Œuvres de Pierre Curie/09

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Texte établi par la Société Française de Physique, Gauthier-Villars (p. 33-34).

SUR

LES PHÉNOMÈNES PIÉZO-ÉLECTRIQUES.



Bulletin des séances de la Société française de Physique,
année 1887, p. 47.


M. P. Curie pense que la conductibilité, dans la théorie de M. Duhem, est une conductibilité fictive qui intervient comme un artifice de calcul. Prenons une tourmaline avec circuit extérieur conducteur réunissant ses extrémités ; en faisant varier la température du cristal, les phénomènes électriques sont absolument différents de ceux que l’on obtient en faisant naître et disparaître une force électromotrice dans le circuit extérieur.

M. Curie admet que les phénomènes pyro- et piézo-électriques ont une origine commune, la déformation du cristal. Mais il ne saurait admettre qu’ils soient identiques et que la compression n’agisse que comme producteur de chaleur. Les effets calorifiques mis en jeu par la compression sont beaucoup trop minimes pour expliquer le dégagement d’électricité observé. De plus, le dégagement d’électricité par pression est instantané, ce qui ne serait pas s’il fallait attendre le refroidissement du cristal.


M. Duhem répond que l’on sait, depuis M. Du Bois-Reymond et Gaugain, que les phénomènes produits dans le circuit extérieur d’une tourmaline sont identiques aux phénomènes produits dans le circuit extérieur d’une pile de grande force électromotrice et de grande résistance. Quant aux autres faits signalés par M. Curie, ils sont des conséquences de la théorie de M. Duhem.


M. Vaschy fait observer qu’il semble résulter des lois expérimentales connues que l’électrisation Q prise par un cristal est proportionnelle à son élévation de température (T′1 − T′0) et se maintient (sauf déperdition lente par conductibilité) lorsque la température finale T′1 devient uniforme dans le cristal. D’après M. Duhem, cette électrisation serait au contraire proportionnelle à la différence actuelle (T1 − T0) de température entre les faces et le milieu du cristal ; le maintien prolongé de la charge Q conduirait alors à admettre que la différence (T1 − T0) se maintient en réalité, alors qu’il semble que la température est devenue uniforme.


M. Duhem répond que la charge Q ne se maintient, après que la température est devenue uniforme, que dans les cristaux mauvais conducteurs ; il n’a envisagé que les substances conductrices.