Œuvres de Albert Glatigny/Chanson (Les Flèches d’or)

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Œuvres de Albert GlatignyAlphonse Lemerre, éditeur (p. 105-106).



Chanson.




Un soir tendre et mélancolique
Que nous serons seuls entre nous,
Seuls, ô mon aimée Angélique !
Je veux m’asseoir a vos genoux.

Mais lien avant dans la soirée,
Quand, du ciel devenu trop noir
La lune sera retirée,
Sans une étoile pour nous voir.



La flamme dansera dans l’âtre,
Folle et gaie, et nous baisserons
L’abat-jour au reflet bleuâtre
Juste à la hauteur de nos fronts.

Au dehors le vent et la grêle
Tambourineront sur les toits,
Et, le long de la vitre frêle
L’eau brisera ses filets froids.

Vous serez chaudement assise ;
Votre corps se pelotonnant
Dans une attitude indécise
Auprès du foyer rayonnant.

Je me coucherai sur la laine
Du tapis par vos pieds foulé,
Et je retiendrai mon haleine
Pour que nul pli ne soit troublé

Dans les plis divins de la soie
Qui baise votre sein charmant,
Puis je mettrai toute ma joie
À vous regarder longuement.

Et, comme une lente marée
Sous la lune au feu clair et doux,
Du fond de mon âme éclairée,
Mon amour montera vers vous.


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