds.

Plus on avance dans la vie, et plus on sent le besoin que l’on a de l’amitié. A mesure que la raison se perfectionne, que l’esprit augmente en délicatesse, et que le cœur s’épure, plus le sentiment de l’amitié devient nécessaire. Voici ce que le loisir de ma solitude m’a fait penser sur ce sujet. Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/122 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/123 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/124 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/125 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/126 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/127 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/128 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/129 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/130 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/131 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/132 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/133 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/134 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/135 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/136 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/137 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/138 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/139 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/140 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/141 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/142 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/143 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/144

TRAITÉ


DE LA VIEILLESSE.

TRAITÉ DE LA VIEILLESSE.


On a donné aux hommes tous les secours nécessaires pour perfectionner leur raison, et leur apprendre la grande science du bonheur dans tous les temps de leur vie. Cicéron a fait un Traité de la Vieillesse, pour les mettre en état de tirer parti d’un âge où tout semble nous quitter. On ne travaille que pour les hommes : mais pour les femmes, dans tous les âges, on les abandonne à elles-mêmes : on néglige leur éducation dans la jeunesse ; dans la suite de leur vie, on les prive de soutien et d’appui pour leur vieillesse : aussi la plupart des femmes vivent sans attention et sans retour sur elles-mêmes : dans leur jeunesse elles sont vaines et dissipées ; et dans la vieillesse elles sont foibles et délaissées. Nous arrivons à chaque âge de la vie, sans savoir nous y conduire ni en jouir quand il est passé, nous voyons l’usage qu’on en pouvoit faire : mais comme les regrets sont inutiles, à moins qu’ils Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/148 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/149 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/150 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/151 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/152 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/153 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/154 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/155 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/156 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/157 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/158 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/159 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/160 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/161 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/162 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/163 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/164 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/165 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/166 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/167 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/168 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/169

Il faut regarder tous les biens qui sont hors de notre pouvoit comme étrangers. C’est parce que nous regardons les choses comme propres, et comme dues, que nous souffrons de leur privation : la seule impossibilité fixe l’esprit de l’homme les personnes sages s’occupent à considérer les bornes qui leur sont prescrites par la raison et la nature.

Enfin les choses sont en repos, lorsqu’elles sont à leur place : la place du cœur de l’homme est fe cœur de Dieu : lorsque nous sommes dans sa main, et que notre volonté est soumise à la sienne, nos inquiétudes cessent ; la soumission et l’ordre nous donnent la paix que notre révolte nous avoit ôtée : il n’y a point d’asyle plus sûr pour l’homme, que l’amour et la crainte de Dieu.


RÉFLEXIONS


NOUVELLES


SUR LES FEMMES.
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REFLEXIONS NOUVELLES

SUR LES FEMMES.

Xl a paru , depuis quelque tems , des Romans faits par des Daines , dont les Ouvrages sont aussi aimables qu’elles : Ton ne peut mieux les louer. Quelques personnes , au lieu d’en examiner les grâces j ont cherché à y jetter du ridicule. Il est derenu si redoutable , ce ridicule , qu’on le ^’•aint-^us que le deshonorant. U a tout déplacé , et met ou il lui plait la honte et la gloire^ Le laisserons-nous le maître et l’arbitre de notre réputation ? Je demande ce qu’il est ; on ne l’a point encore défini. U est purement arbitraire , et dépend plus de la disposition qui est en nous , c{ae de celle des objets. Il varie et relève , comme les modes , du seul caprice* U a pris le savoir en aversion. A peine le pardoiine-t-il à un petit iiombre d’hommes supérieurs en esprit ; mais pour ce qui est des personnes du grand monde ,

avoient en elles des qualités qui les pouvoient conduire à de grandes choses, comme l’imagination, la sensibilité, le goût : ce sont des présens qu’elles ont reçus de la nature. J’ai fait des réflexions sur chacune de ces qualités. Comme la sensibilité les domine, et qu’elle les porte naturellement à l’amour ; en passant par son temple, il a bien fallu lui payer tribut, et jeter quelques fleurs sur son autel. J’ai cherché si on ne pouvoit point se sauver des inconvéniens de l’amour, en séparant les vices des plaisirs, et jouir de ce qu’il a de meilleur. Jai donc imaginé une Métaphysique d’Amour : la pratiquera qui pourra.

Voilà l’histoire de mes idées ; si vous voulez, de mes égaremens. Je serois bien heureuse, si ayant les défauts qu’on reproche à Montaigne, je pouvois, comme lui, conduire ceux qui liront ce petit écrit dans le pays de la raison et du bon sens, quelquefois même dans celui des fleurs et des zéphyrs. Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/207

RÉFLEXIONS SUR LE GOUT.[2]

Tout le monde parle du Goût : on sait que l’esprit de goût est au-dessus des autres ; on sent donc tout le besoin qu’on a d’en avoir : cependant rien de moins connu que le Goût. Une Dame d’une profonde érudition a prétendu que c’étoit une harmonie, un accord de l’esprit et de la raison ; qu’on en a plus ou moins, selon que cette harmonie est plus juste. D’autres personnes ont cru que le Goût étoit une union du sentiment et de l’esprit ; que le Sentiment, averti par les objets sensibles, faisoit son rapport à l’esprit, (car tout parle à l’esprit) et que l’un et l’autre, d’intelligence, formoient le jugement. Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/210 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/211 chaque chose qu'un bon Goût, sans quoi rien ne peut plaire à un certain dégré.

Le Goût a pour objet l'agréable : la beauté a des règles, l'agréable n'en a point. Le beau sans l'agréable ne peut plaire; il tient au Goût : voilà pourquoi il plaît plus que le beat : il est arbitraire et variable comme lui. Le Goût est ce je ne sais quoi qu'on sent et qu'on ne peut dire, qui vous attire, et qui vous unit si intimément. Le Goût a un empire bien étendu, puisqu'il s’étend sur tout,

Jusqu'à présent on a défini le bon Goût, un usage établi par les personnes du grand monde, poli et spirituel. Je crois qu'il dépend de deux choses ; d'un sentiment très-délicat dans le cœur, et d'une grande justesse dans l'esprit.

LA FEMME


HERMITE.


LA FEMME HERMITE.

Nouvelle Nouvelle.

Adelaïde et ses amies, qui étoient venues voir Bellamirte à sa campagne, lui proposèrent un jour de faire mettre les chevaux au carrosse pour aller se promener. On étoit dans la saison où l’on peut sortir de bonne-heure. Elles allèrent dans une prairie qui est sur le bord de l’eau, au bout de laquelle est un grand bois. D’un côté du bois, est un rocher assez escarpé, sur lequel il y a un Hermitage ; et le rocher est bordé d’un ruisseau assez large, qui semble en défendre l’entrée. Ce ruisseau se forme d’un torrent, qui tombe de la montagne sur les rochers. Il y fait un bruit, et forme une cascade naturelle, qui, dans le sombre du bois, offre aux yeux le même agrément que les lieux les plus cultivés par l’art.

C’est ici ma promenade ordinaire, dit BellaPage:Lambert - oeuvres completes.djvu/216 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/217 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/218 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/219 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/220 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/221 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/222 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/223 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/224 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/225 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/226 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/227 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/228 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/229 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/230 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/231 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/232 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/233 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/234 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/235 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/236 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/237 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/238 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/239 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/240 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/241 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/242 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/243 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/244 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/245 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/246 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/247 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/248 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/249 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/250 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/251 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/252 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/253 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/254 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/255 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/256 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/257 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/258 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/259 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/260 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/261 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/262 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/263 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/264 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/265 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/266 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/267 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/268 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/269 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/270 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/271 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/272 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/273 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/274 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/275 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/276 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/277 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/278 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/279 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/280 mon état. Je fis un cri, n’en pouvant plus, et je lui dis : en voilà assen, ne m’en dites pas davantage. La violence que je m’étois faite avoit épuisé mes forces, de manière que je tombai évanouie, et je fus long-tems entre les bras de mes femmes sans pouvoir revenir. Enfin, pour mon malheur, elles me rendirent à la vie.

À peine commençois-je à ouvrir les yeux et à me soutenir, qu’un grand bruit se répandit dans la maison. Quelques-unes de mes femmes me quittèrent ; mais comme elles ne revenoient point, et que les cris redoubloient, je m’appuyai sur le bras d’une d’elles, et je marchai en tremblant vers le lieu d’où venoit le bruit. En entrant dans un vestibule, je vis quatre hommes qui en portoient un autre baigné dans son sang. Il tourna la tête, et je connus que c’étoit le prince. Je pensai m’arrêter ; mais faisant un effort, je suivis un si triste spectacle. On mit lo prince sur un lit de repos qui étoit dans une salle, et je fis signe aux domestiques qu’on allât cher cher du secours ; car à peine pouvois-je parler. Le prince, en me voyant, tourna : ses your mourans sur moi, et me dit : Je n’ai pû toucher votre cœur, ni vous prouver mon amour ; je meurs content, si : en expirant je puis vous. persuader, que vous n’avez jamais été aimée Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/282 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/283 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/284 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/285 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/286

RÉFLEXIONS


SUR


LES RICHESSES.
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Ils ont étouffé notre droit sous la force. Je m’en tiens donc à dire : que les femmes doivent s’interdire l’amour dans tous les temps ; mais infiniment davantage, quand elles ont passé la première jeunesse.

DISCOURS
SUR
LA DÉLICATESSE D’ESPRIT
ET DE SENTIMENT.


Il est de l’ordre de la nature, et peut-être de la justice de son économie, qu’elle charge ses bienfaits de conditions proportionnées à leur valeur. Honneurs, richesses, sentimens, repos même, tout est à prix ; et nous reconnoissons toujours, qu’elle nous a vendu bien cher ce que nous avions cru obtenir de sa pure libéralité.

Celle de ses faveurs qui paroît la plus douce, c’est la délicatesse. Elle découvre mille beautés, et rend sensible à mille douceurs qui échappent au vulgaire c’est un microscope, qui grossit pour cetain temps ce qui est imperceptible aux autres : elle fait l’assaisonnement de tous les plaisirs. Se pourroit-il que, nous procurant tant d’avantages, elle ne fut pas souhaitable ? Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/352 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/353 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/354 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/355 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/356 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/357 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/358 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/359 part des hommes ne sont pas assez élevés pour être outragés de la fortune, une sage retraite fait en leur faveur le même effet que la disgrace. On demande, quand doit-elle se faire ? Car il n’y a point d’action dans la vie, où il n’y ait un à-propos. Est-ce après quelque action brillante, pour mettre notre gloire en sûreté, et conserver la place qu’elle nous a donnée dans l’idée des hommes ? Mais pourquoi donner à la retraite le temps destiné à jouir ? Celui de la vieillesse lui est propre ; tous les goûts sont usés : il n’y a plus qu’à perdre à se montrer, et à faire voir sa décadence. On ne se transportera point à ce que vous avez été, c’est un travail : les hommes ne vous l’accorderont point, et l’on s’arrêtera au moment présent. Mais est-il sage de tant consulter les hommes ? Faut-il être toujours dans leur dépendance ? N’aurons-nous jamais le courage de nous rendre heureux selon nos goûts, s’ils sont innocens ? Faut-il toujours vivre d’opinion, et doit-elle nous servir de règle pour la conduite de notre vie ? Enfin, rien de si difficile que de bien entrer dans le monde, et d’en bien sortir.


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LETTRES
de Madame la MARQUISE DE LAMBERT.

LETTRE PREMIERE

Madame la marquise de Lambert à M. l’abbé de Choisy<ref> François Timoléon de Choisy, né en 1644, fut reçu de l’Académie en 1687, à la place du duc de Saint-Aignan, mort en 1724. Il est auteur de plusieurs histoires et de mémoires sur la cour. </ref, en lui envoyant les réflexions sur les femmes.


Voila, mon cher abbé, le petit ouvrage que vous m’avez fait faire. Je n’ai pas eu le temps de le perfectionner : des sentimens plus sérieux occupent mon ame, et des affaires plus importantes mon loisir. De plus, j’ai eu peine à rappeler des idées agréables depuis long-temps oubliées. Pour vous, qui les avez toujours présentes, et qui n’aPage:Lambert - oeuvres completes.djvu/364 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/365 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/366 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/367 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/368 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/369 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/370 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/371 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/372 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/373 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/374 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/375 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/376 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/377 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/378 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/379 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/380 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/381 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/382 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/383 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/384 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/385 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/386 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/387 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/388 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/389 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/390 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/391 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/392 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/393 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/394 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/395 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/396 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/397 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/398 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/399 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/400 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/401 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/402 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/403 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/404 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/405 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/406 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/407 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/408 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/409 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/410 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/411 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/412 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/413 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/414 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/415 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/416 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/417 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/418 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/419 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/420 Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/421 sailles, et moi malade, ou à la campagne. Tout ce qu’il nous montre ici est trouvé extrêmement. beau. Je lui rendrai tous les services qui dépen- dront de moi : il me paroît très-honnête homme. Je suis, monsieur, avec, etc.

La marquise de Lambert.
FIN.
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  1. Le P. Bonhours et le P. Cheminais !
  2. Quoique ces Reflexions soient en partie une répétition de ce qui est contenu dans les pages 167 et suivantes, des Reflexions sur les Femmes, on a cru que cet inconvénient étoit encore moindre que de se donner la liberté de retrancher quelque chose dans les Manuscrits qui ont été fournis.