Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/D’un cœur moins agité

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Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 2 (p. 220-221).


XIV[1]


D’un cœur moins agité la mère chaque jour,
Du soigneux Esculape attendant le retour,

Avec moins de terreur et moins de défiance
Consulte ses regards, ses discours, son silence.
— Ô sois heureux ! Sur toi que les dieux bienfaisants
Versent tout ce qu’ils ont de plus riches présents !
....................
Et si ton lit connut les dons de l’hyménée,
Que tes fils, à travers les biens et les douceurs,
D’une longue vieillesse atteignent les honneurs ;
Que longtemps, de leur père antique et vénérable,
Leur cohorte brillante environne la table
Mortel égal aux dieux, dont les savantes mains
Font obéir la vie aux désirs des humains,
Tu reprends au tombeau son innocente proie ;
Dans la maison du deuil tu ranimes la joie ;
D’un corps débile et lent tu chasses les douleurs,
Dans les yeux maternels tu sais tarir les pleurs.

  1. Édition de G. de Chénier.