ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ/Avant-Propos

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ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ. Essai sur la notion de théorie physique de Platon à Galilée
Librairie scientifique A. Hermann (p. 1-2).



ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ


Essai sur la notion de Théorie physique

de Platon à Galilée


Avant-propos.

Quelle est la valeur de la théorie physique ? Quelles relations a-t-elle avec l’explication métaphysique ? Ce sont questions fort agitées de nos jours. Mais, comme tant d’autres questions, elles ne sont point nouvelles ; elles sont de tous les temps ; depuis qu’il existe une science de la Nature, elles sont posées ; si la forme qu’elles revêtent change quelque peu d’un siècle à l’autre, parce qu’elles empruntent cette forme variable à la science du moment, il suffit d’écarter ce vêtement pour reconnaître qu’elles demeurent essentiellement identiques à elles-mêmes.

La science de la Nature nous offre, jusqu’au XVIIe siècle, fort peu de parties qui aient progressé au point de constituer des théories exprimées en langage mathématique, et dont les prévisions, numériquement évaluées, puissent être comparées aux mesures fournies par des observations précises. La Statique que l’on nomme alors Scientia de ponderibus, la Catoptrique que l’on range dans ce que l’on appelle la Perspective et qui est notre moderne Optique, ont à peine atteint ce degré de développement. Si nous laissons de côté ces deux chapitres restreints, nous ne rencontrons devant nos yeux qu’une science dont la forme, déjà fort achevée, fasse prévoir l’allure de nos modernes théories de Physique mathématique ; cette science, c’est l’Astronomie. Là donc où nous disons : La théorie physique, les sages hellènes ou musulmans, les savants du Moyen-Age et de la Renaissance disaient : L’Astronomie.

Les autres parties de l’étude de la Nature n’avaient pas encore atteint ce degré de perfectionnement où le langage mathématique sert à exprimer les lois découvertes par des expériences précises ; la Physique positive, science à la fois mathématique et expérimentale, ne s’était pas encore séparée de l’étude métaphysique du Monde matériel, de la Cosmologie. Nous parlerions donc aujourd’hui de Métaphysique en une foule de circonstances où les anciens prononçaient le mot Physique.

Voilà pourquoi cette question tant agitée aujourd’hui : Quelles sont les relations de la Théorie physique et de la Métaphysique ? a été, pendant deux-mille ans, formulée de la manière suivante : Quelles sont les relations de l’Astronomie et de la Physique ?

Nous voudrions passer rapidement en revue les réponses qui ont été données à cette question par la pensée hellène, par la science sémitique, par la Scolastique chrétienne du Moyen-Âge, enfin par les astronomes de la Renaissance.

D’autres, marchant avant nous dans cette direction, nous ont frayé le chemin. Nous n’aurons garde d’oublier ici les noms de Th. H. Martin[1], de M. Giovanni Schiaparelli[2], de M. Paul Mansion[3]. Aux textes sur lesquels ces auteurs ont appelé l’attention, nous en joindrons bon nombre d’autres ; ils permettront, croyons-nous, de reconstituer assez exactement l’idée que les sages, de Platon à Galilée, se sont faite de la théorie physique.

  1. Th. H. Martin, Mémoires sur l’histoire des hypothèses astronomiques chez les Grecs et chez les Romains ; Première partie : Hypothèses astronomiques des Grecs avant l’époque Alexandrine; ch. V, § 4 (Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles lettres, t. XXX, 2e partie).
  2. Giovanni Schiaparelli, Origine del Sistema planetario eliocentrico presso i Greci, ch. VI e appendice [Memorie del Instituto Lombardo di Scienze e Lettere ; Classe di Scienze matematiche i naturali ; vol. XVIII (Série III, vol. IX), 17 mars 1898].
  3. P. Mansion, Note sur le caractère géométrique de l’ancienne Astronomie (Abhandlungen zur Geschichte der Mathematik, Bd. IX, 1899).