Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Belles, le ciel a fait
Apparence
XI[1]
Belles, le ciel a fait pour les mâles cerveaux
L’infatigable étude et les doctes travaux.
Pour vous sont les talents aimables et faciles.
Ô le sinistre emploi pour les grâces badines[2]
De poursuivre une sphère en ses cercles nombreux,
Ou du sec A plus B les sentiers ténébreux !
Quelle bouche immolée à leurs phrases si dures
Aura jamais la nuit les suaves murmures,
Et pourra s’amollir à soupirer : mon cœur,
Mon âme, et tous ces noms d’amoureuse langueur ?