Œuvres de Platon (trad. Cousin)/Tome IV/mémoire
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DE L’IMPRIMERIE DE LACHEVARDIÈRE FILS,
RUE DU COLOMBIER, No 30, A PARIS.
SOLDAT À 11 ANS,
TOUR A TOUR OFFICIER SUPÉRIEUR ET ADMINISTRATEUR
CIVIL ET MILITAIRE,
MINISTRE DE LA GUERRE DANS LES ÉVÈNEMENS DE 1821,
AUTEUR DE L’ÉCRIT INTITULÉ : DE LA RÉVOLUTION PIÉMONTAISE,
MORT AU CHAMP D’HONNEUR
LE 9 MAI 1825,
DANS L’ÎLE DE SPHACTÉRIE PRÈS NAVARIN,
EN COMBATTANT POUR L’INDÉPENDANCE DE LA GRÈCE.
L’INFORTUNÉ A ÉCHOUÉ DANS SES PLUS NOBLES DESSEINS.
UN CORPS DE FER, UN ESPRIT DROIT, LE CŒUR LE PLUS SENSIBLE,
UNE INÉPUISABLE ÉNERGIE,
L’ASCENDANT DE LA FORCE AVEC LE CHARME DE LA BONTÉ.
LE PLUS PUR ENTHOUSIASME DE LA VERTU
QUI LUI INSPIRAIT TOUR À TOUR UNE AUDACE OU UNE MODÉRATION
À TOUTE ÉPREUVE,
LE DÉDAIN DE LA FORTUNE ET DES JOUISSANCES VULGAIRES,
LA FOI DU CHRÉTIEN AVEC LES LUMIÈRES NOUVELLES,
LA LOYAUTÉ DU CHEVALIER MÊME DANS L’APPARENCE DE LA RÉVOLTE,LES TALENS DE L’ADMINISTRATEUR AVEC L’INTRÉPIDITÉ DU SOLDAT,
LES QUALITÉS LES PLUS OPPOSÉES ET LES PLUS RARES
LUI FURENT DONNÉES EN VAIN.
FAUTE D’UN THÉÂTRE CONVENABLE,
FAUTE AUSSI D’AVOIR BIEN CONNU SON TEMPS
ET LES HOMMES DE CE TEMPS,
IL A PASSÉ COMME UN PERSONNAGE ROMANESQUE,
QUAND IL Y AVAIT EN LUI UN GUERRIER ET UN HOMME D’ÉTAT.
MAIS NON, IL N’A PAS PRODIGUÉ SA VIE POUR DES CHIMÈRES ;
IL A PU SE TROMPER SUR LE TEMPS ET LES MOYENS,
MAIS TOUT CE QU’IL A VOULU S’ACCOMPLIRA.
NON : LA MAISON DE SAVOIE NE SERA POINT INFIDÈLE
À SON HISTOIRE,
ET LA GRÈCE NE RETOMBERA PAS SOUS LE JOUG MUSULMAN.
D’AUTRES ONT EU PLUS D’INFLUENCE
SUR MON ESPRIT ET MES IDÉES.
LUI, M’A MONTRÉ UNE ÂME HÉROÏQUE,
C’EST ENCORE À LUI QUE JE DOIS LE PLUS.
JE L’AI VU, ASSAILLI PAR TOUS LES CHAGRINS
QUI PEUVENT ENTRER DANS LE CŒUR D’UN HOMME,
PROSCRIT, DÉPOUILLÉ, CONDAMNÉ A MORTUN INSTANT MÊME MÉCONNU ET CALOMNIÉ PAR LA PLUPART DES SIENS,
SÉPARÉ À JAMAIS DE SA FEMME ET DE SES ENFANS,
PORTANT LE POIDS DES AFFECTIONS LES PLUS NOBLES
ET LES PLUS TRISTES,
SANS AVENIR, SANS ASILE, ET PRESQUE SANS PAIN
TROUVANT LA PERSÉCUTION OÙ IL ÉTAIT VENU CHERCHER UN ABRI,
ARRÊTÉ, JETÉ DANS LES FERS,
INCERTAIN S’IL NE SERAIT PAS LIVRÉ À SON GOUVERNEMENT,
C’EST-A-DIRE À L’ÉCHAFAUD ;
ET JE L’AI VU NON-SEULEMENT INÉBRANLABLE,
MAIS CALME, JUSTE, INDULGENT,
S’EFFORÇANT DE COMPRENDRE SES ENNEMIS
AU LIEU DE LES HAÏR,
EXCUSANT L’ERREUR, PARDONNANT À LA FAIBLESSE,
S’OUBLIANT LUI-MÊME, NE PENSANT QU’AUX AUTRES,
COMMANDANT LE RESPECT À SES JUGES,
INSPIRANT LE DÉVOUMENT À SES GEOLIERS ;
ET QUAND IL SOUFFRAIT LE PLUS,
CONVAINCU QU’UNE ÂME FORTE FAIT SA DESTINÉE,
ET QU’IL N’Y A DE VRAI MALHEUR QUE DANS LE VICE
ET DANS LA FAIBLESSE,
TOUJOURS PRÊT À LA MORT, MAIS CHÉRISSANT LA VIE,
PAR RESPECT POUR DIEU ET POUR LA VERTU
VOULANT ÊTRE HEUREUX,
ET L’ÉTANT PRESQUELA VIVACITÉ ET LA SOUPLESSE DE SON IMAGINATION,
ET L’IMMENSE SYMPATHIE DE SON CŒUR.
TEL FUT SANTA ROSA.
Ô TOI QUE J’AI RENCONTRÉ TROP TARD, QUE J’AI PERDU SI VITE
QUE J’AI PU AIMER
TOUJOURS SANS BORNES ET TOUJOURS SANS REGRET,
PUISQUE C’EST MOI QUI TE SURVIS,
Paris, ce 15 août 1827.